📚 Objectif
De 1947 à 1991, le monde est dominé par la rivalité entre les États-Unis, défenseurs de la démocratie et du capitalisme, et l’URSS (Union des Républiques socialistes soviétiques), puissance communiste dirigée par un parti unique. Cette confrontation, appelée guerre froide, oppose deux systèmes irréconciliables sans affrontement direct, mais dans un climat de tension et de peur nucléaire. Comment cette opposition a-t-elle structuré le monde pendant plus de quarante ans, jusqu’à la chute du bloc soviétique ?
Les origines de la guerre froide : la rupture entre les anciens alliés
En 1945, les États-Unis, dirigés par le président Harry Truman, et l’URSS, conduite par Joseph Staline, sortent vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale mais défendent deux idéologies opposées. Les États-Unis prônent la liberté individuelle, la démocratie et le capitalisme, tandis que l’URSS instaure un régime communiste, fondé sur la planification (organisation complète de l’économie par l’État), la collectivisation et la dictature du parti.
En 1947, Truman lance la doctrine Truman, qui vise à contenir l’expansion du communisme. En réaction, Staline formule la doctrine Jdanov, qui divise le monde entre un « camp impérialiste » (mené par les États-Unis) et un « camp anti-impérialiste » (mené par l’URSS).
Les États-Unis mettent en place le plan Marshall, un programme d’aide économique pour reconstruire l’Europe de l’Ouest. L’URSS le refuse et fonde en 1949 le Comecon (Conseil d’assistance économique mutuelle), qui coordonne les économies des pays communistes sous la direction de Moscou.
La tension atteint son paroxysme avec la crise de Berlin (1948-1949) : Staline bloque les accès à la zone occidentale de la ville, mais Truman organise un pont aérien pour la ravitailler. L’Europe est désormais divisée en deux zones d’influence.
🤔 Question pour toi : quel est le but de la doctrine Truman ?
✅ Réponse : contenir la progression du communisme et défendre la démocratie dans le monde.
À retenir
En 1947, les États-Unis et l’URSS rompent leur alliance : deux blocs s’opposent, chacun cherchant à étendre son modèle politique et économique.
Deux blocs face à face : alliances et équilibre de la terreur
Dans les années 1950, les deux superpuissances consolident leurs alliances militaires. En 1949, les États-Unis créent avec leurs alliés l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord), qui protège l’Europe de l’Ouest. En 1955, l’URSS impose à ses voisins le Pacte de Varsovie, alliance militaire des pays d’Europe de l’Est, maintenue sous la domination de l’Armée rouge : c’est la satellisation des « démocraties populaires » autour de Moscou.
La course aux armements s’intensifie. En 1949, l’URSS met fin au monopole nucléaire américain. Quelques années plus tard, les deux camps développent les bombes H (bombes à hydrogène), des armes thermonucléaires capables de libérer une énergie des centaines de fois plus puissante que celle de Hiroshima. Cet équilibre de la terreur repose sur la dissuasion : chacun sait qu’une guerre nucléaire entraînerait la destruction de tous.
La compétition gagne aussi le domaine scientifique. En 1957, l’URSS, sous l’impulsion du dirigeant Nikita Khrouchtchev, envoie le premier satellite, Spoutnik, dans l’espace, puis le premier homme, Youri Gagarine, en 1961. Les États-Unis répliquent avec le programme Apollo, dirigé par le président John F. Kennedy, qui conduit Neil Armstrong à marcher sur la Lune en 1969. L’espace devient un nouveau champ de prestige entre les deux blocs.
🤔 Question pour toi : que signifie l’expression « équilibre de la terreur » ?
✅ Réponse : la peur mutuelle d’une destruction nucléaire qui empêche les États-Unis et l’URSS de se faire la guerre.
À retenir
La course aux armements et la conquête spatiale symbolisent la rivalité entre les deux blocs. La paix repose sur la peur d’une guerre nucléaire.
Les grandes crises de la guerre froide
L’affrontement idéologique provoque plusieurs crises qui font craindre une guerre mondiale.
En Europe, Berlin devient le centre des tensions. En 1961, le mur de Berlin est construit pour empêcher les habitants de la RDA de fuir vers l’Ouest. Ce mur, voulu par Khrouchtchev, devient le symbole de la division du monde.
En Asie, les guerres régionales traduisent la lutte d’influence entre les deux blocs. En Corée (1950-1953), le Nord communiste, soutenu par l’URSS et la Chine de Mao Zedong, affronte le Sud, soutenu par les États-Unis et l’ONU. Le pays reste coupé en deux après un armistice.
Au Vietnam, la situation est plus complexe. Le Viêt Minh, mouvement nationaliste et communiste fondé par Hô Chi Minh en 1941 pour libérer le pays de la colonisation, affronte d’abord la France, puis les États-Unis. La guerre du Vietnam (1964-1975) oppose le Nord communiste au Sud soutenu par les Américains. Après de lourdes pertes, les États-Unis se retirent, et le Vietnam est unifié sous un régime communiste.
En Amérique, la crise de Cuba (1962) marque le moment le plus dangereux de la guerre froide. Le dirigeant soviétique Khrouchtchev installe des missiles nucléaires sur l’île communiste de Fidel Castro, proche des côtes américaines. Le président Kennedy impose un blocus naval. Après plusieurs jours de tension extrême, Khrouchtchev recule : le monde échappe de peu à la guerre nucléaire.
🤔 Question pour toi : que montre la crise de Cuba ?
✅ Réponse : qu’une guerre nucléaire mondiale était possible, mais que la négociation pouvait encore éviter le pire.
À retenir
Berlin, la Corée, le Vietnam et Cuba sont les grandes crises de la guerre froide : elles révèlent la rivalité mondiale entre les États-Unis et l’URSS.
La coexistence pacifique et la détente
Après la mort de Staline, Khrouchtchev cherche à éviter l’affrontement direct avec les États-Unis. En 1956, il inaugure la politique de « coexistence pacifique », c’est-à-dire la recherche d’un équilibre entre les deux blocs sans guerre ouverte. Mais cette politique n’empêche pas les tensions : le mur de Berlin (1961) et la crise de Cuba (1962) surviennent pendant cette période. La paix reste donc fragile.
Dans les années 1970, une nouvelle phase d’apaisement, appelée détente, s’installe. Les accords SALT I (1972) limitent le nombre de missiles nucléaires, tandis que les accords d’Helsinki (1975) reconnaissent les frontières européennes et affirment le respect des droits de l’homme. Ces accords ne sont pas militaires mais diplomatiques : ils encouragent le dialogue entre les deux systèmes.
Cependant, la détente s’interrompt à la fin des années 1970. En 1979, l’URSS envahit l’Afghanistan, provoquant une reprise des tensions. Le président américain Ronald Reagan, élu en 1980, adopte une ligne dure contre l’URSS : c’est la « seconde guerre froide ». En 1983, il lance l’Initiative de défense stratégique (SDI), surnommée « guerre des étoiles », un projet de bouclier spatial censé intercepter les missiles soviétiques. Cette politique accélère la crise du système soviétique déjà affaibli.
🤔 Question pour toi : pourquoi la détente ne met-elle pas fin à la guerre froide ?
✅ Réponse : parce que la méfiance demeure et que la rivalité reprend dès la fin des années 1970 avec la politique de Reagan.
À retenir
La coexistence pacifique et la détente visent à apaiser les tensions, mais la rivalité entre les deux blocs persiste. La seconde guerre froide relance la course aux armements.
La fin du monde bipolaire
Au début des années 1980, l’URSS, dirigée par Mikhaïl Gorbatchev, fait face à une crise profonde : pénuries, stagnation économique et mécontentement populaire. En 1985, il engage deux grandes réformes : la perestroïka (réorganisation de l’économie pour introduire des éléments de marché) et la glasnost (ouverture politique et liberté d’expression).
Ces réformes encouragent les mouvements populaires dans les pays d’Europe de l’Est. En Pologne, le syndicat Solidarność, mené par Lech Wałęsa, revendique la démocratie et obtient des élections libres. En Hongrie, en Tchécoslovaquie et en RDA, les régimes communistes s’effondrent les uns après les autres. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin est détruit : la division du monde prend fin.
En 1991, l’URSS disparaît. Ses quinze républiques deviennent indépendantes, et les États-Unis demeurent la seule superpuissance. Le monde bipolaire cède la place à un monde dominé par l’Occident.
🤔 Question pour toi : quel rôle jouent les peuples d’Europe de l’Est dans la chute du bloc soviétique ?
✅ Réponse : leurs révoltes et leurs revendications démocratiques précipitent la chute des régimes communistes et la fin de l’URSS.
À retenir
Les réformes de Gorbatchev et les mouvements populaires provoquent la fin du bloc soviétique. En 1991, l’URSS disparaît, marquant la fin de la guerre froide.
💪 Entraînons-nous !
🧱 Que symbolise le mur de Berlin ?
✅ Réponse : la division du monde entre les deux blocs, de 1961 à 1989.
🚀 Qui est Youri Gagarine ?
✅ Réponse : le premier homme envoyé dans l’espace par l’URSS en 1961, symbole du prestige soviétique.
⚙️ Que signifient les réformes de Gorbatchev ?
✅ Réponse : la perestroïka réforme l’économie planifiée, et la glasnost ouvre la société à plus de liberté et de transparence.
💣 Qu’est-ce qu’une bombe H ?
✅ Réponse : une bombe à hydrogène beaucoup plus puissante qu’une bombe atomique, fondée sur la fusion nucléaire.
Conclusion
Entre 1947 et 1991, la guerre froide divise le monde en deux blocs dominés par les États-Unis et l’URSS. Cette rivalité mondiale, marquée par la peur nucléaire et des crises répétées, structure la vie politique de la planète. Les réformes de Gorbatchev et les révoltes populaires d’Europe de l’Est entraînent la chute du bloc communiste. En 1991, la disparition de l’URSS met fin à plus de quarante ans de tension : le monde entre dans une ère nouvelle, désormais dominée par les États-Unis.


