Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école : tous différents, jamais indifférents
Un fléau encore trop présent
Chaque année, des centaines de milliers d’élèves déclarent avoir été victimes de harcèlement. Ses conséquences peuvent être graves : perte d’estime de soi, anxiété, isolement, voire décrochage scolaire. Les réseaux sociaux, eux, amplifient ce phénomène en étendant la violence au-delà des murs de l’école.
Selon les données du ministère de l’Éducation nationale :
- 3 % des élèves à l’école primaire,
- 5 % des collégiens
- et 3 % des lycéens
se disent victimes de harcèlement.
Cela représente plus d’un élève par classe, un chiffre qui appelle une vigilance de tous les instants.
Depuis 2011, les politiques publiques ont renforcé la lutte contre ce fléau : la loi du 26 juillet 2019 a instauré le droit à une scolarité sans harcèlement, tandis que la loi du 2 mars 2022 a créé le délit de harcèlement scolaire, puni jusqu’à dix ans d’emprisonnement.
Une campagne forte : « Tous différents, jamais indifférents »
La campagne 2025 s’appuie sur le travail des élèves du collège Terre-Sainte, à La Réunion, lauréats du prix national “Non au harcèlement”. Ils ont imaginé un clip musical qui raconte l’histoire d’Emma, une collégienne victime de harcèlement lesbophobe. À travers son parcours, le film met en lumière la force du soutien collectif et l’importance de l’empathie.
« Ce clip transforme la souffrance en message d’espoir : l’inclusion et la solidarité sont les antidotes à la stigmatisation », souligne la réalisatrice Laëtitia Bertheuil.
L’affiche, la chanson et les vignettes diffusées sur les réseaux sociaux invitent à agir ensemble contre le rejet et la différence. Un livret pédagogique accompagne la campagne pour aider les enseignants à travailler ces thématiques en classe.
Le dispositif pHARe : trois ans d’évolution
Mis en place progressivement depuis 2019, le programme pHARe (Prévention et Lutte contre le Harcèlement à l’École) est aujourd’hui obligatoire dans toutes les écoles, collèges et lycées.
Son ambition : faire de chaque établissement un lieu d’apprentissage et de protection.
Trois principes essentiels
- Prévenir : par des séances d’empathie, des formations et des projets collectifs.
- Détecter : grâce à un protocole national de traitement et à un questionnaire d’autoévaluation proposé chaque année aux élèves du CE2 à la terminale.
- Apporter des solutions rapides : protection de la victime, dialogue avec les familles, sanctions éducatives adaptées.
Depuis la rentrée 2023, chaque collège et lycée dispose d’un coordinateur pHARe, et chaque département compte désormais un référent dédié à temps plein.
Les formations se poursuivent : l’objectif est que 100 % des personnels soient formés d’ici 2027.
Par ailleurs, près de 120 000 élèves ambassadeurs ont été formés à repérer et prévenir les situations de harcèlement. Ces jeunes deviennent acteurs de la prévention au sein de leur établissement.
Les séances d’empathie : un levier pour prévenir dès le plus jeune âge
Depuis la rentrée 2024, les séances d’empathie sont généralisées dans les écoles maternelles et élémentaires.
Elles visent à apprendre aux enfants à reconnaître, comprendre et exprimer leurs émotions, à écouter les autres et à résoudre les conflits pacifiquement.
Les résultats sont encourageants : dans 39 % des écoles menant une séance par mois, le nombre de cas de harcèlement a diminué ; dans celles qui en organisent deux par semaine, la baisse atteint 100 %.
Dans le cadre de la Grande cause nationale 2025 “Parlons santé mentale !”, un kit d’activités inspiré du film Vice-Versa a même été conçu avec Disney France, pour aider les plus jeunes à mettre des mots sur leurs émotions.
Les outils concrets pour agir contre le harcèlement à l’école
Le numéro 3018 : une aide gratuite et confidentielle
Depuis 2024, le 3018 est le numéro national unique pour signaler une situation de harcèlement ou de cyberharcèlement. Accessible 7 jours sur 7 de 9 h à 23 h, il est opéré par l’association e-Enfance, et disponible par téléphone, tchat ou application mobile.
Les écoutants — psychologues, juristes et experts du numérique — peuvent enclencher une procédure accélérée de suppression des contenus nuisibles et orienter vers les équipes académiques en moins de 48 heures.
Une formation en ligne pour les parents
Le CNED a lancé la plateforme « Non au harcèlement – Des clés pour les familles », une formation gratuite d’une heure, découpée en quatre modules interactifs.
Objectif : aider les parents à repérer les signaux faibles, prévenir le harcèlement et agir efficacement.
L’éducation au numérique
Le Safer Internet Day, organisé chaque février, sensibilise plus de 750 000 élèves aux usages responsables du numérique. Depuis 2024, tous les élèves de 6e doivent obtenir une attestation Pix de sensibilisation au numérique, incluant un module spécifique sur le cyberharcèlement.
Le dispositif « Portable en pause »
Expérimenté auprès de 32 000 collégiens en 2024-2025, ce dispositif — qui limite l’usage du téléphone dans l’établissement — a amélioré le climat scolaire et réduit les cas de cyberharcèlement. Il est désormais déployé progressivement dans tous les collèges.
L’éducation à la vie affective et relationnelle (EVAR-EVARS)
Nouvelle discipline à part entière depuis 2025, elle vise à prévenir les violences et discriminations en travaillant la tolérance, la coopération et le respect. Ces séances abordent aussi la protection de la vie privée en ligne et la lutte contre le cybersexisme et les discours de haine.
Cette journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école rappelle qu’à l’école, la différence est une richesse et que l’indifférence n’a pas sa place. Face au harcèlement, une seule réponse : parler, écouter, agir. Chaque élève, parent, enseignant ou partenaire peut devenir acteur de la prévention.