Le rôle du pancréas dans la régulation de la glycémie

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment le pancréas régule en permanence la glycémie grâce à l’action complémentaire de l’insuline, du glucagon et d’autres hormones. Tu comprendras pourquoi cet équilibre est vital pour le cerveau et comment son dérèglement conduit à des pathologies comme le diabète ou l’hypoglycémie. Mots-clés : glycémie, insuline, glucagon, pancréas, homéostasie, diabète.

Introduction

Un simple repas peut faire varier la concentration de glucose dans le sang, appelée glycémie. Pourtant, malgré ces fluctuations, l’organisme maintient ce paramètre dans une plage étroite comprise entre 0,70,7 et 1,1 gL11,1~g·L⁻¹ à jeun, avec une valeur moyenne autour de 1 gL11~g·L⁻¹. Ce contrôle est vital, notamment pour le cerveau dont de nombreuses cellules sont glucodépendantes : elles utilisent presque exclusivement le glucose comme carburant.

Toutefois, en cas de jeûne prolongé, le cerveau peut aussi recourir partiellement aux corps cétoniques, produits par le foie à partir des acides gras. Le pancréas, grâce à la sécrétion d’hormones, est l’organe central de la régulation de la glycémie, garantissant ainsi l’homéostasie glycémique.

Lorsque ce système se dérègle, les conséquences peuvent être graves : l’hyperglycémie chronique, typique du diabète sucré, entraîne à long terme des complications cardiovasculaires et rénales, tandis que l’hypoglycémie constitue une urgence vitale immédiate, car un manque de glucose dans le sang peut provoquer des troubles neurologiques graves, voire un coma.

Notion d’homéostasie

L’homéostasie désigne la capacité de l’organisme à maintenir stables certains paramètres internes, comme la température, le pH, la concentration en ions, le volume des liquides ou encore la glycémie.

Pour le glucose sanguin, l’équilibre repose sur un ajustement permanent entre les apports, issus de l’alimentation ou de la libération des réserves, et l’utilisation du glucose par les cellules pour produire de l’énergie.

Cette régulation repose sur des mécanismes hormonaux précis, principalement ceux du pancréas, mais aussi sur l’action complémentaire d’autres hormones hyperglycémiantes.

À retenir

L’homéostasie glycémique maintient la glycémie dans une plage de 0,70,7 à 1,1 gL11,1~g·L⁻¹ grâce à une régulation hormonale.

Rôle du pancréas et des hormones impliquées

Le pancréas renferme de petits amas cellulaires spécialisés, les îlots de Langerhans, qui sécrètent deux hormones majeures et antagonistes.

L’insuline, produite par les cellules ββ, est libérée lorsque la glycémie augmente, comme après un repas. Elle favorise l’entrée du glucose dans les cellules et son stockage sous forme de glycogène dans le foie et les muscles, ou encore de lipides dans le tissu adipeux. On compare souvent l’insuline à une clé qui ouvre la porte des cellules au glucose. En réalité, ce mécanisme repose sur des transporteurs membranaires, notamment les GLUT4 présents dans les muscles et les adipocytes, dont la mise en place à la surface des cellules est déclenchée par l’insuline. Sans cette action, le glucose ne peut pas pénétrer efficacement dans les tissus périphériques.

Le glucagon, produit par les cellules αα, joue un rôle complémentaire. Il est sécrété quand la glycémie chute, notamment à jeun, et agit comme un signal d’alerte envoyé au foie. Il stimule alors deux processus étroitement liés. Le premier est la glycogénolyse, c’est-à-dire la dégradation du glycogène stocké dans les cellules hépatiques en molécules de glucose immédiatement libérées dans le sang. Le second est la néoglucogenèse, qui correspond à la fabrication de glucose « neuf » à partir de précurseurs non glucidiques, principalement les acides aminés issus des protéines et le glycérol provenant des lipides. Ce processus se déroule essentiellement dans le foie et, dans une moindre mesure, dans le rein. Grâce à ces deux mécanismes, le glucagon assure un approvisionnement constant en glucose, garantissant notamment que le cerveau continue de recevoir son énergie même en l’absence d’apports alimentaires.

D’autres hormones participent également à la régulation glycémique. L’adrénaline, sécrétée en cas de stress aigu ou d’effort intense, provoque une mobilisation rapide du glucose en stimulant fortement la glycogénolyse. Le cortisol, hormone libérée lors de stress prolongés, agit sur des temps plus longs en favorisant la néoglucogenèse et en préparant l’organisme à résister à une privation énergétique. L’hormone de croissance, particulièrement active pendant l’enfance et l’adolescence, stimule la mobilisation des graisses et limite l’utilisation du glucose par certains tissus, ce qui contribue à maintenir la glycémie et à réserver le glucose aux organes vitaux. Ces hormones, qualifiées d’hyperglycémiantes, complètent donc l’action du glucagon dans des contextes particuliers comme le jeûne prolongé, le stress ou la croissance.

À retenir

L’insuline abaisse la glycémie en favorisant l’entrée et le stockage du glucose via les transporteurs GLUT4, tandis que le glucagon et les autres hormones hyperglycémiantes (adrénaline, cortisol, hormone de croissance) assurent son maintien dans des situations de jeûne, de stress ou de croissance.

Régulation de la glycémie post-prandiale et à jeun

Après un repas, l’absorption du glucose provoque une élévation rapide de la glycémie. Le pancréas réagit en augmentant la sécrétion d’insuline, ce qui stimule l’entrée et le stockage du glucose dans les cellules. La glycémie redescend ainsi progressivement pour se stabiliser autour de 1 gL11~g·L⁻¹. La courbe glycémique illustre bien cette dynamique : une montée post-prandiale, suivie d’un retour progressif à la valeur normale en deux à trois heures.

À l’inverse, lors d’un jeûne prolongé, la consommation continue de glucose par les cellules tend à faire baisser la glycémie. Le pancréas sécrète alors davantage de glucagon, qui active à la fois la glycogénolyse et la néoglucogenèse hépatique. La glycémie remonte et se maintient dans la plage physiologique, garantissant un apport constant d’énergie, notamment au cerveau. Si cette régulation échoue, l’hypoglycémie survient : elle se manifeste par des sueurs, des tremblements, des vertiges, et peut évoluer rapidement vers des convulsions et un coma, soulignant le caractère vital de cette régulation.

À retenir

Après un repas, l’insuline abaisse la glycémie vers 1 gL11~g·L⁻¹ ; à jeun, le glucagon et les hormones hyperglycémiantes la ramènent dans sa plage normale, comme le montre la courbe glycémique. Une hypoglycémie sévère représente un risque vital immédiat.

Conclusion

Le pancréas est l’organe clé de la régulation glycémique. Grâce à l’action coordonnée de l’insuline, qui agit notamment via les transporteurs GLUT4, et du glucagon, mais aussi de l’adrénaline, du cortisol et de l’hormone de croissance, il ajuste en permanence la concentration de glucose sanguin dans une plage comprise entre 0,70,7 et 1,1gL11,1 g·L⁻¹.

Cette régulation assure un apport énergétique constant aux cellules, en particulier aux neurones, tout en évitant deux déséquilibres majeurs : l’hyperglycémie chronique, caractéristique du diabète sucré, et l’hypoglycémie, qui constitue une urgence vitale. La compréhension de ces mécanismes, illustrée par la courbe glycémique, est donc essentielle pour saisir à la fois le fonctionnement normal de l’organisme et les enjeux de santé publique liés aux pathologies métaboliques.