Ressources énergétiques et inégalités de consommation

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Dans cette leçon, tu vas comprendre comment la répartition inégale des ressources et de la consommation énergétique influence à la fois le climat et les inégalités sociales. Tu verras aussi comment une transition énergétique juste peut répondre à ces défis mondiaux. Mots-clés : transition énergétique, inégalités énergétiques, énergies fossiles, justice climatique, précarité énergétique, énergies renouvelables.

Introduction

L’énergie est essentielle au fonctionnement des sociétés : elle permet de produire, de se déplacer, de se chauffer, de communiquer et d’accéder à la plupart des services. Depuis le XIXe siècle, le développement économique mondial repose sur une consommation croissante de ressources énergétiques, en particulier d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Cette dépendance a contribué à la hausse du niveau de vie, mais aussi à l’augmentation massive des émissions de gaz à effet de serre, à l’origine du changement climatique.

Toutefois, cette consommation n’est ni uniforme ni équitable : les ressources énergétiques sont inégalement réparties, et les niveaux de consommation varient fortement selon les régions du monde, les pays et les catégories sociales. Comprendre ces inégalités est fondamental pour penser une transition énergétique efficace, respectueuse à la fois de l’environnement et des besoins humains essentiels.

Des ressources énergétiques inégalement réparties

Les ressources énergétiques primaires — c’est-à-dire les sources d’énergie telles qu’elles sont extraites de la nature avant transformation (charbon, pétrole, gaz, uranium, rayonnement solaire, vent, biomasse, etc.) — sont très inégalement réparties à l’échelle planétaire. Quelques exemples :

  • Le pétrole est principalement extrait au Moyen-Orient, en Russie, aux États-Unis et au Venezuela.

  • Le gaz naturel est abondant en Russie, au Qatar, en Iran et au Canada.

  • Le charbon domine encore en Chine, en Inde, en Australie et en Afrique du Sud.

  • L’uranium, utilisé dans les centrales nucléaires, est concentré dans des pays comme le Kazakhstan, le Canada ou l’Australie.

  • Les ressources renouvelables dépendent des conditions géographiques : fort potentiel solaire en Afrique, hydraulique en Amérique du Sud, éolien en Europe du Nord…

Cette répartition géographique crée des situations de dépendance énergétique pour les pays importateurs et favorise parfois des tensions géopolitiques liées à l’accès aux ressources et à leur contrôle.

À retenir

  • Les ressources énergétiques primaires sont inégalement réparties dans le monde.

  • Elles sont à l’origine de dépendances stratégiques entre pays.

  • Les énergies renouvelables offrent une voie vers une production plus locale et potentiellement plus équitable.

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Inégalités de consommation et types d’énergie

La consommation d’énergie est elle aussi très inégalement répartie. On distingue trois niveaux principaux d’inégalités :

  • Entre pays : les pays riches consomment bien plus d’énergie que les pays en développement.

  • Au sein d’un même pays : les foyers à hauts revenus ont des usages énergétiques bien plus intensifs que les plus modestes (logement, déplacements, numérique).

  • Entre usages : certains usages sont vitaux (chauffage, cuisson), d’autres relèvent du confort ou du loisir.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, un habitant des États-Unis consomme en moyenne près de 7 tonnes équivalent pétrole (tep) par an, contre moins de 0,5 tep en moyenne en Afrique subsaharienne (données 2022).

De plus, il est important de distinguer :

  • l’énergie primaire, qui désigne l’énergie telle qu’elle est disponible dans la nature (ex. : charbon, rayonnement solaire),

  • et l’énergie finale, qui est celle effectivement utilisée par le consommateur (électricité, carburant, chaleur), après transformation et transport. Le rendement de cette transformation dépend du type de source et de technologie : on parle alors d’efficacité énergétique.

Enfin, les émissions de gaz à effet de serre dépendent non seulement du volume d’énergie utilisé, mais surtout de la nature de la source : le charbon est très émetteur, tandis que l’éolien ou le solaire n’émettent quasiment rien lors de leur fonctionnement.

À retenir

  • L’énergie consommée varie fortement selon les pays et les catégories sociales.

  • Il faut distinguer énergie primaire (brute) et énergie finale (utilisable), ainsi que leur rendement.

  • Les émissions dépendent moins de la quantité d’énergie que de son origine (fossile ou non).

Inégalités sociales et environnementales

Les conséquences de ces déséquilibres sont multiples :

  • Sur l’environnement : environ 75 % des émissions mondiales de CO₂ (GIEC, 2023) proviennent de la combustion d’énergies fossiles.

  • Sur l’accès à l’énergie : selon l’Agence internationale de l’énergie (2023), 733 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, principalement en Afrique subsaharienne.

  • Sur les inégalités sociales : selon Oxfam (2020), les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de près de la moitié des émissions mondiales, tandis que la moitié la plus pauvre n’en génère que 10 %.

Dans les pays industrialisés, une part croissante de la population est confrontée à la précarité énergétique, c’est-à-dire à l’incapacité de satisfaire ses besoins de base en énergie, comme chauffer son logement ou utiliser l’électricité, faute de revenus suffisants ou d’un habitat mal isolé.

À retenir

  • La combustion des énergies fossiles est la première source de gaz à effet de serre.

  • L’accès à l’énergie reste un enjeu majeur dans de nombreuses régions du monde.

  • La précarité énergétique concerne aussi les pays riches, touchant les ménages modestes.

Quelles solutions pour une transition équitable ?

La transition énergétique désigne l’évolution vers un système énergétique plus durable, plus sobre, et reposant sur des sources moins polluantes. Pour être équitable, elle doit également réduire les inégalités d’accès et de consommation. Plusieurs leviers peuvent y contribuer :

  • Développer les énergies renouvelables, localement accessibles, pour diversifier les sources et renforcer l’autonomie énergétique.

  • Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, véhicules, appareils électroménagers, etc.

  • Promouvoir la sobriété énergétique, c’est-à-dire la réduction volontaire des usages superflus.

  • Instaurer une tarification progressive, un système dans lequel les premières tranches de consommation sont facturées à bas prix (pour couvrir les besoins essentiels) et les tranches suivantes à des tarifs plus élevés.

  • Financer l’accès universel à l’énergie propre, par des politiques publiques et des transferts internationaux vers les pays les plus vulnérables.

  • Renforcer l’éducation aux usages responsables de l’énergie.

Dans ce cadre, on parle aussi de justice climatique, un principe qui vise à répartir équitablement les efforts de lutte contre le réchauffement, en tenant compte des responsabilités historiques, des capacités économiques et des besoins fondamentaux.

À retenir

  • La transition énergétique doit être à la fois écologique et équitable.

  • Elle repose sur les énergies renouvelables, l’efficacité, la sobriété et la solidarité.

  • La justice climatique consiste à répartir les efforts en fonction des responsabilités et des besoins.

Conclusion

L’accès à l’énergie et la manière dont elle est produite et consommée reflètent les grandes inégalités mondiales. Les pays les plus riches et les classes sociales les plus aisées sont les principaux consommateurs et les plus gros émetteurs, alors que les plus modestes peinent parfois à satisfaire leurs besoins de base.

Répondre à ces déséquilibres implique de construire une transition énergétique rigoureuse, reposant sur des choix techniques, politiques et sociaux. Elle doit limiter les émissions, améliorer l’accès à l’énergie propre et corriger les inégalités existantes, dans une logique de responsabilité partagée et de solidarité internationale.