Introduction
Né dans les années 1960 comme projet militaire et universitaire avec ARPANET (Advanced Research Projects Agency NETwork, en français : réseau de l’Agence pour les projets de recherche avancée) aux États-Unis, Internet désigne le réseau mondial reliant des millions d’ordinateurs entre eux.
Sa véritable démocratisation intervient avec le World Wide Web, inventé par Tim Berners-Lee (1989-1991) : le Web est un service reposant sur Internet, qui permet de naviguer grâce à des pages et des hyperliens. Cette innovation rend la circulation de l’information accessible au grand public.
L’arrivée d’Internet transforme en profondeur les pratiques d’information, en rupture avec les médias traditionnels comme les agences de presse (Havas, Reuters, Associated Press) ou la télévision, qui diffusaient une information centralisée. Avec Internet, l’information devient à la fois mondialisée et individualisée, bouleversant l’équilibre de l’espace public.
Internet et la mondialisation de l’information
Grâce à Internet et au Web, une information produite à un bout du monde est instantanément accessible ailleurs. Les chaînes d’information internationale (BBC, CNN, France 24, Al Jazeera), héritières de la télévision de masse, utilisent ces outils pour élargir leur portée et offrir de l’information en continu.
Les grands acteurs économiques dominent cependant cette mondialisation. Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) — géants américains du numérique — contrôlent l’essentiel des flux en organisant l’accès aux contenus. En Chine, leurs équivalents, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), structurent un autre écosystème numérique. Ces entreprises ne se limitent pas à héberger l’information : elles la sélectionnent grâce à leurs algorithmes (programmes qui hiérarchisent les contenus visibles), ce qui leur confère un rôle de véritables arbitres de l’espace public mondial.
Cet accès universel permet aussi la montée de mobilisations globales : le mouvement Fridays for Future de Greta Thunberg ou les campagnes #BlackLivesMatter n’auraient pas eu la même résonance sans la viralité numérique.
À retenir
Internet mondialise l’information et favorise l’émergence de mobilisations planétaires, mais cette mondialisation est encadrée par la puissance des GAFAM et BATX qui contrôlent l’accès et l’organisation des flux.
L’individualisation : chacun producteur et consommateur d’information
Avec Internet, chacun peut publier : blogs, vidéos, tweets, podcasts font de l’usager un acteur de l’information. Les printemps arabes (2011) en offrent un exemple : Facebook et Twitter ont servi à organiser les manifestations et à contourner la censure. Mais il est essentiel de rappeler que ces soulèvements trouvent leurs causes profondes dans des contextes économiques (fort chômage, inégalités sociales), politiques (autoritarisme des régimes, absence de libertés) et sociaux (jeunesse frustrée, corruption). Les réseaux sociaux furent un levier puissant, mais non l’origine de ces mouvements.
La guerre en Ukraine (depuis 2022) illustre aussi la puissance et les limites de cette individualisation. Les réseaux sociaux diffusent en direct des témoignages civils et militaires, mais ils deviennent aussi des armes de guerre informationnelle : campagnes de désinformation orchestrées par la Russie, « usines à trolls » produisant des messages massifs pour influencer l’opinion.
Cette individualisation produit des effets pervers. Les algorithmes tendent à enfermer les internautes dans des bulles informationnelles (effet de filtre qui limite l’exposition à des opinions différentes). L’espace numérique est saturé d’infox (fausses informations volontairement diffusées, synonymes de désinformation) mais aussi de mésinformation (diffusion involontaire d’erreurs). Des exemples récents l’illustrent : les rumeurs infondées sur des traitements miraculeux contre le Covid-19, ou encore les campagnes d’infox durant l’élection américaine de 2016 et la présidentielle brésilienne de 2018. Les deepfakes (vidéos truquées par intelligence artificielle imitant la voix ou le visage d’une personne réelle) accentuent encore la difficulté à distinguer le vrai du faux.
À retenir
Internet permet une prise de parole individuelle inédite, mais cette liberté s’accompagne de désinformation, mésinformation et manipulations amplifiées par les bulles informationnelles et les infox, comme l’ont montré la pandémie de Covid-19 ou certaines élections.
Conclusion
Internet et le Web ont bouleversé l’information en la rendant instantanée, mondiale et accessible à tous. Par rapport aux médias traditionnels comme la presse ou la télévision, où l’information était produite par des acteurs centralisés, Internet ouvre un espace beaucoup plus horizontal. Mais cette révolution donne un pouvoir immense aux GAFAM et BATX, qui sélectionnent et hiérarchisent les contenus. Elle expose aussi les sociétés aux manipulations massives, qu’il s’agisse d’infox, de deepfakes ou de campagnes de propagande.
Ces enjeux expliquent les débats actuels sur la régulation du numérique. L’Union européenne a adopté le Digital Services Act et le Digital Markets Act (2022) pour limiter les abus des grandes plateformes, tandis que l’ONU et l’UNESCO discutent d’une gouvernance mondiale d’Internet. Internet apparaît ainsi comme un outil d’émancipation démocratique, mais aussi comme un espace de vulnérabilité politique, au cœur des tensions contemporaines sur la souveraineté et la liberté d’informer.
