📚 Objectif
À partir du milieu des années 1970, la France entre dans une période de crise économique durable qui bouleverse la société. Le plein emploi des Trente Glorieuses disparaît, le chômage s’installe et les inégalités s’accroissent. Sous la Ve République (cinquième République), l’État, fort de ses institutions, joue un rôle central pour tenter de répondre à cette crise, d’abord sous Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), puis sous François Mitterrand (élu en 1981). Comment la République fait-elle face à ces nouveaux défis économiques, sociaux et politiques ?
La crise économique : chômage et nouvelles inégalités
Le premier choc pétrolier de 1973 marque la fin de la croissance continue des Trente Glorieuses. Le prix du pétrole quadruple, ce qui entraîne une récession, c’est-à-dire un ralentissement durable de l’activité économique. Les entreprises réduisent leur production et licencient du personnel. Le chômage de masse, qui désigne une situation où une grande partie de la population active est sans emploi pendant une longue période, apparaît alors. Plus d’un million de Français sont sans travail en 1977, et ce chiffre dépasse les deux millions dans les années 1980.
Le second choc pétrolier de 1979 aggrave encore la situation et confirme la fin du cycle de croissance. La production industrielle baisse, les faillites d’entreprises se multiplient et la dette publique s’alourdit. Cette crise touche particulièrement les ouvriers et les jeunes : les premiers sont victimes des fermetures d’usines, tandis que les seconds rencontrent des difficultés pour entrer sur le marché du travail.
Les travailleurs immigrés, nombreux à avoir participé à la reconstruction et à la croissance des décennies précédentes, sont parmi les plus touchés. La suspension de l’immigration de travail, décidée en 1974, n’empêche pas la poursuite des arrivées familiales : la réunification familiale, autorisée en 1976, permet à de nombreuses familles de s’installer durablement en France.
Les inégalités s’accroissent aussi entre les régions : les anciennes zones industrielles comme le Nord ou la Lorraine se dépeuplent, tandis que les grandes métropoles tertiaires (Paris, Lyon, Marseille) concentrent les emplois et les richesses.
🤔 Question pour toi : Quelles sont les principales conséquences sociales de la crise économique des années 1970 ?
✅ Réponse : L’apparition du chômage de masse, la montée de la précarité et le creusement des inégalités sociales et régionales.
À retenir
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 mettent fin aux Trente Glorieuses. La récession et le chômage de masse bouleversent la société française, accentuant les inégalités et les tensions sociales.
Les réponses de l’État : solidarité et politiques sociales
Sous la Ve République (cinquième République), l’État conserve un rôle central dans la gestion de la crise, mais les réponses diffèrent selon les présidents. Sous Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), la priorité est donnée à la modernisation économique et à la stabilisation monétaire, tandis que sous François Mitterrand (à partir de 1981), la politique initiale de relance par la dépense publique cède rapidement la place à la rigueur budgétaire pour maîtriser l’inflation et la dette.
Face à la crise, l’État cherche à préserver la solidarité nationale. Sous Giscard d’Estaing, les allocations chômage sont renforcées, le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) revalorisé et de nouvelles aides au logement créées. Mitterrand, dès son élection en 1981, lance une politique de relance : nationalisation (prise de contrôle par l’État d’entreprises privées) de grandes sociétés, augmentation des salaires et développement des protections sociales. Cependant, le tournant de la rigueur en 1983 marque un retour à la prudence économique pour freiner l’inflation et stabiliser la monnaie.
La République renouvelle aussi sa politique sociale : en 1988, la création du RMI (revenu minimum d’insertion), une aide financière pour les personnes sans ressources assortie d’un accompagnement vers l’emploi, incarne une nouvelle approche de la solidarité. Ce dispositif vise à assurer un revenu de base tout en favorisant la réinsertion dans la société.
Parallèlement, l’État encourage la reconversion industrielle et la formation dans les nouvelles filières : télécommunications, électronique et services. Cette transition s’inscrit dans le contexte de la mondialisation, c’est-à-dire l’ouverture croissante des économies et des échanges à l’échelle mondiale, qui oblige la France à adapter sa production et sa politique sociale à la concurrence internationale.
🤔 Question pour toi : Quelles mesures l’État met-il en place pour faire face à la crise sociale ?
✅ Réponse : Des aides sociales renforcées, une politique de rigueur pour stabiliser l’économie et la création du RMI pour lutter contre la grande pauvreté.
À retenir
Sous la Ve République, l’État reste l’acteur central face à la crise : réformes sociales, rigueur économique et politiques de solidarité traduisent une adaptation progressive du modèle français à la mondialisation.
Immigration, intégration et tensions identitaires
La crise économique change le regard sur l’immigration. Après la suspension de l’immigration de travail en 1974, la réunification familiale de 1976 permet à de nombreuses familles immigrées de rester durablement en France. Leurs enfants grandissent, vont à l’école et deviennent citoyens français, mais les difficultés d’intégration demeurent dans certains quartiers populaires touchés par le chômage et la précarité.
Les pouvoirs publics développent des politiques d’intégration : scolarisation des enfants, apprentissage du français, lutte contre les discriminations. Dans les années 1980, des mouvements citoyens se mobilisent : la marche pour l’égalité et contre le racisme (1983) puis la création de SOS Racisme en 1984, avec le slogan « Touche pas à mon pote », symbolisent une volonté d’égalité et de fraternité républicaine.
Mais cette période voit aussi la montée des tensions identitaires. Le Front national (FN), fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, connaît ses premiers succès électoraux lors des élections européennes de 1984. Ce parti d’extrême droite, qui associe crise économique et immigration, exploite les inquiétudes sociales pour diffuser un discours nationaliste, révélant la fragilisation du modèle républicain d’intégration.
🤔 Question pour toi : Pourquoi la question de l’immigration devient-elle centrale dans les années 1980 ?
✅ Réponse : Parce que la crise économique rend l’intégration plus difficile et alimente les tensions sociales et politiques autour de la place des immigrés en France.
À retenir
La crise économique transforme la politique migratoire : l’immigration devient familiale et durable, tandis que la montée du Front national illustre les divisions d’une société fragilisée par le chômage et les inégalités.
Une société en mutation : nouveaux acteurs et nouvelles solidarités
La crise économique et sociale des années 1970-1980 s’accompagne d’une transformation du monde du travail. Le secteur tertiaire — c’est-à-dire les emplois de services, du commerce et de l’administration — devient majoritaire dans l’emploi, tandis que l’industrie décline. Le chômage de longue durée et la précarité redéfinissent le rapport au travail et à la solidarité.
Les femmes, les jeunes et les immigrés deviennent des acteurs centraux d’une société plus diverse mais aussi plus inégale. Les syndicats et les associations, soutenus par les politiques publiques, défendent les valeurs de solidarité, d’égalité et de justice sociale qui fondent la République. Ces transformations annoncent une nouvelle étape : celle d’une société ouverte sur le monde, mais confrontée aux défis de la mondialisation et de la cohésion nationale.
🤔 Question pour toi : Quels sont les principaux défis de la France à la fin des années 1980 ?
✅ Réponse : Le chômage durable, la montée des inégalités, les tensions identitaires et la nécessité de préserver la solidarité républicaine.
À retenir
La société française des années 1980 se transforme sous l’effet de la crise : diversification des emplois, montée du tertiaire et nouvelles politiques sociales redéfinissent le modèle républicain.
💪 Entraînons-nous !
💰 Quel événement marque le début de la crise économique en France ?
✅ Réponse : Le premier choc pétrolier de 1973.
📉 Quel second événement aggrave la récession ?
✅ Réponse : Le second choc pétrolier de 1979.
🏠 Quelle mesure sociale majeure est créée en 1988 ?
✅ Réponse : Le RMI (revenu minimum d’insertion).
🌍 Que signifie le terme « mondialisation » ?
✅ Réponse : L’ouverture croissante des échanges économiques, culturels et financiers à l’échelle mondiale.
✊ Quelle association lutte contre le racisme à partir de 1984 ?
✅ Réponse : SOS Racisme, avec le slogan « Touche pas à mon pote ».
⚠️ Quel parti politique d’extrême droite gagne en influence en 1984 ?
✅ Réponse : Le Front national (FN), fondé par Jean-Marie Le Pen.
Conclusion
Sous la Ve République (cinquième République), la France affronte entre 1973 et 1988 une crise économique et sociale durable. Le chômage de masse, la récession et la montée des inégalités obligent l’État à adapter ses politiques.
Les présidences de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand incarnent deux approches successives : modernisation prudente, puis relance suivie de rigueur. Face aux défis de la mondialisation et à la montée des tensions identitaires, la République réaffirme ses valeurs de solidarité, d’égalité et de fraternité.
La création du RMI (revenu minimum d’insertion) et la lutte contre les discriminations témoignent de cette volonté. Cependant, la progression du Front national (FN) rappelle que la crise n’est pas seulement économique : elle touche aussi le lien social et politique, invitant la République à défendre sans relâche son idéal d’unité et de justice.
