📚 Objectif
En 1936, les Français élisent un gouvernement d’union de la gauche dans un climat d’espoir et de tensions. Face à la montée du fascisme et à la crise économique, le Front populaire, mené par Léon Blum, promet de défendre la démocratie et d’améliorer la vie des travailleurs. Comment cette expérience politique a-t-elle tenté de répondre à la crise et de préserver la République menacée ?
La France en crise dans les années 1930
Depuis la crise économique mondiale de 1929, la France connaît un profond bouleversement. Cette crise commence aux États-Unis, avec l’effondrement de la Bourse de New York, et se propage rapidement à l’Europe. Les banques font faillite, les entreprises ferment, le commerce international s’effondre et des millions de personnes perdent leur emploi. En France, les conséquences sont plus tardives mais réelles : chômage, baisse des salaires et pauvreté.
Sur le plan politique, la République paraît affaiblie : les gouvernements se succèdent sans stabilité, et une partie de la population perd confiance dans la démocratie. Dans ce contexte apparaissent des mouvements d’extrême droite appelés ligues, comme les Croix-de-Feu ou l’Action française. Hostiles à la démocratie parlementaire, ces ligues s’inspirent du fascisme italien et du nazisme allemand. Le 6 février 1934, leurs manifestations à Paris dégénèrent en émeute : on craint alors une tentative de coup d’État. En réaction, la gauche s’unit pour défendre la République.
🤔 Question pour toi : pourquoi les ligues inquiètent-elles les républicains ?
✅ Réponse : parce qu’elles rejettent la démocratie et s’inspirent des régimes fascistes étrangers.
À retenir
Dans une France affaiblie par la crise économique et sociale, la montée de l’extrême droite fait craindre la fin de la démocratie. La gauche décide de s’unir pour la défendre.
La victoire du Front populaire et les réformes sociales
En 1935, les partis de gauche — radicaux, socialistes et communistes — forment une alliance électorale appelée Front populaire, unie autour du mot d’ordre : « Pain, paix, liberté ». Les communistes ne participent pas au gouvernement, mais ils soutiennent Léon Blum à l’Assemblée nationale, ce qui permet à la coalition de gouverner. Leur programme promet des réformes sociales, la lutte contre le chômage et la défense des libertés.
Aux élections législatives de mai 1936, le Front populaire remporte la majorité des sièges à l’Assemblée. Léon Blum, chef du parti socialiste (SFIO), devient président du Conseil. Cette victoire déclenche un immense espoir populaire. Dans tout le pays, des grèves joyeuses éclatent spontanément dans les usines : les ouvriers occupent leurs lieux de travail et réclament des droits nouveaux.
Pour répondre à ces revendications, le gouvernement réunit syndicats ouvriers et patrons et conclut, le 7 juin 1936, les Accords de Matignon, qui servent de cadre à la négociation des grandes réformes sociales :
Les conventions collectives, qui fixent les salaires et conditions de travail par accord entre patrons et ouvriers.
La semaine de 40 heures pour limiter la fatigue et partager le travail.
Les deux semaines de congés payés pour tous les salariés.
L’augmentation générale des salaires.
La création d’un Office du blé pour soutenir les agriculteurs.
Ces mesures améliorent la vie quotidienne de millions de Français et renforcent le sentiment de justice sociale. Le gouvernement de Blum interdit aussi les ligues d’extrême droite, mettant fin à leur influence violente et affirmant la défense de la République.
🤔 Question pour toi : quelles sont les principales réformes du Front populaire ?
✅ Réponse : les congés payés, la semaine de 40 heures, la hausse des salaires et la signature des Accords de Matignon.
À retenir
Le Front populaire améliore les conditions de vie et de travail des Français. Il incarne un moment d’espoir, de solidarité et de progrès social, tout en consolidant la démocratie face aux menaces fascistes.
Les limites et la fin du Front populaire
Malgré ses succès, le gouvernement Blum se heurte à de nombreuses difficultés. Les chefs d’entreprise et la droite dénoncent les grèves et accusent le gouvernement d’affaiblir l’économie. Les réformes coûtent cher, la production ralentit, et la crise internationale — marquée par la guerre d’Espagne (1936-1939) et les tensions en Europe — inquiète l’opinion.
En 1937, Blum suspend les réformes pour stabiliser la situation économique, mais il perd le soutien d’une partie de la gauche. En 1938, le Front populaire se désunit : la coalition éclate et Blum démissionne. Cependant, malgré sa courte durée, l’expérience du Front populaire laisse un héritage durable.
Elle prouve que la démocratie française peut résister face aux menaces autoritaires et répondre à la détresse sociale sans renoncer à ses valeurs. Les réformes sociales de 1936 marquent profondément la société française et deviennent des symboles de justice et de progrès.
🤔 Question pour toi : pourquoi le Front populaire a-t-il pris fin rapidement ?
✅ Réponse : à cause des difficultés économiques, des divisions politiques et des tensions internationales.
À retenir
Le Front populaire échoue à durer, mais il reste un moment clé où la démocratie française a su résister à la crise et affirmer ses valeurs sociales et républicaines.
💪 Entraînons-nous !
🕰️ Quand le Front populaire remporte-t-il les élections législatives ?
✅ Réponse : En mai 1936.
👨🏫 Qui dirige le gouvernement du Front populaire ?
✅ Réponse : Léon Blum, chef du parti socialiste.
⚒️ Que sont les Accords de Matignon ?
✅ Réponse : Des accords signés le 7 juin 1936 entre syndicats, patronat et gouvernement, qui ont permis d’adopter les grandes réformes sociales.
⚖️ Pourquoi le Front populaire est-il un symbole de résistance démocratique ?
✅ Réponse : Parce qu’il a défendu la République, interdit les ligues d’extrême droite et amélioré la vie du peuple dans un contexte de crise et de montée du fascisme.
Conclusion
Le Front populaire représente un tournant majeur de l’histoire sociale et politique française. En réponse à la crise des années 1930 et à la menace fasciste, Léon Blum et son gouvernement ont su unir les forces démocratiques et instaurer des réformes durables. Bien que de courte durée, cette expérience prouve que la République peut affronter la crise sans renoncer à la liberté, à la justice et à la solidarité.