Introduction
La glycémie, c’est-à-dire la concentration de glucose (sucre) dans le sang, est normalement maintenue dans une plage étroite autour de () grâce à une régulation hormonale fine assurée principalement par le pancréas. Lorsque ce système se dérègle et que la glycémie reste élevée de manière chronique, on parle de diabète sucré, une pathologie qui constitue aujourd’hui un problème majeur de santé publique. Le diabète de type 1 représente environ 10 % des cas et touche principalement les jeunes, tandis que le diabète de type 2 concerne près de 90 % des patients et connaît une progression rapide dans la population adulte comme chez les adolescents.
Un jalon historique a marqué la médecine moderne : la découverte de l’insuline par Banting et Best en 1921, qui a permis de transformer le diabète de type 1, auparavant mortel, en une maladie chronique contrôlable. Comprendre ces pathologies et leurs mécanismes permet de mesurer l’importance de la prévention, du diagnostic et des traitements dans un contexte sanitaire mondial préoccupant.
Diabète de type 1 et diabète de type 2 : étiologie
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune. Le système immunitaire détruit progressivement les cellules β du pancréas, responsables de la production d’insuline. Privé de cette hormone, l’organisme est incapable de réguler correctement la glycémie (le sucre sanguin). Cette forme de diabète débute souvent chez l’enfant ou le jeune adulte et nécessite un traitement par insuline à vie.
Le diabète de type 2 est une maladie multifactorielle, associant prédispositions génétiques et facteurs environnementaux comme la sédentarité et l’excès pondéral. Dans cette situation, les cellules deviennent progressivement résistantes à l’insuline : bien que l’hormone soit produite, elles n’y répondent plus efficacement. Progressivement, le pancréas s’épuise et la sécrétion d’insuline diminue. Ce type de diabète apparaît en général chez l’adulte, mais touche de plus en plus les jeunes dans le contexte de l’obésité infantile.
À retenir
Le diabète de type 1 est dû à une absence de production d’insuline et concerne environ 10 % des cas, tandis que le diabète de type 2 est lié à une résistance des cellules à l’insuline et touche près de 90 % des patients.
Diagnostic et lien mécanisme → symptômes
Le diagnostic repose sur la mise en évidence d’une hyperglycémie chronique. Une glycémie à jeun supérieure ou égale à (), confirmée à deux reprises, est un critère diagnostique. L’hyperglycémie peut aussi être détectée après un repas ou lors d’un test d’hyperglycémie provoquée. Aujourd’hui, le dosage de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) constitue également un critère de suivi et de diagnostic : une valeur supérieure ou égale à 6,5 % confirme le diabète.
Lorsque la glycémie dépasse le seuil de réabsorption rénale, situé autour de (), le glucose n’est plus totalement réabsorbé et apparaît dans les urines : c’est la glycosurie. Cette perte entraîne une polyurie (urines abondantes) par effet osmotique, car l’eau suit le glucose. La déshydratation qui en résulte provoque une soif intense appelée polydipsie. Ainsi, hyperglycémie, glycosurie, polyurie et polydipsie sont les symptômes caractéristiques du diabète.
À retenir
Le diagnostic du diabète repose sur la glycémie à jeun ( / ), l’HbA1c () et les signes cliniques liés au dépassement du seuil rénal (glycosurie, polyurie, polydipsie).
Conséquences
Sans prise en charge, le diabète entraîne des complications graves. Parmi les complications aiguës, on retrouve surtout l’acidocétose dans le diabète de type 1, liée à l’accumulation de corps cétoniques produits par la dégradation des graisses en l’absence d’insuline. Les principaux symptômes sont :
Une polyurie (urines abondantes et fréquentes) et une polydipsie (soif excessive et persistante) marquées, liées à l’hyperglycémie.
Une fatigue intense, des douleurs abdominales et parfois des vomissements.
Une respiration rapide et profonde (respiration de Kussmaul) qui traduit l’effort de l’organisme pour compenser l’acidose en éliminant du CO₂.
Une haleine à odeur fruitée (due à l’acétone).
Une déshydratation sévère, pouvant entraîner une baisse de la tension artérielle et un état de choc.
À un stade avancé, des troubles de la conscience pouvant évoluer vers le coma.
L’acidocétose est donc une urgence médicale nécessitant une réhydratation, une perfusion d’insuline et une correction des troubles ioniques.
Dans le diabète de type 2, la complication la plus redoutée est le coma hyperosmolaire, conséquence d’une hyperglycémie très élevée qui provoque une déshydratation sévère et une perturbation cérébrale. Les symptômes sont :
Une soif extrême et une polyurie abondante au début.
Une déshydratation sévère (peau sèche, yeux enfoncés, hypotension).
Des crampes et une faiblesse musculaire.
Des troubles neurologiques (confusion, somnolence, convulsions).
Une évolution possible vers un coma si la déshydratation et l’hyperosmolarité ne sont pas corrigées.
Contrairement à l’acidocétose, il n’y a pas de respiration de Kussmaul ni d’odeur d’acétone, car les corps cétoniques sont peu produits. Le traitement repose sur une réhydratation intensive et la correction progressive de la glycémie.
Les complications chroniques s’installent insidieusement et concernent de nombreux organes. Les atteintes cardiovasculaires (athérosclérose, infarctus, AVC) sont les plus fréquentes. Le diabète peut également endommager les reins (néphropathies), les yeux (rétinopathies pouvant évoluer vers la cécité) et les nerfs (neuropathies). Un aspect clinique majeur est celui du pied diabétique : la combinaison de neuropathies et d’atteintes vasculaires favorise la formation d’ulcères, parfois compliqués d’infections, pouvant conduire à des amputations.
À retenir
Les complications cardiovasculaires sont les plus fréquentes, mais le diabète peut aussi entraîner des atteintes rénales, oculaires, nerveuses et le pied diabétique, une complication grave et invalidante.
Prévention et prise en charge
Le diabète de type 1 ne peut pas être prévenu à ce jour. Sa prise en charge repose sur un traitement substitutif par insuline, associé à un suivi strict de la glycémie et à une alimentation équilibrée.
Le diabète de type 2, en revanche, peut être largement prévenu. La forte augmentation de ce diabète dans le monde est liée à la transition nutritionnelle et à la sédentarisation apparues au cours du XXᵉ siècle : l’abondance calorique, la consommation accrue de sucres et de graisses et la diminution de l’activité physique ont favorisé son explosion. Aujourd’hui, la prévention repose sur une hygiène de vie adaptée : pratique régulière d’une activité physique, alimentation équilibrée et maintien d’un poids de forme. Lorsqu’il est diagnostiqué, il est d’abord pris en charge par des mesures hygiéno-diététiques, puis par des médicaments hypoglycémiants oraux, et parfois par de l’insuline si la maladie progresse.
À retenir
Le diabète de type 1 nécessite un traitement par insuline dès le diagnostic. Le diabète de type 2 est une maladie de civilisation dont la prévention repose sur l’hygiène de vie et l’adaptation aux changements liés à la sédentarité et aux excès alimentaires.
Conclusion
Les diabètes de type 1 et de type 2 traduisent deux dérèglements différents de la régulation de la glycémie (sucre sanguin), mais aboutissent tous deux à une hyperglycémie chronique aux conséquences potentiellement graves. Les symptômes caractéristiques, comme la polyurie et la polydipsie, s’expliquent par la diurèse osmotique déclenchée lorsque le glucose dépasse le seuil de réabsorption rénale.
La prise en charge vise à maintenir la glycémie proche de () et à limiter les complications, en particulier les maladies cardiovasculaires et le pied diabétique, qui représentent des enjeux de santé publique majeurs. Dans un contexte mondial marqué par l’augmentation rapide du diabète de type 2, la prévention apparaît comme une priorité incontournable, et l’histoire récente de la médecine nous rappelle que les progrès scientifiques, comme la découverte de l’insuline en 1921, peuvent transformer radicalement la vie des patients.
