Le régime soviétique

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Explore la naissance du régime soviétique, de la Révolution bolchevique à l’instauration du totalitarisme sous Staline. Tu comprendras comment l’URSS s’est construite sur la terreur, la propagande, l’économie planifiée et la répression pour imposer un contrôle total sur la société. Mots-clés : URSS, régime totalitaire, Staline, bolcheviks, propagande, goulags, Grande Terreur.

Introduction

Le régime soviétique naît en 1917 à la suite de la Révolution russe, qui renverse l’autocratie tsariste et permet l’accession au pouvoir des bolcheviks dirigés par Lénine. Dès ses origines, le nouveau pouvoir met en place un système autoritaire fondé sur le monopole du Parti communiste. Mais c’est sous Staline, à partir de la fin des années 1920, que le régime prend une tournure résolument totalitaire, caractérisée par une emprise totale sur la société, la terreur d’État et la mobilisation idéologique. Cette leçon retrace la naissance du régime soviétique, puis l’affirmation du totalitarisme stalinien jusqu’en 1939.

De la révolution à la dictature du parti unique (1917-1924)

La Révolution de Février 1917 met fin à trois siècles de régime tsariste. Le pouvoir est provisoirement exercé par un gouvernement libéral, concurrencé par les soviets, conseils de soldats, d’ouvriers et de paysans. En octobre 1917, les bolcheviks, dirigés par Lénine, s’emparent du pouvoir par un coup d’État. Ils fondent un État nouveau, fondé sur la dictature du prolétariat, selon la théorie marxiste, et s’engagent dans des réformes radicales : nationalisation des terres, retrait de la guerre (traité de Brest-Litovsk, 1918), contrôle ouvrier des entreprises.

Une guerre civile éclate dès 1918 entre les Rouges (bolcheviks) et les Blancs (partisans du tsarisme ou d’une république libérale), ainsi que d’autres forces nationalistes ou anarchistes. Pour faire face à cette situation, le pouvoir met en place une économie de guerre (« communisme de guerre ») et une répression massive, confiée à la Tchéka, police politique fondée dès décembre 1917. À l’issue de la guerre civile (1922), les bolcheviks ont éliminé toute opposition politique. L’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) est fondée en décembre 1922.

Sous Lénine, bien que le régime instaure dès le départ un système autoritaire, il n’atteint pas encore les caractéristiques d’un État totalitaire. C’est avec l’ascension de Staline, après la mort de Lénine en 1924, que le régime entre dans une nouvelle phase.

La mise en place du totalitarisme sous Staline (1928-1939)

À partir de 1928, Staline concentre tous les pouvoirs et impose une transformation brutale de la société soviétique. Le régime acquiert alors les traits fondamentaux d’un régime totalitaire, selon la définition classique de Carl Friedrich : monopole du parti, idéologie officielle, terreur de masse, économie dirigée, mobilisation de la population et contrôle total des individus.

Le monopole du pouvoir et la propagande

Staline élimine progressivement ses rivaux au sein du Parti communiste et devient, dès la fin des années 1920, le chef incontesté. Le culte de la personnalité se développe dans tout le pays. Il est présenté comme le continuateur de Lénine et le guide infaillible du socialisme. Ce culte s’appuie sur une propagande omniprésente, relayée par les journaux, l’école, les affiches, le cinéma. L’art est soumis au réalisme socialiste, style officiel destiné à exalter les réussites du régime.

L’économie dirigée et la collectivisation forcée

L’objectif proclamé de Staline est de transformer rapidement l’URSS en une grande puissance industrielle. Dès 1928, il lance le premier plan quinquennal, fondé sur une industrialisation accélérée et une planification centralisée. Parallèlement, la terre est collectivisée de force : les exploitations individuelles sont regroupées dans de grandes fermes collectives (kolkhozes) ou d’État (sovkhozes). Les paysans récalcitrants, qualifiés de koulaks, sont arrêtés, déportés ou exécutés.

Cette politique provoque des désastres : la désorganisation du monde rural entraîne des famines meurtrières, notamment en Ukraine entre 1932 et 1933, famine parfois désignée sous le nom d’« Holodomor », dont les causes sont largement liées aux décisions du pouvoir central. Plusieurs millions de personnes meurent dans l’indifférence des autorités.

La terreur comme mode de gouvernement

Le pouvoir stalinien repose sur une terreur de masse, exercée par un appareil répressif omniprésent. En 1934, est fondé le NKVD, nouvelle police politique qui succède à la Guépéou. Elle joue un rôle central dans la répression.

Entre 1936 et 1938, Staline lance les grandes purges, ou Grande Terreur. Les anciens compagnons de Lénine (Zinoviev, Kamenev, Boukharine) sont arrêtés, jugés lors de procès truqués et exécutés. Des centaines de milliers de cadres du parti, de l’armée, de l’administration ou de simples citoyens sont arrêtés.

Le NKVD organise également le développement massif du système concentrationnaire. Les déportés sont envoyés dans les goulags, camps de travail forcé répartis dans les zones les plus inhospitalières de l’URSS. Le travail y est exténuant, le taux de mortalité élevé. En 1939, plusieurs millions de personnes y sont internées.

Par cette politique de répression systématique, Staline élimine toute opposition réelle ou supposée et instaure un climat de peur généralisée qui soumet la société à l’autorité absolue du parti.

Conclusion

Entre 1917 et 1939, le régime soviétique passe d’un pouvoir révolutionnaire à un État totalitaire, centré autour de la figure de Staline. Le contrôle du parti, la répression politique, la terreur d’État, l’économie dirigée et la propagande construisent un système dans lequel l’individu est entièrement subordonné au pouvoir. La création du NKVD, l’extension des goulags et les grandes purges incarnent ce basculement. Ce modèle, inédit par son ambition de remodeler la société en profondeur, marque durablement l’histoire du XXe siècle.