Introduction
Le XXe siècle marque une révolution dans la manière de s’informer et de partager la culture : le son et l’image entrent dans les foyers. La radio, dont l’essor commercial commence aux États-Unis dans les années 1920, puis la télévision, diffusée massivement après 1945, transforment l’accès à l’information.
Ces médias de masse ne se contentent pas de transmettre des nouvelles : ils créent une culture commune, influencent la politique et deviennent des instruments de mobilisation, de contestation et parfois de propagande (diffusion d’idées ou d’images dans le but de convaincre ou manipuler).
La radio : proximité, contestation et culture
Les premières stations américaines naissent en 1920-1921, et la radio conquiert l’Europe dans les années 1930. Elle devient rapidement un outil politique. Aux États-Unis, Roosevelt instaure un lien direct avec ses « causeries au coin du feu ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, la BBC de Londres est un instrument décisif de résistance : c’est par ses ondes que Charles de Gaulle lance son appel du 18 juin 1940, symbole de la lutte contre l’Occupation. L’Allemagne nazie, en parallèle, utilise les récepteurs populaires (« Volksempfänger ») pour imposer sa propagande.
Sous la Ve République en France, la radio garde une fonction critique grâce aux radios périphériques (Europe 1, RTL, Radio Luxembourg), situées hors du territoire national et donc plus libres que les stations publiques. Leur rôle illustre l’importance de la radio comme contre-pouvoir. Dans les années 1980, l’apparition des radios libres met fin au monopole d’État. La loi Fillioud de 1982 légalise et encadre ces radios, ouvrant une nouvelle ère de pluralisme (présence de plusieurs sources et sensibilités dans l’information).
La radio reste aussi un média de culture populaire : elle diffuse musique, feuilletons, sports et informations locales, contribuant à l’émergence d’une culture partagée au-delà des frontières.
À retenir
De la Seconde Guerre mondiale aux radios libres de 1982, la radio illustre le double rôle des médias : canal d’information et de culture, mais aussi outil de contestation et de liberté.
La télévision : l’image qui informe et mobilise
La télévision est expérimentée dès les années 1930, mais son développement de masse se produit surtout dans les années 1950-1960. Elle s’impose comme le média dominant, capable de donner aux événements une force visuelle inédite.
Elle transforme la vie politique. Aux États-Unis, le débat Kennedy/Nixon en 1960 montre l’impact de l’image sur l’opinion. La couverture en direct de la guerre du Vietnam dans les années 1960-1970 contribue à nourrir l’opposition à l’intervention américaine, en diffusant des images de combats et de victimes qui marquent les consciences. Le scandale du Watergate (1972-1974) confirme la capacité des médias télévisés à révéler des affaires politiques majeures et à peser sur la démocratie. En France, la télévision accompagne les grandes crises, comme mai 1968, en diffusant à la fois les interventions officielles et les images des manifestations.
Dans les régimes autoritaires, la télévision est instrumentalisée comme outil de propagande. En URSS, en Chine maoïste ou encore dans certaines dictatures latino-américaines, l’image est utilisée pour glorifier le régime et effacer toute contestation.
La télévision contribue également à l’émergence d’une culture mondialisée. Les retransmissions des Jeux olympiques ou de concerts planétaires (comme Live Aid en 1985) créent des événements partagés à l’échelle mondiale. Les États-Unis dominent largement cette mondialisation culturelle grâce à des chaînes comme CNN, pionnière de l’information continue, ou MTV, qui exporte la musique et les modes américaines, sans oublier les séries télévisées. Cet ensemble illustre la notion de soft power (pouvoir d’influence par la culture et les valeurs), qui complète la puissance militaire et économique.
À retenir
La télévision, expérimentée dès les années 1930 puis démocratisée dans les années 1950-1960, s’impose comme le média central de l’information et de la culture visuelle, renforçant la démocratie mais servant aussi les propagandes autoritaires et les stratégies de soft power.
Conclusion
Radio et télévision bouleversent le XXe siècle en créant un espace public sonore et visuel inédit. La radio rapproche les citoyens de la politique et devient un lieu d’expression de la liberté, de la Résistance à la libéralisation de 1982. La télévision donne aux événements une intensité nouvelle, capable de renverser des équilibres politiques ou de mobiliser des masses.
Mais ces médias sont aussi des outils de propagande et des vecteurs de soft power américain, diffusant à l’échelle mondiale un modèle culturel et politique. Ils révèlent ainsi l’ambivalence des médias de masse : instruments d’émancipation et de pluralisme, mais aussi leviers de puissance et de contrôle.
