Quand deux continents se rencontrent : la collision

icône de pdf
Signaler
Dans cette leçon, tu découvres comment la collision des continents engendre l’épaississement de la croûte, la formation de plis, de failles et de nappes de charriage, ainsi que la création de reliefs spectaculaires comme l’Himalaya ou les Alpes. Tu comprends aussi le rôle de l’isostasie et les indices géologiques, tels que les éclogites ou les ophiolites, qui retracent l’histoire des anciennes subductions et océans disparus. Mots-clés : collision continentale, isostasie, nappes de charriage, ophiolites, éclogites, formation des montagnes.

Introduction

Lorsque deux continents convergent, leur rencontre entraîne un affrontement singulier. La lithosphère continentale, globalement moins dense que le manteau, ne peut pas plonger durablement comme la lithosphère océanique. Toutefois, des fragments de croûte continentale peuvent être temporairement entraînés en profondeur avant d’être ramenés vers la surface. Cette situation, appelée collision continentale, conduit à de profondes déformations et à la formation des grandes chaînes de montagnes. L’Himalaya, issu de la rencontre entre l’Inde et l’Asie, ou les Alpes, nées de la fermeture de l’océan alpin, en sont des exemples emblématiques.

L’affrontement des lithosphères continentales

La collision intervient généralement après la fermeture d’un océan par subduction. Lorsque les masses continentales entrent en contact, aucune ne peut s’enfoncer complètement. L’énergie de la convergence se traduit alors par un épaississement crustal. Dans les grands orogènes (chaînes de montagnes issues de collisions), la croûte peut atteindre 70 km d’épaisseur, contre environ 30 à 40 km en moyenne. Cet épaississement produit une racine crustale, c’est-à-dire une partie de croûte enfoncée en profondeur et compensée par le manteau selon le principe de l’isostasie.

L’isostasie est un équilibre vertical entre la croûte et le manteau. On peut l’illustrer par l’image d’un iceberg : une partie flotte à la surface de l’eau tandis qu’une autre est immergée, plus grande que ce qui est visible. De la même manière, la croûte continentale, moins dense que le manteau, « flotte » sur celui-ci : plus elle est épaisse, plus elle s’enfonce, ce qui permet de maintenir les reliefs élevés en surface. Les études sismiques, grâce aux vitesses des ondes P et S, confirment l’existence de ces racines crustales profondes sous les grandes chaînes.

À retenir

Lors d’une collision, la croûte continentale s’épaissit et peut atteindre 70 km. L’isostasie, comparable à l’équilibre d’un iceberg flottant, explique le maintien des reliefs et se vérifie par les études sismiques.

Les déformations : plis, failles et nappes de charriage

La convergence entraîne aussi de fortes déformations horizontales. Les couches de roches se plient sous la compression, donnant naissance à des plis visibles dans les montagnes. Lorsque les contraintes dépassent la résistance des roches, celles-ci se fracturent en failles inverses, traduisant le raccourcissement de la croûte.

Un phénomène marquant est celui des nappes de charriage. Il s’agit de grands ensembles de roches qui, sous la pression, se déplacent sur plusieurs dizaines de kilomètres en chevauchant d’autres terrains. Ces mouvements sont facilités par la présence de niveaux de décollement, souvent des couches sédimentaires argileuses ou salifères qui jouent le rôle de plans de glissement. Les ophiolites, fragments de lithosphère océanique (basaltes, gabbros, péridotites), sont fréquemment incluses dans ces nappes et transportées loin de leur zone d’origine, témoignant de la fermeture d’un ancien océan.

  • Isostasie : équilibre entre la croûte, moins dense, et le manteau, qui permet le maintien des reliefs.

  • Exhumation : remontée à la surface de roches qui avaient été enfouies à grande profondeur.

  • Nappe de charriage : vaste ensemble de roches déplacées par compression, chevauchant d’autres terrains sur plusieurs dizaines de kilomètres.

À retenir

La collision raccourcit la croûte par plis, failles inverses et nappes de charriage, qui transportent parfois des fragments de lithosphère océanique appelés ophiolites.

Les indices géologiques de la collision

Les chaînes de collision conservent des témoins précieux de leur histoire. Parmi eux, les schistes bleus et les éclogites, roches métamorphiques de haute pression et basse température (HP-BT), se forment lors de la subduction antérieure à la collision. Les schistes bleus apparaissent à environ 0,6 à 2 GPa (20 à 60 km de profondeur en moyenne) et entre 200 et 500 °C. Les éclogites, quant à elles, se forment vers 1,5 à 3 GPa (50 à 90 km environ) et 400 à 600 °C. Ces conditions particulières, confirmées par les minéraux qu’elles contiennent, permettent d’identifier des zones de subduction anciennes même dans des chaînes disparues depuis longtemps.

Les ophiolites constituent un autre indice majeur. Ce sont des morceaux de lithosphère océanique, intégrés dans les nappes de charriage lors de la collision. Leur présence dans des chaînes comme les Alpes confirme la fermeture d’un océan avant la collision des continents.

À retenir

Les schistes bleus et éclogites témoignent de conditions HP-BT typiques de la subduction antérieure. Les ophiolites, incluses dans les nappes de charriage, rappellent la fermeture d’un ancien océan.

La formation des grandes chaînes de montagnes

La collision continentale est à l’origine des plus grandes chaînes actuelles. L’Himalaya, en surrection depuis 50 millions d’années, continue de s’élever sous l’effet de la convergence entre l’Inde et l’Asie. Les Alpes sont issues d’une collision plus récente, après la fermeture de l’océan alpin. D’autres chaînes plus anciennes, comme les Appalaches en Amérique du Nord ou la chaîne hercynienne en Europe, ont été érodées au fil du temps et transformées en pénéplaines, mais elles conservent des indices géologiques de leur formation.

Cette distinction entre chaînes récentes, encore actives et en surrection, et chaînes anciennes, érodées et stabilisées, est essentielle pour comprendre l’évolution de la lithosphère continentale à long terme.

À retenir

Les chaînes récentes (Himalaya, Alpes) sont encore en surrection, alors que les chaînes anciennes (Appalaches, hercynienne) sont érodées et pénéplanées.

Conclusion

La collision continentale est un processus majeur de la tectonique des plaques. Elle provoque l’épaississement de la croûte jusqu’à environ 70 km, la formation de racines crustales visibles grâce aux études sismiques, et d’importantes déformations (plis, failles, nappes de charriage). Les indices géologiques – éclogites, schistes bleus, ophiolites – témoignent de la subduction antérieure et de la fermeture d’anciens océans. Les chaînes récentes comme l’Himalaya ou les Alpes sont encore en surrection, tandis que les chaînes anciennes comme les Appalaches sont érodées et pénéplanées. Ces processus expliquent la formation et l’évolution des grandes chaînes de montagnes et révèlent l’histoire de la lithosphère continentale.