Une société française transformée

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment la France s’industrialise à la veille de 1914, entre innovations techniques, montée des grandes entreprises et affirmation du mouvement ouvrier. Tu verras aussi comment les expositions universelles de 1889 et 1900 célèbrent la modernité et nourrissent la confiance dans le progrès. Mots-clés : industrialisation, question sociale, mouvement ouvrier, CGT, expositions universelles, tour Eiffel.

Introduction

À la veille de la Première Guerre mondiale, la France n’est plus celle du milieu du XIXᵉ siècle. L’industrialisation s’est poursuivie, portée par les découvertes techniques, et bouleverse à la fois l’économie et les structures sociales. De grandes entreprises apparaissent, les ouvriers s’organisent, et la « question sociale » occupe une place croissante dans le débat public. Les expositions universelles, notamment celles de 1889 et de 1900, deviennent de véritables vitrines célébrant le progrès et nourrissant la confiance en l’avenir.

La poursuite de l’industrialisation et les innovations techniques

Après 1870, la France connaît une croissance industrielle réelle mais plus lente et moins régulière que celle du Royaume-Uni ou de l’Allemagne. Les années 1880 marquent même un ralentissement, mais plusieurs secteurs se modernisent profondément : la sidérurgie, la mécanique et la chimie. L’électricité fait son apparition dans les années 1890, d’abord dans les grandes villes, où elle éclaire les rues et alimente les machines, avant de se diffuser très lentement dans les campagnes.

Le perfectionnement du moteur à explosion ouvre la voie à l’automobile et à l’aviation. Dans le monde rural, la mécanisation progresse encore timidement, mais l’usage d’engrais chimiques et l’amélioration des transports, notamment ferroviaires, stimulent la production agricole et sa commercialisation. Les villes, reliées par un réseau dense de chemins de fer, deviennent de véritables centres industriels et commerciaux.

À retenir

L’industrialisation française avance grâce à l’électricité, aux moteurs modernes et à l’essor de la sidérurgie et de la chimie, mais elle reste moins rapide et plus irrégulière que chez ses voisins européens.

Le développement du mouvement ouvrier et la question sociale

L’essor industriel entraîne une croissance rapide de la population ouvrière, concentrée dans les grandes villes et les bassins industriels. Les conditions de travail demeurent difficiles : journées longues, salaires modestes, logements insalubres. Une première réglementation apparaît avec la loi Millerand de 1900, qui fixe la durée maximale du travail à dix heures pour les enfants de 12 à 16 ans et encadre également celui des femmes. Cependant, pour la majorité des ouvriers adultes, aucune limite générale n’est encore imposée avant 1914. La véritable généralisation de la journée de huit heures ne sera votée qu’en 1919, après la guerre. La « question sociale » devient ainsi une préoccupation majeure.

Le mouvement ouvrier se renforce après la loi Waldeck-Rousseau de 1884 qui reconnaît les syndicats. Les grèves se multiplient, réclamant de meilleurs salaires, des journées plus courtes et davantage de sécurité dans les ateliers. La fondation de la CGT en 1895 donne une nouvelle ampleur à ces mobilisations, en privilégiant souvent l’action directe et la grève générale dans une perspective syndicaliste révolutionnaire.

À retenir

Les ouvriers, organisés dans des syndicats désormais légaux, placent la question sociale au cœur de la vie politique et des débats publics.

Les grandes concentrations industrielles : Le Creusot et la famille Schneider

L’industrialisation s’accompagne de la montée en puissance de vastes entreprises qui concentrent capitaux et moyens de production. L’exemple du Creusot, dominé par la famille Schneider, illustre ce phénomène. Spécialisée dans la métallurgie et la construction ferroviaire, l’entreprise s’impose aussi comme un acteur majeur de l’armement, en produisant canons, blindés et autres matériels militaires. Elle emploie plusieurs milliers d’ouvriers et contrôle un véritable territoire avec ses logements, ses écoles et même ses hôpitaux.

Ce système, qualifié de paternalisme industriel, combine des avantages sociaux pour les ouvriers avec un contrôle strict de leur vie quotidienne. Les travailleurs bénéficient d’un encadrement matériel mais leur liberté d’organisation reste limitée.

À retenir

Les grandes entreprises comme les usines Schneider du Creusot symbolisent la concentration industrielle et le paternalisme patronal.

Les expositions universelles de 1889 et 1900 : vitrines du progrès

À Paris, les expositions universelles deviennent des rendez-vous majeurs, destinés à montrer au monde les réussites industrielles, scientifiques et artistiques de la France.

En 1889, l’événement célèbre le centenaire de la Révolution française et offre à la capitale un nouveau symbole : la tour Eiffel, conçue par Gustave Eiffel, incarnation de la modernité. En 1900, l’accent est mis sur l’électricité, les innovations dans les transports et les arts décoratifs. Des millions de visiteurs viennent admirer les pavillons étrangers, les machines, les œuvres d’art et les inventions, nourrissant l’idée d’un avenir guidé par le progrès technique et industriel.

À retenir

Les expositions universelles de 1889 et 1900 glorifient la puissance industrielle et culturelle de la France, renforçant l’image d’une nation moderne.

Conclusion

À la veille de 1914, la France est pleinement engagée dans l’ère industrielle. Les innovations techniques transforment la production et la vie quotidienne, les grandes entreprises structurent l’économie et le mouvement ouvrier impose ses revendications. Les expositions universelles affichent une fierté nationale et une croyance dans le progrès, mais derrière cette image rayonnante persistent de profondes inégalités sociales et économiques.