Des volcans explosifs au cœur des subductions

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Dans cette leçon, tu découvres comment la subduction déclenche la fusion partielle hydratée du manteau et produit des magmas évolutifs, allant des basaltes aux andésites et rhyolites. Tu comprends pourquoi ces magmas riches en silice et en gaz donnent naissance à un volcanisme explosif, marqué par des risques majeurs pour les sociétés humaines. Mots-clés : subduction, magmas hydratés, andésites, rhyolites, volcanisme explosif, risques volcaniques.

Introduction

Lorsque la lithosphère océanique (ensemble formé de la croûte basaltique et du manteau lithosphérique rigide) s’enfonce en subduction, elle ne disparaît pas sans conséquences. Son enfoncement entraîne la libération de fluides qui modifient le comportement du manteau sus-jacent. Ce processus déclenche la formation de magmas dont la composition particulière explique le volcanisme explosif des arcs de subduction. Des arcs volcaniques comme les Andes, le Japon ou l’arc des Aléoutiennes concentrent certains des volcans les plus dangereux du globe. Comprendre l’origine de ces magmas permet non seulement d’expliquer la dynamique interne de la Terre, mais aussi de mieux évaluer les risques volcaniques qui menacent les populations.

L’origine des magmas : fusion partielle hydratée du manteau

La plaque océanique plongeante emporte des sédiments et des minéraux hydratés (smectites, serpentines, amphiboles, chlorites). En profondeur, sous l’effet de la pression et de la température, ces minéraux se déstabilisent et libèrent de l’eau et d’autres fluides. Ces fluides s’infiltrent dans le coin de manteau supérieur, situé juste au-dessus de la plaque.

L’apport d’eau abaisse le solidus des péridotites (c’est-à-dire la température à partir de laquelle une roche commence à fondre). Une fusion partielle hydratée, limitée (environ 5 à 20 % du manteau), génère des liquides magmatiques initialement de composition basaltique hydratée. Ce faible taux de fusion explique à la fois la composition particulière des magmas et leur diversité ultérieure. Il est essentiel de rappeler que la plaque en subduction ne fond pas : seuls les péridotites du manteau sus-jacent entrent en fusion.

À retenir

Les fluides libérés par la plaque abaissent le solidus du manteau sus-jacent. La fusion partielle hydratée (5 à 20 %) produit des magmas basaltiques hydratés, premiers jalons du volcanisme de subduction.

Évolution et diversité des magmas

Les magmas issus de la fusion partielle sont d’abord basaltiques hydratés, mais ils évoluent ensuite au cours de leur remontée. Trois grands processus expliquent leur transformation :

  • la cristallisation fractionnée, où certains minéraux cristallisent en premier et se séparent du liquide, enrichissant le magma restant en silice ;

  • le mélange avec la croûte continentale, lorsque le magma traverse ou stagne dans des réservoirs situés dans la croûte, ce qui l’enrichit en éléments chimiques ;

  • les mélanges entre magmas d’origines différentes.

Ces processus donnent naissance à des magmas plus riches en silice et plus visqueux, de type andésitique, dacitique ou rhyolitique. À long terme, dans la croûte continentale, la cristallisation lente de ces magmas peut aussi produire des granites.

À retenir

Les magmas de subduction évoluent grâce à la cristallisation fractionnée et aux mélanges avec la croûte. Ils deviennent plus riches en silice et plus visqueux, expliquant la prédominance des andésites et des rhyolites dans les arcs volcaniques.

Indices géologiques et marqueurs de la subduction

Les zones de subduction sont identifiables par des roches spécifiques. Les andésites et rhyolites affleurant dans les arcs volcaniques sont les produits directs du magmatisme. Dans les chaînes anciennes, la présence de schistes bleus et d’éclogites témoigne des conditions extrêmes de ces environnements. Ces roches métamorphiques se forment à haute pression et basse température, conditions typiques des subductions, et constituent des indices précieux pour reconstituer des zones de convergence disparues.

À retenir

Les arcs de subduction se reconnaissent par leurs magmas andésitiques et rhyolitiques, et par des roches métamorphiques de haute pression et basse température (schistes bleus, éclogites) qui servent de marqueurs dans les chaînes anciennes.

Le volcanisme explosif et les risques associés

La richesse en silice et en gaz rend ces magmas très visqueux. La pression des gaz dissous augmente, jusqu’à provoquer un dégazage brutal responsable des éruptions explosives. Ces éruptions peuvent générer des nuées ardentes, des colonnes de cendres atteignant la stratosphère et des dépôts étendus sur des milliers de kilomètres carrés.

Des éruptions célèbres illustrent ce volcanisme : le Vésuve en 79, qui a enseveli Pompéi ; le Pinatubo en 1991, dont le panache a modifié temporairement le climat mondial ; et le Mont St Helens en 1980, lié à la subduction de la plaque Juan de Fuca sous l’Amérique du Nord, qui a détruit une partie de l’édifice volcanique.

Ces volcans posent de véritables enjeux pour les sociétés humaines : les aléas volcaniques (nuées ardentes, tsunamis volcaniques, pluies de cendres) deviennent des risques dès lors qu’ils touchent des zones peuplées. La surveillance (sismologie, géochimie des gaz, satellites) et la prévention sont donc essentielles pour limiter les catastrophes.

À retenir

Les volcans de subduction sont explosifs, dangereux et sources de risques majeurs pour les sociétés. Leur prévention repose sur la surveillance et l’anticipation des aléas.

Conclusion

Les zones de subduction sont des lieux de fusion partielle hydratée du manteau supérieur, produisant de faibles quantités de magmas basaltiques hydratés (5 à 20 % de fusion). Ces magmas évoluent par cristallisation fractionnée et mélange avec la croûte pour donner des magmas plus riches en silice, dominés par les andésites et les rhyolites. Leur viscosité et leur richesse en gaz expliquent le caractère explosif des volcans de subduction, parmi les plus dangereux de la planète. Les arcs volcaniques et les roches métamorphiques associées (schistes bleus, éclogites) constituent des marqueurs de la convergence des plaques. Ce volcanisme, directement lié au bilan thermique et mécanique de la subduction, illustre les interactions entre dynamique interne et risques naturels majeurs pour les sociétés humaines.