Introduction
Avec environ 68 millions d’habitants en 2024, la France est le pays le plus peuplé de l’Union européenne (UE) après l’Allemagne. Ce chiffre inclut les départements et régions d’outre-mer (DROM), comme la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte. La population française continue d’augmenter, mais plus lentement qu’autrefois. Elle se distingue par une natalité encore relativement élevée, un vieillissement progressif, et un équilibre démographique plus favorable que celui de ses voisins européens.
Comprendre ces tendances, c’est voir comment la démographie façonne l’avenir de la France dans une Europe vieillissante, où la croissance de la population devient un enjeu économique et politique majeur.
Une transition démographique précoce et une croissance encore soutenue
La France est le premier pays européen à avoir connu la transition démographique, c’est-à-dire le passage d’un régime ancien (forte natalité et mortalité) à un régime moderne (faible natalité et mortalité). Ce processus commence dès la fin du XVIIIe siècle et s’étend tout au long du XIXe siècle, bien avant ses voisins européens.
Après un ralentissement au début du XXe siècle, la France connaît un regain nataliste après 1945. C’est la période du baby-boom, soutenue par la reconstruction économique, la stabilité sociale et la création d’une politique familiale ambitieuse : allocations familiales, congé parental, crèches publiques et aides au logement. Ces mesures traduisent la volonté de l’État de soutenir la natalité et la croissance.
Aujourd’hui, la population continue d’augmenter, mais à un rythme ralenti. En 2023, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le taux de fécondité est de 1,68 enfant par femme, en baisse depuis 2014, où il était proche de 2. Malgré cette tendance, la France reste l’un des pays les plus féconds de l’UE (moyenne européenne autour de 1,5).
La croissance démographique repose aussi sur un solde migratoire positif, c’est-à-dire plus d’arrivées que de départs. Il oscille entre +160 000 et +200 000 personnes par an, selon les années. Ce flux, composé principalement de travailleurs, d’étudiants et de réfugiés, reste modéré comparé à d’autres pays européens comme l’Allemagne, mais il contribue au dynamisme démographique de la France.
À retenir
La France a connu une transition démographique précoce et un regain nataliste après 1945. Sa population croît encore aujourd’hui grâce à une natalité supérieure à la moyenne européenne et à un solde migratoire positif mais modéré.
Le vieillissement de la population : une transformation durable
La France connaît un vieillissement continu de sa population, conséquence directe de la baisse de la natalité et de la hausse de l’espérance de vie. En 2023, celle-ci atteint 85 ans pour les femmes et 79 ans pour les hommes (INSEE). Les plus de 65 ans représentent environ 22 % de la population, et la part des plus de 75 ans est celle qui augmente le plus rapidement. D’ici 2050, ils devraient représenter près de 15 % de la population.
Le vieillissement modifie profondément la structure par âge. On distingue deux mesures importantes :
Le rapport de dépendance global, qui évalue le nombre d’inactifs (jeunes et personnes âgées) pour 100 actifs : il est aujourd’hui d’environ 57 inactifs pour 100 actifs et tend à augmenter.
Le rapport entre actifs et retraités, qui mesure uniquement la charge du financement des pensions : il est d’environ 1,7 actif pour 1 retraité, ce qui traduit un équilibre fragile pour le système de retraite par répartition.
La France vieillit moins vite que l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, où la fécondité est plus faible (autour de 1,3 à 1,4 enfant par femme) et où la population active diminue. Néanmoins, le vieillissement pose des défis pour le financement des retraites et la prise en charge des personnes âgées.
À retenir
Le vieillissement résulte de la hausse de l’espérance de vie et de la baisse de la natalité. Il pèse sur les systèmes sociaux mais reste plus maîtrisé en France que dans la plupart des pays européens.
Les conséquences économiques, sociales et territoriales
Le vieillissement et la transformation démographique influencent tous les domaines de la vie économique et sociale.
Sur le plan économique, le système de retraite par répartition, où les actifs financent les pensions des retraités, est fragilisé par la baisse du nombre de cotisants. La réforme de 2023 a repoussé l’âge légal de départ à 64 ans, pour garantir la viabilité financière du système.
Sur le plan social, la demande en soins et en accompagnement augmente. Les EHPAD (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et les services d’aide à domicile se développent. La silver economy — c’est-à-dire l’ensemble des activités économiques liées aux besoins des seniors, comme la santé, les loisirs ou les technologies adaptées — devient un moteur de croissance et d’innovation.
Sur le plan territorial, les contrastes démographiques s’accentuent. Les régions du Sud et de l’Ouest (comme la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie) attirent les retraités, notamment sur le littoral atlantique et autour de la métropole de Toulouse. À l’inverse, des zones rurales et certains anciens bassins industriels du Nord (Ardennes, Pas-de-Calais) ou de l’Est (Haute-Marne, Meuse) perdent des habitants. L’Île-de-France, région la plus peuplée et la plus jeune, reste un moteur démographique grâce à son attractivité économique et migratoire, en particulier autour de Paris. D’autres métropoles, comme Lyon, Bordeaux ou Nantes, connaissent également une forte croissance démographique liée à l’emploi et à la qualité de vie.
À retenir
La démographie influence l’économie, la santé et l’aménagement du territoire. Si certaines régions vieillissent ou se dépeuplent, d’autres, plus dynamiques, concentrent la croissance et les migrations internes.
La démographie française dans le contexte européen
La France se distingue dans une Europe vieillissante. Avec une natalité supérieure et une population encore en croissance, elle demeure l’un des rares pays européens à maintenir une dynamique démographique positive avec l’Irlande et la Suède.
L’Europe occidentale (France, Allemagne, Belgique) connaît une croissance faible et un vieillissement marqué, mais la France garde une structure par âge plus équilibrée. L’Europe méridionale (Italie, Espagne, Portugal) se caractérise par une fécondité très faible (autour de 1,3) et un vieillissement rapide. L’Europe centrale et orientale (Pologne, Roumanie, Bulgarie) subit un déclin démographique lié à un solde migratoire négatif : de nombreux jeunes émigrent vers l’Ouest pour chercher du travail.
Cette vitalité française a des répercussions européennes. D’abord sur le plan économique, car une population plus jeune soutient la croissance et la consommation. Ensuite sur le plan politique : la répartition des sièges au Parlement européen dépend de la population de chaque pays, et la France conserve ainsi un poids démographique important dans l’UE.
À retenir
La France, plus jeune et plus dynamique que la plupart de ses voisins, renforce sa position dans l’Union européenne. Sa démographie soutient la croissance économique et son influence politique en Europe.
Conclusion
La démographie française se distingue par une transition ancienne, une fécondité encore soutenue et un vieillissement maîtrisé. Avec 68 millions d’habitants (DROM inclus), un taux de fécondité de 1,68 et un solde migratoire positif d’environ +180 000 personnes par an, la France conserve un équilibre démographique enviable au sein de l’Europe. Cependant, la baisse de la natalité, la hausse du rapport de dépendance et les déséquilibres territoriaux appellent des réponses politiques adaptées.
Le maintien d’une politique familiale active, la réforme du système de retraites et une meilleure planification territoriale sont essentiels pour préserver cet équilibre. Dans une Europe vieillissante et parfois en déclin, la vitalité démographique de la France demeure un atout stratégique, à la fois pour son développement intérieur et pour son rôle au sein de l’Union européenne.
