Corrigé entraînement Brevet de Français : se chercher, se construire

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Cette fiche présente la correction du sujet blanc #1 proposé par notre professeur de français, sur le thème « Se chercher, se construire : se raconter, se représenter ».

Attention

Le corrigé qui suit est un exemple. En ce qui concerne la partie « compréhension/grammaire », il se pose comme une référence. En ce qui concerne les travaux d’écriture, les candidats garderont à l’esprit qu’il s’agit de propositions qui ne sont pas les seules acceptables.

Conseils

  • Toutes tes réponses doivent être rédigées, reprends les termes de la question et appuye-toi sur le texte en le citant. Sans cela, tu perdras tout ou une partie des points.
  • La syntaxe, l’orthographe, l’écriture ainsi que le soin apporté à ta copie comptent.
  • Avant de débuter l’épreuve, lis entièrement le sujet et les questions.
  • Lors de la lecture du texte, surligne les éléments qui te paraissent importants : indices spatio-temporels, pronoms…

Corrigé

Série : Générale

Durée de l’épreuve : 1 heure 10

Points : 50

Objet d’étude : Se chercher, se construire : se raconter, se représenter.

Travail sur le texte littéraire

Compréhension et compétences d’interprétation (32 points)

1. En relevant un champ lexical significatif, vous direz où se déroule cette scène selon vous. (4 points)

Nous pouvons affirmer que la scène se déroule dans une classe. En effet, une lecture attentive nous révèle le champ lexical de la classe : « un porte-plume ; tableau ; ardoise ; instituteur ».

2. a. Selon vous, qui est « je » ? Quelle relation entretient-il avec Maurice ? Quels indices vous permettent de répondre ? (3 points)

Nous pouvons supposer que « je » est à la fois le narrateur, le personnage et l’auteur. En effet, le texte est écrit au passé « c’était le silence ». Maurice est probablement son frère car ils se font traiter tous les deux de « youpins », c’est-à-dire de Juifs.

2. b. À quel genre précis ce texte vous semble-t-il appartenir ? Justifiez. (4 points)

Ce texte appartient probablement au genre de l’autobiographie car le narrateur et le personnage sont une personne « j’ai posé mon ardoise sur le coin du bureau ». De plus, il s’agit d’une expérience personnelle racontée par ce narrateur : « j’ai compris que pour moi, l’école était finie ». 

Enfin, nous pouvons placer cet événement dans un cadre spatio-temporel précis, celui de la Seconde Guerre Mondiale en France : « Il y avait la tête du maréchal Pétain ».

3. À quelle période historique cette scène se déroule-t-elle ? Justifiez en citant des éléments précis du texte. (3 points)

L’action de ce texte se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale. En effet, les deux enfants, Joseph et Maurice sont persécutés parce qu’ils sont juifs « youpins ; youpins ; youpins ». De plus, il est fait référence au maréchal Pétain « au-dessus du tableau noir ».

4. Que se passe-t-il au moment de la récréation ? Comment peut-on expliquer cet événement ? (4 points)

Durant la récréation, les deux garçons sont agressés par les autres enfants : « Mon poing est parti et j’ai pris un coup violent sur la cuisse ».

5. Comment le narrateur s’y prend-il pour vérifier s’il est toujours considéré comme un élève normal ? (4 points)

Le petit garçon a conscience que quelque chose a changé et il décide d’en avoir le cœur net. Pour ce faire, il décide de déranger le cours de l’instituteur pour être puni comme un élève normal : « Ça aurait été la preuve que rien n’était changé, que j’étais toujours le même, un écolier comme les autres que l’on peut féliciter, punir, interroger. » 

Malheureusement, il va comprendre qu’il ne compte plus désormais aux yeux de son instituteur : « M. Boulier m’a regardé et puis son regard est devenu vide ».

6. Comment comprenez-vous cette phrase : « La leçon était commencée et j’ai compris que pour moi, l’école était finie. » ? (6 points)

Dans cette phrase, nous pouvons relever une opposition entre la leçon qui commence et l’école qui se termine. En effet, puisqu’il il est Juif, le petit Joseph va être écarté de la société. En quelque sorte, c’est une leçon un peu cruelle qui commence mais qui ne se déroulera pas à l’école.

7. « Au-dessus du tableau noir, il y avait la tête du maréchal Pétain. Une belle tête digne avec un képi. En dessous il y avait une phrase suivie de sa signature : « Je tiens mes promesses, même celles des autres. » Je me demandais à qui il avait bien pu promettre de me faire porter une étoile. » : dans une réponse argumentée, vous expliquerez dans quel état d’esprit se trouve le narrateur. (4 points)

Le principal sentiment qui anime le narrateur est celui de l’incompréhension.

En effet, lorsqu’il sort en récréation, il est très surpris de ce qu’il lui arrive : « tout de suite ce fut le tourbillon ».  De plus, il ne comprend pas pourquoi il doit porter une étoile juive : « Ça avançait à quoi ? ». 

Nous comprenons que le petit garçon ne parvient pas à interpréter les raisons qui le conduisent à cette situation. La seule chose qui soit certaine pour lui est sa douleur physique : « Je sentais mon oreille qui gonflait à vue d’œil ».

Grammaire et compétences linguistiques (18 points)

1. « Le Père Boulier, il avait une manie, c’était le silence ». Vous réécrirez cette phrase en corrigeant le pléonasme qu’elle comporte. (4 points)

La phrase correcte est : Le père Boulier avait une manie, c’était le silence.

2. « Quand il entendait un bavardage, un porte-plume qui tombait ou n’importe quoi d’autre, il n’y allait pas par quatre chemins, son index désignait le coupable et la sentence tombait en couperet ». Identifiez le temps, le mode et la valeur du temps dans cette phrase. (4 points)

Dans cette phrase, les verbes sont à l’imparfait de l’indicatif : « il entendait ; tombait ; n’y allait ; désignait ». C’est un imparfait de description.

3. « Youpin » : à quel niveau de langue ce terme appartient-il ? (2 points)

Le terme youpin appartient au niveau de langue familier, voire vulgaire. C’est un terme raciste et antisémite.

4. « Du bout du doigt, je l’ai poussée. Elle s’est balancée un court moment et est tombée. » Vous donnerez la fonction grammaticale du mot en gras puis vous réécrirez cette phrase en remplaçant « l’ » par « les ». (8 points)

La fonction grammaticale de « l’ » est complément d’objet direct du verbe « avoir poussé ».

Réécrite, cette phrase donne : « Du bout du doigt, je les ai poussées. Elles se sont balancées un court moment et sont tombées. »

Rappel

Le participe passé employé avec l’auxiliaire « être » s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe.

Dictée

Temps : 20 minutes

Points : 10

Lien : https://www.youtube.com/watch?v=aNOxB4lODXE

La bille roule entre mes doigts au fond de ma poche. C’est celle que je préfère, je la garde toujours celle-là. Le plus marrant c’est que c’est la plus moche de toutes : rien à voir avec les agates ou les grosses plombées que j’admire dans la devanture de la boutique du père Ruben au coin de la rue Ramey, c’est une bille en terre et le vernis est parti par morceaux, cela fait des aspérités sur la surface, des dessins, on dirait le planisphère de la classe en réduction. 

Je l’aime bien, il est bon d’avoir la Terre dans sa poche, les montagnes, les mers, tout ça bien enfoui. Je suis un géant et j’ai sur moi toutes les planètes. Alors, merde, tu te décides ? Maurice attend, assis par terre sur le trottoir juste devant la charcuterie. Ses chaussettes tirebouchonnent toujours, papa l’appelle l’accordéoniste. 

Entre ses jambes il y a le petit tas de quatre billes : une au-dessus des trois autres groupées en triangle. Sur le pas de la porte, Mémé Epstein nous regarde. C’est une vieille Bulgare toute ratatinée, ridée comme il n’est pas permis. 

Joseph Joffo, Un Sac de billes, 1973.

Rédaction

Temps : 01H30

Points : 40

Sujet d’imagination

« C’est rare qu’un élève cherche à être puni. Ce n’est peut-être jamais arrivé, eh bien, moi, ce matin-là, j’aurais donné cher pour que l’instituteur tende vers moi son index et me dise : « En retenue à quatre heures et demie. » Ça aurait été la preuve que rien n’était changé, que j’étais toujours le même, un écolier comme les autres que l’on peut féliciter, punir, interroger. »

À la fin de la classe, le jeune Joseph rentre chez lui et raconte cette scène à son père. Ce dernier tente de lui expliquer ce qu’il se passe.

Imaginez le dialogue. Vous insisterez sur les émotions et l’incompréhension du petit garçon.

Les fondamentaux du sujet :

  • Garder l’énonciation du texte : les questions ont souligné le fait que nous sommes dans une autobiographie. Donc, tu parleras à la 1re personne dans votre devoir.
  • L’enfant doit formuler des questions : pense à la forme interrogative.
  • Le petit garçon doit insister sur ses émotions : au brouillon, fais-toi une liste des émotions qu’il peut ressentir selon toi à cet instant et associe-leur des verbes : un sentiment d’isolement → se sentir seul ; un sentiment de désespoir → se désespérer.

Le texte est écrit au passé (imparfait, passé simple et plus-que-parfait), donc ton travail aussi.

Mon père me connaissait par cœur et ce jour-là, lorsque je rentrai à la maison, il comprit immédiatement que quelque chose clochait. Cependant, comme à son habitude, papa ne s’imposa pas et ne me harcela pas de questions. Il me laissa monter dans ma chambre où je pus pleurer tout mon saoul, et lorsqu’il finit par m’y rejoindre, il fit comme s’il n’avait pas remarqué mes larmes.

– Comment s’est passée ta journée, Joseph, demanda-t-il l’air de rien, en faisant semblant de lire et de corriger mes devoirs.

Je savais qu’il ne lisait pas vraiment parce qu’il n’avait pas mis ses lunettes. Ce moment où mon père était si proche de moi et où lui était comme avant, un père aimant, rassurant, une grosse carcasse contre ma petite solitude, ce moment me rasséréna.

– Je me suis battu.

– Oui, j’ai vu ton oreille.

Il savait pourquoi je m’étais battu. Mais il me l’a fait dire.

– Pourquoi ?

– Parce que les autres nous ont insultés, papa, ils nous ont traités de « youpins ».

Mon père n’a pas sourcillé. Devenu adulte, j’ai compris que ces mots n’avaient pas de valeur. Lui le savait. Moi pas. J’étais blessé et mon oreille me faisait moins souffrir que ces mots qui m’avaient été assénés.

– Tu n’aurais pas dû te battre.

– Mais papa ! m’écriai-je.

Il ne me laissa pas finir.

– Je sais ce que tu ressens, mon fils. Tu te sens blessé, humilié et mis au ban de la société.

Je ne connaissais pas cette expression mais je compris ce qu’elle signifiait. Mon père m’expliqua que la bêtise et la méchanceté humaines ne se combattent pas avec les points mais avec l’intelligence et la bonté. Je me souviens clairement aujourd’hui que cette explication me révolta. Je sais aujourd’hui que mon père avait raison.

– Tu seras puni pour t’être battu. Tu sais que je déteste la violence, et ta mère aussi.

Je n’ai jamais pensé à dire à mon père combien cela m’avait fait de bien d’avoir été puni. Mon père avait su me rassurer : j’étais toujours un petit garçon normal que son père punissait parce qu’il se battait à la récréation.

Sujet de réflexion

Parfois, certains enfants sont persécutés par leurs camarades de classe.

Pourquoi, selon vous, les enfants s’en prennent-ils à ceux qui sont plus faibles, isolés ou différents ?

Les fondamentaux du sujet :

  • Pour rappel, ton travail doit comporter une introduction, deux, trois ou quatre arguments et une conclusion.
  • Tu dois impérativement respecter la mise en page (introduction = un paragraphe ; un argument = un paragraphe)
  • Chaque partie doit comporter un argument, un exemple et une explication.
  • Chaque partie est introduite par un connecteur logique : tout d’abord, ensuite…

            Les réseaux sociaux sont devenus de plus en plus souvent des occasions qui permettent à des groupes, on appelle cela des chaînes, de s’en prendre à une personne qu’ils trouvent trop grosse, trop maigre, trop différente. 

Mais les cours de récréation ont toujours été le lieu favori pour ceux qui veulent agresser en groupe, que ce soit physiquement ou verbalement. Nous pouvons nous demander pourquoi. Nous verrons tout d’abord que la peur d’être pris pour cible pousse les enfants à se mettre en groupe. Nous analyserons ensuite en quoi la différence fait peur et entraîne des comportements violents.

            Tout d’abord, la peur d’être pris pour cible pousse les autres à se mettre en groupe. En effet, de la sorte, ceux qui appartiennent au groupe ont un sentiment d’impunité et de tranquillité, ils savent qu’ils ne risquent rien à condition de hurler avec les loups. 

Dans le texte de Joseph Joffo, nous voyons que tous les enfants s’en prennent aux deux autres : « j’ai cru que l’école me tombait dessus ». Cela montre que pour les agresseurs la force passe par le nombre et que tant que le groupe a une victime attitrée, ses membres ne risquent rien. Cela les conduit à avoir des comportements agressifs.

Par ailleurs, la peur de la différence fait qu’on la refuse. Chez les enfants cela se traduit par de la violence. En effet, celui qui n’est pas comme nous nous inquiète, nous fait peur voire pire. Chez les enfants, la différence est refusée car ils sont conformistes. 

Ce qui est différent d’eux est perçu comme une agression. C’est exactement ce qui arrive à ce petit garçon juif forcé de porter une étoile jaune qui le définit comme différent, ce qui se traduit par les insultes reçues à la récréation : « youpins ». 

Agresser ces deux enfants juifs permet aux autres de rester entre eux, entre personnes qui pensent être identiques et croient être différentes des Juifs.

Nous nous demandions pourquoi certains enfants s’en prenaient à d’autres. Nous avons tout d’abord vu que la peur de devenir soi-même une victime pousse les enfants à devenir agresseurs. Par ailleurs, nous avons compris que la différence fait peur et que se montrer violent permettait de s’affirmer.