L’État fait-il obstacle à ma liberté ?

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Parce qu’il dispose du droit d’imposer la loi, l’État apparaît généralement comme une force contraignante et parfois liberticide. Mais les lois ne nous aident-elles pas aussi à être libres ?

I. L’État juste fonde et protège la liberté du citoyen

L’État peut faire obstacle à ma liberté s’il a pour seule finalité la sécurité. Les citoyens courent alors le risque de se voir privés de toutes leurs libertés, au nom de la sécurité, et de devenir prisonniers d’un État autoritaire.

Dans Du contrat social, Rousseau montre que l’État ne peut pas se contenter d’assurer la protection des citoyens : « On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s’y trouver bien ? »

La thèse défendue par Rousseau repose sur la possible conciliation de l’autorité de l’État et de la liberté du citoyen. Le but de l’institution de l’État n’est autre que la fondation et la préservation de la liberté des citoyens : autrement, nous perdrions ce qui est au cœur de notre humanité.

Citation

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« Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme » (Rousseau, Du contrat social).

II. L’idéal démocratique permet l’affirmation d’une liberté civile

1) Les conditions d’institution de la démocratie

Pour Rousseau, les hommes doivent s’associer les uns aux autres avant de se soumettre à une autorité politique. En s’unissant, ils forment le peuple de la démocratie. Autrement dit, chaque citoyen est à la fois sujet et souverain : il participe aux décisions politiques et ces décisions s’appliquent aussi à lui.

Mot-clé

Le mot démocratie vient du grec ancien demos (« le peuple ») et cratos (« le pouvoir »). Il faut distinguer la démocratie directe, où tous les citoyens prennent part à l’élaboration des lois, de la démocratie indirecte, qui implique l’élection de représentants.

En concluant un tel pacte, les hommes échangent leur liberté naturelle contre une liberté civile garantie par les institutions : nul ne peut les priver de leurs droits sans subir la contrainte du corps politique tout entier.

2) La volonté générale comme expression libre de la volonté du peuple

Mais comment la liberté individuelle peut-elle se satisfaire des décisions du peuple ? En réalité, lorsqu’ils votent les lois, les citoyens doivent se placer du point de vue de l’ensemble du corps social : c’est ce que Rousseau appelle la volonté générale.

Autrement dit, lorsque nous nous soumettons aux lois, nous le faisons parce que nous comprenons qu’elles défendent l’intérêt de la société entière. En s’acquittant de ses impôts, le citoyen sait par exemple qu’il permet le fonctionnement des institutions et des services publics. Ainsi, la loi n’est plus une contrainte mais une obligation, une règle que le citoyen se donne à lui-même.

III. Les dérives de la démocratie

Dans l’entre-deux-guerres émergent des systèmes politiques totalitaires qui s’emploient à nier la liberté des citoyens et à absorber l’ensemble de la sphère sociale. Or ces régimes se sont développés au sein du cadre démocratique, en s’appuyant notamment sur des victoires électorales. Comment les citoyens en viennent-ils à se déposséder eux-mêmes de leur liberté ?

D’après Arendt, le totalitarisme n’est pas tant une exacerbation du pouvoir étatique que le signe d’un dépérissement du corps politique. La naissance d’une société de masse, l’isolement des citoyens et l’absence de débat public ont permis la naissance de ces organisations politiques totales.

Si la démocratie permet en droit l’expression de la liberté de chaque citoyen, ce n’est en fait possible que si les citoyens se saisissent du cadre démocratique pour participer activement à la vie politique et débattre des valeurs et des règles qui doivent régir la société.