Une France en transitions

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La France traverse de douloureuses transitions. Les crises successives remettent en question son modèle socio-économique. Sa population post-baby boom semble à présent rentrer dans l’hiver démographique.

I Un pays à haut niveau de développement en recul relatif…

1 Un pays très développé héritier des Trente Glorieuses

La France demeure un pays à très haut niveau de développement, avec un IDH de 0,901 en 2017. Mais cela ne la classe cependant plus qu’au 24e rang mondial. Elle était 8e en 1995… Son développement se ralentit : + 0,86 % par an de 1990 à 2000, + 0,38 % entre 2000 et 2010, + 0,31 % entre 2010 et 2017.

Repère
Mot clé

Une économie fordiste se caractérise par la production en grandes séries de biens et des salaires élevés, d’où l’essor des classes moyennes.

La France a cependant connu, entre 1945 et 1974, une période de forte croissance économique : + 5,3 % par an en moyenne, en particulier pendant les années 1960. C’est le triomphe d’une économie fordiste. Le niveau de vie des classes moyennes s’améliore de façon décisive. La France finance un modèle d’un État-providence très généreux.

2 La France en crises

En 1973 et 1979, toutefois, les chocs pétroliers révèlent un certain essoufflement de la croissance. De 1974 à 2010, le taux de croissance tombe autour de 2 %. Le chômage devient structurel. Confrontée à une mondialisation à laquelle elle est mal préparée, l’économie française connaît un déclin relatif.

La crise de 2008, très violente, touche la France moins violemment que les autres pays de la zone euro : leur PIB recule de 4 % en 2009 contre – 2,9 % en France, en raison du rôle amortisseur du système de protection sociale. Mais, entre 2008 et 2018, le taux de croissance moyen tombe sous 1 %.

3 Un modèle qui s’effondre sous son propre poids

Le déficit, constant depuis 1974, du budget de l’État et des collectivités territoriales ainsi que les dépenses sociales gonflent un endettement devenu aujourd’hui considérable : 2 300 milliards d’euros en 2018, soit 99 % du PIB, contre 20 % en 1975. Les dépenses sociales générées par la crise de 2008 ont fait progresser la dette de 50 %.

Ainsi, il apparaît que la France se trouve dans une phase de changements majeurs. Son modèle doit s’adapter aux contraintes d’une mondialisation qui force la recomposition des systèmes économiques et sociaux sur la planète entière.

II … qui entre dans l’hiver démographique

1 Un pays pionnier dans la transition démographique

Les pays du Sud les plus avancés terminent aujourd’hui leur transition démographique. Or, la France a expérimenté ce modèle dès le milieu du XVIIIe siècle.

Le vieillissement et la stagnation démographique furent ainsi très sensibles pendant l’entre-deux-guerres : en 1945, la France compte, avec 39,6 millions d’habitants, la même population qu’en 1886. Mais se déclenche alors le baby boom.

2 Le baby boom en France

Cette période démographique exceptionnelle (1942-1970) est marquée par une fécondité très élevée et une hausse du nombre de jeunes et de l’espérance de vie.

La mortalité continue de reculer. Les politiques familiales soutiennent la natalité. Le solde migratoire contribue largement à la croissance démographique.

3 Vers le baby krach ?

La fin du baby boom entraîne une réduction de la fécondité et de la natalité. La fécondité tombe sous le seuil de remplacement des générations (1,73 en 1994).

À partir de 2000, la fécondité française connaît une hausse (2,02 en 2010). Mais depuis quelques années, elle entre à son tour dans l’hiver démographique.

Zoom

L’évolution des soldes migratoire et naturel en France

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Source : Ined.

Le solde migratoire contribue fortement au solde total pendant les Trente Glorieuses (noter le pic de 1962 des rapatriés d’Algérie).

Le solde naturel se reprend après l’an 2000. Il représente les trois quarts du solde total, à l’inverse de la plupart des pays européens.