📚 Objectif
En 1958, la France traverse une grave crise politique et coloniale. Les institutions de la IVe République (la Quatrième République,1946-1958), affaiblies par l’instabilité ministérielle, ne parviennent plus à gouverner efficacement. C’est dans ce contexte que Charles de Gaulle revient au pouvoir et fonde un nouveau régime. Comment la Ve République (la Cinquième République), née en 1958, a-t-elle permis de renforcer l’autorité de l’État tout en maintenant les principes démocratiques ?
La crise de 1958 : la fin de la IVe République
Sous la IVe République, la France connaît une succession rapide de gouvernements — plus de vingt entre 1946 et 1958 — en raison de la prépondérance du Parlement. Cette instabilité politique rend l’action gouvernementale difficile. Elle s’ajoute à une crise coloniale majeure, la guerre d’Algérie commencée en 1954, qui divise profondément le pays et met en péril les institutions.
Le 13 mai 1958, à Alger, des militaires et des partisans de l’Algérie française s’emparent du pouvoir local et réclament le retour de Charles de Gaulle, seul homme jugé capable de sauver la situation. En métropole, la crainte d’un coup d’État pousse les responsables politiques à rappeler De Gaulle. Le 1er juin 1958, il devient président du Conseil (Premier ministre) et obtient les pleins pouvoirs pour six mois, ainsi que la mission de rédiger une nouvelle Constitution. L’incapacité du régime à gouverner face à la crise politique et à la crise algérienne provoque ainsi la chute de la IVe République.
🤔 Question pour toi : Quelle situation provoque la chute de la IVe République ?
✅ Réponse : La combinaison d’une crise politique (instabilité ministérielle) et d’une crise algérienne, qui révèle l’incapacité du régime à gouverner efficacement.
À retenir
En 1958, la France est en crise. Le retour de Charles de Gaulle met fin à la IVe République et ouvre la voie à un nouveau régime politique, plus fort et plus stable.
La Constitution de 1958 : fonder un nouveau régime
Charles de Gaulle confie la rédaction de la nouvelle Constitution à Michel Debré (né en 1912 à Paris, juriste et homme politique), alors membre du Conseil d’État, institution chargée de conseiller le gouvernement sur les textes de loi. Sous sa direction, le texte est élaboré au sein du Conseil d’État avant d’être soumis au gouvernement. La Constitution de la Ve République est adoptée par référendum le 28 septembre 1958 : plus de 79 % des Français votent « oui ». Elle est promulguée le 4 octobre 1958.
Le texte rééquilibre les pouvoirs entre le Parlement et le gouvernement pour éviter les excès du régime précédent. Il introduit plusieurs innovations institutionnelles majeures, dont la création du Conseil constitutionnel, chargé de vérifier la conformité des lois avec la Constitution et de garantir le respect de la séparation des pouvoirs.
Cette nouvelle Constitution renforce le pouvoir exécutif, exercé par un Président de la République et un Premier ministre, tout en maintenant le principe démocratique. Le Président devient la clé de voûte du régime — expression signifiant qu’il en est l’élément central — : il nomme le Premier ministre, peut dissoudre l’Assemblée nationale, propose des lois au référendum et dispose de pouvoirs exceptionnels en cas de crise. Le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) conserve le vote des lois et le contrôle du gouvernement, mais il ne peut plus faire tomber les ministres à répétition comme sous la IVe République.
🤔 Question pour toi : Quel est l’objectif principal de la Constitution de 1958 ?
✅ Réponse : Renforcer l’efficacité du pouvoir exécutif pour éviter l’instabilité politique, tout en maintenant la démocratie parlementaire.
À retenir
La Constitution de 1958 instaure la Ve République. Elle renforce l’autorité de l’État et le rôle du président tout en maintenant la séparation des pouvoirs, la souveraineté du peuple et le contrôle parlementaire.
Le rôle du référendum et du suffrage universel direct
La Ve République accorde une grande place au référendum, instrument de démocratie directe qui permet au peuple de s’exprimer sans passer par le Parlement. De Gaulle y recourt à plusieurs reprises pour légitimer ses décisions : en 1961, sur l’autodétermination de l’Algérie, et surtout en 1962, pour faire adopter une réforme majeure. Cette année-là, il propose que le Président de la République soit élu au suffrage universel direct et non plus par un collège d’électeurs.
Malgré l’opposition du Parlement, le référendum du 28 octobre 1962 est approuvé par 62 % des Français. Désormais, le président tire directement sa légitimité du peuple, ce qui renforce considérablement son autorité. Les politistes qualifient souvent la Ve République de « régime semi-présidentiel », mais le texte constitutionnel parle officiellement d’un « régime parlementaire à exécutif renforcé ». Le président devient l’arbitre et le garant des institutions, mais il n’est pas un monarque républicain : lors des périodes de cohabitation, lorsque la majorité parlementaire est opposée à lui, c’est le Premier ministre qui dirige la politique intérieure tandis que le président conserve la conduite des affaires étrangères et de la défense.
🤔 Question pour toi : Que change le référendum de 1962 ?
✅ Réponse : Il instaure l’élection du président de la République au suffrage universel direct, ce qui renforce sa légitimité et transforme l’équilibre des institutions.
À retenir
Le référendum devient un instrument essentiel de la Ve République. L’élection du président au suffrage universel en 1962 renforce le lien entre le peuple et le chef de l’État, tout en maintenant le rôle du Parlement et du Premier ministre dans la vie démocratique.
Une République stable et démocratique
La Ve République met fin à l’instabilité politique qui caractérisait les régimes précédents. Le pouvoir exécutif est désormais fort et capable de gouverner durablement : les présidents disposent d’un mandat long (initialement 7 ans, réduit à 5 ans depuis 2000) et d’un rôle déterminant dans la conduite de la politique nationale et internationale.
Cependant, la démocratie reste garantie : le Parlement vote les lois, les citoyens élisent leurs représentants et participent régulièrement à des référendums. Le Conseil constitutionnel, nouvelle institution créée en 1958, veille au respect de la Constitution et protège les libertés fondamentales.
Ce nouvel équilibre entre autorité et démocratie permet à la France de surmonter la crise algérienne et d’entrer dans une période de stabilité politique durable. Le régime mis en place par De Gaulle demeure encore aujourd’hui celui de la France contemporaine.
🤔 Question pour toi : En quoi la Ve République est-elle plus stable que la IVᵉ République ?
✅ Réponse : Parce qu’elle renforce le pouvoir exécutif, limite l’instabilité parlementaire et donne au président un rôle central, tout en maintenant les principes démocratiques.
À retenir
La Ve République établit un régime stable et efficace. Le pouvoir exécutif, désormais fort et légitime, agit dans le cadre d’institutions démocratiques qui assurent la séparation des pouvoirs et la participation du peuple.
💪 Entraînons-nous !
⚖️ Quelle est la date d’adoption de la Constitution de la Ve République ?
✅ Réponse : Le 28 septembre 1958, par référendum.
👑 Depuis quand le président de la République est-il élu au suffrage universel direct ?
✅ Réponse : Depuis le référendum du 28 octobre 1962.
📜 Quel était le principal problème de la IVe République ?
✅ Réponse : Son instabilité politique et son incapacité à gouverner face à la crise algérienne.
🏛️ Quel nouvel organe de contrôle est créé en 1958 pour garantir le respect de la Constitution ?
✅ Réponse : Le Conseil constitutionnel.
🗳️ Pourquoi le référendum est-il important dans la Ve République ?
✅ Réponse : Parce qu’il permet aux citoyens de s’exprimer directement sur les grandes décisions nationales.
Conclusion
La naissance de la Ve République en 1958 marque un tournant majeur dans l’histoire politique française. En renforçant le pouvoir exécutif, en instaurant l’élection présidentielle au suffrage universel direct et en créant le Conseil constitutionnel, Charles de Gaulle fonde un régime à la fois fort et démocratique. La stabilité retrouvée du pays repose sur un équilibre durable entre autorité de l’État et souveraineté du peuple, qui demeure au cœur du fonctionnement de la République française contemporaine.
