La réponse immunitaire spécifique à médiation cellulaire

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Dans cette leçon, tu vas découvrir le rôle des lymphocytes T8 cytotoxiques, capables de détruire les cellules infectées ou tumorales, et celui des lymphocytes T4 auxiliaires, véritables chefs d’orchestre de la réponse immunitaire. Tu comprendras aussi comment le VIH fragilise l’immunité en détruisant les T4, et pourquoi la coopération entre réponse cellulaire et humorale est essentielle à la défense de l’organisme. Mots-clés : réponse immunitaire cellulaire, lymphocytes T8, lymphocytes T4, VIH, cytotoxicité, immunité adaptative.

Introduction

La lutte contre le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine), responsable du sida, a montré combien certaines infections fragilisent profondément le système immunitaire. Ce virus cible et détruit les lymphocytes T4 auxiliaires (CD4+), entraînant une désorganisation globale des défenses.

Lorsqu’un virus infecte une cellule ou qu’une cellule devient cancéreuse, les antigènes se trouvent à l’intérieur de la cellule et échappent aux anticorps circulants. L’organisme mobilise alors une autre stratégie : la réponse immunitaire spécifique à médiation cellulaire. Elle repose sur l’action directe des lymphocytes T8 qui détruisent les cellules infectées ou tumorales, et sur la coopération des T4 qui assurent la coordination de l’ensemble de la réponse.

Activation des lymphocytes T8 et rôle des lymphocytes cytotoxiques

Chaque lymphocyte T8 exprime un TCR (T Cell Receptor, récepteur des lymphocytes T), capable de reconnaître un antigène présenté par le CMH I (Complexe Majeur d’Histocompatibilité de classe I), exprimé par toutes les cellules nucléées. Les cellules infectées exposent ainsi à leur surface des fragments antigéniques.

Toutefois, pour qu’un lymphocyte T8 naïf s’active pleinement, l’antigène doit être présenté par une CPA (Cellule Présentatrice d’Antigène), comme une cellule dendritique, grâce à la présentation croisée : la CPA internalise un antigène exogène (par exemple viral) et le présente de manière exceptionnelle via le CMH I.

L’activation complète d’un T8 repose sur trois signaux complémentaires :

  • Signal 1 : la reconnaissance spécifique de l’antigène présenté par le CMH I grâce au TCR du T8.

  • Signal 2 : un signal costimulateur, produit par l’interaction entre la molécule CD28 (présente sur le lymphocyte T8) et la molécule B7 (exprimée par la CPA) ; sans ce signal, le T8 ne s’active pas, même en présence d’antigène.

  • Signal 3 : les cytokines, messagers chimiques produits par les cellules immunitaires. L’IL-2 (Interleukine 2), sécrétée par les lymphocytes T4 activés, favorise la prolifération des T8. L’IL-12 (Interleukine 12), sécrétée par les CPA, oriente la réponse vers un profil Th1, c’est-à-dire une réponse dirigée prioritairement vers l’activation des lymphocytes T cytotoxiques et des macrophages, particulièrement efficace contre les infections virales et intracellulaires.

Après activation, les T8 prolifèrent (expansion clonale) et se différencient. Les lymphocytes T cytotoxiques détruisent les cellules infectées ou cancéreuses, tandis que les lymphocytes T mémoire persistent longtemps. Ces derniers garantissent une réaction rapide et intense non seulement après une vaccination, mais aussi après une réinfection naturelle, grâce à la conservation de clones spécifiques.

La cytolyse des cellules infectées repose sur deux mécanismes principaux. Les T cytotoxiques libèrent des perforines, qui forment des pores dans la membrane de la cellule cible. Par ces pores pénètrent des granzymes, enzymes qui déclenchent l’apoptose (mort programmée) de la cellule. Ils peuvent aussi utiliser la voie Fas/Fas-ligand : en se fixant sur le récepteur Fas de la cellule cible, le T cytotoxique envoie un signal qui déclenche l’autodestruction programmée de cette cellule.

À retenir

L’activation des T8 nécessite trois signaux : reconnaissance spécifique (signal 1), costimulation (signal 2) et cytokines (signal 3). Les T cytotoxiques détruisent les cellules infectées par perforines, granzymes ou la voie Fas/Fas-ligand. Les T mémoire assurent une protection renforcée lors d’une nouvelle exposition à l’antigène.

Rôle central des lymphocytes T4 et coopération cellulaire

Les lymphocytes T4 auxiliaires (CD4+) s’activent lorsqu’ils reconnaissent un antigène présenté par une CPA via le CMH II (Complexe Majeur d’Histocompatibilité de classe II). Les CPA regroupent les macrophages, les cellules dendritiques et les lymphocytes B.

Une fois activés, les T4 sécrètent des cytokines qui assurent la coordination des défenses. Ils stimulent les lymphocytes B, favorisant leur différenciation en plasmocytes producteurs d’anticorps (réponse humorale). Ils renforcent l’activation et la multiplication des lymphocytes T8, consolidant la réponse cellulaire. Enfin, ils activent les phagocytes (macrophages, neutrophiles), augmentant leur efficacité de destruction.

Dans le cas du VIH, la destruction progressive des T4 empêche cette coordination. L’organisme ne parvient plus à activer correctement les B, les T8 et les phagocytes, ce qui conduit à une immunodéficience acquise. Cette incapacité à répondre explique la grande vulnérabilité des patients aux infections opportunistes. Dans le cas des cancers, les T8 cytotoxiques détectent et éliminent certaines cellules tumorales exprimant des antigènes anormaux, illustrant leur rôle protecteur.

À retenir

Les T4, activés par les CPA via le CMH II, coordonnent les réponses immunitaires en stimulant B, T8 et phagocytes. Leur destruction par le VIH entraîne un effondrement global de l’immunité.

Conclusion

La réponse immunitaire spécifique à médiation cellulaire illustre la complémentarité avec la réponse humorale. Les T8 cytotoxiques éliminent les cellules infectées ou tumorales, tandis que les T4 auxiliaires orchestrent les interactions entre toutes les cellules immunitaires. Les T mémoire garantissent une réaction plus rapide lors d’une seconde rencontre avec l’antigène, après une infection naturelle ou une vaccination.

L’exemple du VIH montre combien la disparition des T4 désorganise tout le système immunitaire, soulignant leur rôle central. Ainsi, la réponse à médiation cellulaire, indissociable de la réponse humorale, constitue un pilier de la défense de l’organisme contre les infections virales et les anomalies cellulaires.