Le Chant des partisans, Joseph Kessel et Maurice Druon

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Présentez Le Chant des partisans : évoquez son contexte de création, puis décrivez l’œuvre elle-même avant d’en donner une interprétation personnelle.

Ami, entends-tu

Le vol noir des corbeaux

Sur nos plaines ?

Ami, entends-tu

Les cris sourds du pays

Qu’on enchaîne ?

Ohé ! partisans,

Ouvriers et paysans,

C’est l’alarme !

Ce soir l’ennemi

Connaîtra le prix du sang

Et des larmes !

Montez de la mine,

Descendez des collines,

Camarades !

Sortez de la paille

Les fusils, la mitraille,

Les grenades…

Ohé ! les tueurs,

À la balle et au couteau,

Tuez vite !

Ohé ! saboteur,

Attention à ton fardeau :

Dynamite !

C’est nous qui brisons

Les barreaux des prisons

Pour nos frères,

La haine à nos trousses

Et la faim qui nous pousse,

La misère…

[…]

Joseph Kessel et Maurice Druon (paroles), Anna Marly (musique)

Le Chant des partisans, 1943 © Éditions Raoul Breton.

Vous trouverez facilement sur Internet le texte complet ainsi que différentes interprétations de la chanson.

1) Situer l’œuvre

Le Chant de la Libération, ou Chant des partisans, a été écrit à Londres en 1943 par Joseph Kessel (1898-1979) et Maurice Druon (1918-2009), venus rejoindre les Forces françaises libres (FFL) du général de Gaulle.

Le chant a été mis en musique par Anna Marly (1917-2006), chanteuse et guitariste, qui a également rejoint Londres.

Il sert de générique à l’émission Honneur et Patrie sur Radio-Londres, écoutée clandestinement en France.

2) Observer et analyser l’œuvre

Le chant est construit selon un tempo régulier, une même mélodie qui se déroule sur quatre couplets et pas de refrain.

Les vers très courts comportent de nombreux effets de rimes et font référence à l’Occupation : les « corbeaux » représentent les nazis, les restrictions sont évoquées par « la faim ».

Cette construction rend le chant facile à mémoriser. Il se diffuse donc très vite malgré la clandestinité : il devient un véritable hymne des résistants, chanté dans les maquis au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et sifflé au moment des exécutions.

3) Interpréter l’œuvre

A) Un appel au rassemblement de tous

Le chant glorifie la Résistance au moment où elle s’intensifie et s’organise. Il appelle à l’action collective tout en exprimant l’espoir (usage du futur simple de l’indicatif).

Il s’adresse directement à tous les résistants (« partisans, ouvriers et paysans »), sans restrictions politiques ou sociales.

B) Une portée intemporelle et universelle

Les images et les champs lexicaux très forts, notamment celui de la mort, suscitent l’émotion (tonalité lyrique) mais aussi l’admiration et l’enthousiasme (tonalité épique).

Repris de très nombreuses fois dans différents contextes politiques, le chant a une portée intemporelle. Il exprime la lutte universelle contre la tyrannie.

Pour ouvrir et conclure

  • Le Chant des partisans a une longue postérité. Il est une ode à la liberté et à l’insoumission. On peut écouter une version moderne comme celle de Zebda (2001) dans l’album Motivés.
  • Moins célèbre, La Complainte du partisan, mise en musique par Anna Marly et écrite par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, a été reprise par Joan Baez puis par Leonard Cohen en 1969 (The Partisan).
  • L’Affiche rouge de Léo Ferré, d’après le poème « Strophes pour se souvenir » de Louis Aragon, célèbre les résistants du groupe Manouchian, fusillés en 1944.