Découverte du monde et pluralité des cultures : penser le monde

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Introduction

Penser le monde, c’est aussi pouvoir le représenter physiquement. Dès l’Antiquité, les explorateurs dessinent des cartes. Au XVIe siècle, les navigateurs européens des grandes découvertes élaborent des cartes plus précises, ainsi que des globes terrestres. Explorateurs et marins sont ainsi à l'origine d'une histoire des représentations du monde, que prolongent aujourd’hui les images par satellite.

Objectifs : Dans un premier temps, cette leçon abordera l'histoire des différentes représentations cartographiques du monde, avant de s'attarder, dans un deuxième temps, sur la notion d'altérité. L’altérité est liée aux grandes explorations, européennes mais plus généralement humaines. Elle se définit de la façon suivante : c'est le « caractère de ce qui est autre », et la « reconnaissance de l'autre dans sa différence », qu'elle soit religieuse, ethnique ou culturelle.

I. Les représentations de la Terre depuis l’Antiquité

1) La rotondité de la Terre

Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas le savant italien Galilée (1564-1642) qui a découvert que la Terre était ronde. Le philosophe et mathématicien grec Pythagore (580-495 av. J.-C.) est, à notre connaissance, le premier à l’avoir affirmé. Selon lui, la sphère étant la forme géométrique parfaite, l'univers ne pouvait être que sphérique. Le philosophe grec Aristote (384-322 av. J.-C.) en a apporté les premières preuves grâce à l’observation de l'ombre de la Terre sur la Lune au moment des éclipses de soleil.

Au IIe siècle av. J.-C., l’astronome Ératosthène de Cyrène a, quant à lui, constaté que la circonférence de la Terre était d’environ 40 000 km, calcul qui était très proche de la réalité.

Définition

Sphère. En géométrie, figure correspondant à une surface fermée, dont tous les points sont à égale distance (rayon) d'un point intérieur, le centre.

2) Le globe terrestre

Aujourd’hui, le globe terrestre est un objet de décoration autant qu’un objet pédagogique commun. Cet objet a une histoire.

En 1492, Martin Behaïm, cartographe et navigateur, réalise à Nuremberg (Allemagne) le premier globe terrestre connu. Bien avant, il existait des globes célestes qui permettaient de localiser l’emplacement des étoiles. Les plus anciens globes célestes qui nous sont parvenus ont été créés au XIe siècle dans l’Occident musulman.

Au XVIIIe siècle, les globes célestes et ceux terrestres sont souvent fabriqués par paire pour représenter un même univers dont le cœur serait la Terre.

Définition

Globe (terrestre). Corps sphérique, et par extension objet matériel qui représente la Terre sous forme d'une sphère tournant autour d'un axe, et sur laquelle figure l'emplacement des continents et des mers.

II. L’altérité

Le mot altérité désigne le caractère de ce qui est « autre ».

Ainsi, les grandes découvertes européennes ont amené peu à peu à comparer deux « mondes ».

1) La controverse de Valladolid

Dans ses Essais, Montaigne (1533-1592) écrit : « Notre monde vient d’en trouver un autre. », désignant d’une part le monde européen et d’autre part l’Amérique. Il dénonce les multiples forfaits auxquels se livrent les colons aux dépens des indigènes, tués ou décimés par les maladies venues d'Europe.

La controverse de Valladolid désigne le débat organisé par le roi d’Espagne Charles Quint et les papes Paul III et Jules III entre 1550 et 1551, pour déterminer la nature profonde des Indiens d’Amérique : sont-ils des êtres inférieurs ou des hommes comme les Européens ? Faut-il poursuivre la colonisation ? Une quinzaine de théologiens s’affrontent autour de ces questions, dont Bartolomé de las Casas, en faveur de l’humanité des Indiens, et son contradicteur Juan Ginés de Sepúlveda. Si vraiment les Indiens sont comme les Européens, pourquoi Dieu aurait-il permis leur massacre ? Sont-ils plus proches des animaux ? Leurs différences, leur altérité, posent problème : les Indiens n’ont ni les mêmes croyances ni les mêmes mœurs que les Européens. Pourtant, ils semblent faits à l’image des Européens… Les thèses de Bartolomé de las Casas, en faveur des Indiens, ne feront pas le poids et la colonisation se poursuivra.

Définition

Théologie. Étude concernant la divinité et plus généralement la religion. (définition tirée du Larousse)

2) Le goût des Autres

Dans son ouvrage Le goût des Autres, l’anthropologue Benoît de L’Estoile s’intéresse à l’histoire des « musées de l’autre », c'est-à-dire des musées qui ont exposé et exposent encore aujourd’hui des objets collectés par les explorateurs européens au gré de leurs voyages et de leurs conquêtes territoriales.

L’anthropologue avance l’idée que les Européens ont construit une partie de leur identité en exposant ces objets appartenant aux « autres », à des êtres humains différents, et dont l’humanité a parfois été remise en question à l’exemple des Indiens d’Amérique et des populations noires d’Afrique.

Mais les objets considérés comme « autres » sont parfois devenus « nôtres », de même que les langues se sont mutuellement influencées. Par exemple, le mot « bazar » vient du persan et signifie « marché public », le mot « lama » du tibétain. Ainsi, les représentations de l’altérité ont varié au fil des siècles, de même que les représentations du monde.

Définition

Anthropologie. Science qui étudie l’homme sous tous ses aspects (individuel, culturel, social).