La France dans l’histoire du développement : atouts et mutations

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Dans cette leçon, tu découvres comment la France, puissance économique historique et membre du G7, cherche à adapter son modèle au XXIᵉ siècle. Entre désindustrialisation, transition écologique et innovation, elle tente de concilier souveraineté économique, justice sociale et développement durable. Mots-clés : France, G7, économie, réindustrialisation, transition écologique, développement durable.

Introduction

Puissance économique ancienne, la France occupe une place singulière dans l’histoire du développement mondial. Son essor repose sur une industrialisation progressive amorcée au XIXe siècle et sur une expansion coloniale qui a renforcé son influence internationale. Aujourd’hui, elle fait partie du G7, c’est-à-dire le Groupe des sept principales puissances économiques mondiales : les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada.

Membre fondatrice de l’Union européenne (UE), la France reste une grande économie développée, mais elle doit faire face à de profondes mutations économiques : désindustrialisation, mondialisation, transition écologique et numérique. Comprendre sa trajectoire, c’est analyser comment un pays au passé industriel et colonial fort cherche à s’adapter aux défis du XXIe siècle.

L’héritage historique : industrialisation, puissance et empire colonial

La France s’industrialise plus tardivement que le Royaume-Uni. Alors que la révolution industrielle britannique débute dès les années 1760, l’industrialisation française s’accélère surtout à partir des années 1830-1840, portée par le développement du chemin de fer, de la sidérurgie, du textile et des mines de charbon. Ce processus est plus lent et plus dispersé, reposant sur un tissu de petites et moyennes entreprises (PME) plutôt que sur une concentration massive d’usines.

Cette industrialisation provoque un important exode rural, c’est-à-dire le départ massif des habitants des campagnes vers les villes. Des régions comme le Nord, la Lorraine ou Saint-Étienne deviennent les pôles industriels du pays. La croissance urbaine transforme le territoire : les villes s’étendent, les modes de vie changent et la société se structure autour du travail industriel.

Parallèlement, la France développe un vaste empire colonial. Ses premières colonies remontent au XVIIe siècle (Antilles, comptoirs africains, Canada). Après la conquête de l’Algérie en 1830, l’expansion s’intensifie entre 1880 et 1930, dans le cadre de l’impérialisme européen. Le pays s’impose en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Madagascar), en Asie (Indochine) et dans le Pacifique. Cet empire fournit à la France des ressources agricoles et minières et de nouveaux débouchés commerciaux, mais il profite surtout à certaines élites économiques. Il renforce la puissance et le rayonnement du pays, sans constituer pour autant un moteur essentiel de la croissance industrielle avant 1914.

Après 1945, l’empire joue un rôle plus marqué dans l’approvisionnement en matières premières (pétrole algérien, coton africain, uranium nigérien) et dans les échanges commerciaux, avant le processus de décolonisation des années 1950-1960.

La reconstruction d’après-guerre ouvre la période des Trente Glorieuses (1945-1975), trente années de croissance forte et stable. Cette prospérité repose sur l’aide américaine du Plan Marshall (1947), sur la modernisation des infrastructures, et sur l’intégration européenne avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) puis la Communauté économique européenne (CEE), ancêtres de l’actuelle Union européenne (UE). L’État, à travers le Commissariat général au Plan et la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR), coordonne les investissements et soutient la modernisation industrielle.

À retenir

L’industrialisation progressive, l’expansion coloniale et le rôle central de l’État ont permis à la France de devenir une puissance industrielle et commerciale. L’empire colonial a davantage consolidé son influence politique qu’il n’a alimenté directement la croissance économique.

La France face à la mondialisation : désindustrialisation, tertiarisation et intégration européenne

À partir des années 1970, la France connaît une mutation économique majeure. Les crises pétrolières (1973 et 1979) marquent la fin de la croissance continue et l’entrée dans une période de désindustrialisation, c’est-à-dire de recul durable de la production industrielle et des emplois du secteur secondaire. La part de l’industrie dans le Produit intérieur brut (PIB) passe d’environ 30 % en 1975 à 10 % aujourd’hui.

Ce recul s’explique par la concurrence internationale et par les délocalisations d’usines vers des pays où la main-d’œuvre est moins coûteuse : l’Europe de l’Est, l’Asie du Sud-Est (Chine, Vietnam) ou encore le Maghreb. Cependant, la France conserve un tissu industriel performant dans certains domaines stratégiques : aéronautique (Airbus, Safran), pharmacie (Sanofi), agroalimentaire, énergie et luxe (LVMH, Chanel, Hermès).

En parallèle, la France connaît une tertiairisation rapide. Ce terme désigne la montée en puissance du secteur tertiaire, c’est-à-dire celui des services (commerce, santé, éducation, finance, tourisme, culture), qui représente aujourd’hui plus de 75 % du PIB. Cette transformation reflète la modernisation de la société, mais aussi la concentration des emplois qualifiés dans les grandes métropoles comme Paris, Lyon ou Toulouse, au détriment des anciens bassins industriels.

L’intégration européenne renforce le rôle économique de la France. En tant que cofondatrice de la CEE (1957), elle contribue à la création du marché commun européen, puis adopte la monnaie unique (euro) en 1999. La Politique agricole commune (PAC), mise en place dès les années 1960, soutient les revenus des agriculteurs et favorise la modernisation du secteur rural. Elle a permis à la France de devenir l’une des premières puissances agricoles européennes, tout en soulevant des débats sur l’environnement et la répartition des aides.

À retenir

Depuis les années 1970, la France est passée d’une économie industrielle à une économie de services. Si la mondialisation a fragilisé certaines régions, elle a aussi permis le développement de nouveaux pôles innovants et renforcé l’intégration européenne.

Les mutations contemporaines : réindustrialisation, transition écologique et coopération internationale

Face aux crises économiques et environnementales, la France tente de réinventer son modèle de développement en conciliant croissance, justice sociale et durabilité — c’est-à-dire la capacité à assurer le progrès sans épuiser les ressources naturelles.

L’un des axes majeurs est la réindustrialisation. Après plusieurs décennies de délocalisations, l’État a lancé plusieurs plans de relance : le plan France Relance (2020), le programme Territoires d’industrie (2018) et le plan France 2030 (2021). Ces politiques visent à relocaliser certaines productions essentielles (santé, batteries, semi-conducteurs) et à renforcer la souveraineté industrielle, c’est-à-dire la capacité d’un pays à produire lui-même les biens nécessaires à son indépendance économique.

La transition énergétique et écologique constitue un autre pilier du développement. Le mix énergétique — c’est-à-dire la répartition des différentes sources d’énergie utilisées — repose à 62-63 % sur le nucléaire (selon le gestionnaire du réseau électrique RTE, 2023). Cette énergie garantit une faible émission de gaz à effet de serre, mais pose des questions de sécurité et de gestion des déchets. La France investit aussi dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique) pour atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément au Pacte vert européen (Green Deal).

L’innovation est un autre moteur du développement. Le plan France 2030 soutient la recherche dans les secteurs stratégiques : hydrogène vert, intelligence artificielle (IA), biotechnologies, énergies propres et spatial. Ces investissements visent à moderniser l’économie tout en préparant les transitions de demain.

Les territoires ultramarins, héritiers de l’histoire coloniale, constituent un atout pour la France grâce à leur biodiversité et à leur zone économique exclusive (ZEE), la deuxième du monde. Toutefois, leur développement reste freiné par des contraintes structurelles : éloignement géographique, dépendance énergétique, coût élevé des importations et inégalités sociales.

Enfin, la France joue un rôle actif dans la coopération internationale pour le développement. À travers l’Agence française de développement (AFD), elle soutient des projets d’éducation, de santé et de transition écologique dans plus de 100 pays. Elle consacre environ 0,6 % de son revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD), un effort important mais encore en dessous de l’objectif de 0,7 % fixé par les Nations unies (ONU).

À retenir

La France mise sur la réindustrialisation, la transition écologique et la coopération internationale pour renforcer son autonomie et sa responsabilité mondiale. Ces choix traduisent une recherche d’un développement à la fois compétitif, équitable et durable.

Conclusion

Héritière d’un long passé industriel et colonial, la France demeure une puissance économique majeure, occupant le 7ᵉ rang mondial en 2024. Son modèle, fondé sur la combinaison de l’initiative privée et de l’intervention publique, a permis d’allier croissance, innovation et protection sociale. Mais face aux défis contemporains — désindustrialisation, crise climatique, inégalités et dépendance énergétique —, la France cherche à bâtir un modèle de développement souverain (c’est-à-dire autonome dans ses choix économiques), solidaire et durable (capable de préserver les ressources et les générations futures). En s’appuyant sur l’innovation, la coopération internationale et la transition écologique, elle espère maintenir son rôle de puissance d’équilibre dans la mondialisation du XXIᵉ siècle.