Peut-on connaître l’inconscient ?

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La conscience peut-elle connaître l’inconscient qui, par définition, lui échappe ? Il nous faut soit admettre avec les cartésiens que l’inconscient est une hypothèse fausse, soit reconnaître que certains phénomènes psychiques ne peuvent s’expliquer médiatement que par des causes inconscientes.

I) Un inconscient sensible

1 ) Les « petites perceptions » de Leibniz

« Pour entendre [l]e bruit [de la mer] comme l’on fait, il faut bien qu’on entende les parties qui composent ce tout, c’est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l’assemblage confus de tous les autres ensembles. » Leibniz admet ici l’existence de perceptions infraconscientes, qui échappent à l’aperception ou conscience car elles sont « trop petites et en trop grand nombre ou trop unies », et qui composent nos représentations conscientes.

Par ce subconscient sensible, Leibniz suppose que nous avons une expérience du monde beaucoup plus riche que ce que la seule conscience nous fait croire.

2)  L’inconscient corporel

« La santé c’est la vie dans le silence des organes », disait le médecin René Leriche. Au quotidien, notre corps fonctionne inconsciemment. Par des automatismes et des habitudes, nous agissons sans y penser pour nous rendre la vie plus facile.

3)  L’inconscient mémoriel

Bergson figure la mémoire comme un cône inversé dont la pointe touche la ligne de l’action. N’arrivent alors à la conscience que les souvenirs qui nous aident à agir.

Les autres souvenirs peuvent être dits préconscients ou virtuels, prêts à être actualisés selon les besoins de l’action. Bergson distingue ainsi la « mémoire-­habitude », disponible pour l’action, et la « mémoire-souvenir », qui s’intéresse au passé pour lui-même.

II) Un inconscient psychique révélé par des ­symptômes

1 ) Des symptômes incompréhensibles ?

Selon Freud, qui est médecin, il existe des représentations et des actes irrationnels qui échappent au contrôle de la conscience : les délires, les obsessions, les manies, les angoisses, les dépressions, les actes manqués, les lapsus et, bien sûr, les rêves.

Freud voit le rêve comme la réalisation imaginaire de désirs refoulés car interdits : « L’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient ». Nous avons le choix entre renoncer à comprendre cette face obscure du psychisme, ou essayer de guérir ces sources de souffrance.

Aussi la psychanalyse freudienne est-elle d’abord une thérapie visant à soigner les maladies mentales, comme les psychoses et les névroses. Elle est ensuite une technique d’interprétation, qui a utilisé l’hypnose avant de se tourner vers la libre association d’idées. Enfin, elle est une hypothèse scientifique : celle de l’existence d’un inconscient qu’on ne peut prouver qu’indirectement par ses manifestations.

2 ) Le résultat du refoulement des pulsions

L’inconscient ne décrit pas seulement des représentations en sommeil, mais des désirs et des pulsions primitifs de la vie psychique (le « ça » selon Freud). Ces derniers font l’objet d’un refoulement, car ils sont incompatibles avec les exigences morales et sociales intériorisées par le sujet (le « surmoi »).

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La pulsion désigne une force psychique, souvent issue du corps, qui cherche à se satisfaire au moyen d’actes conscients ou manqués.

Les pulsions inconscientes ne connaissent ni le temps ni la réalité, mais elles sont constamment actives et ne peuvent se satisfaire qu’en trompant la censure de la conscience, sous forme déguisée dans les symptômes.

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Le symptôme est un terme médical désignant la manifestation visible d’une maladie. Il doit être interprété pour trouver sa cause cachée. La toux ou des plaques rouges, par exemple, sont des symptômes.

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Les deux topiques freudiennes
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Après avoir organisé le psychisme en trois instances, à savoir l’inconscient, le préconscient et le conscient, Freud remplace, en 1920, cette conception par une autre topique : celle du ça, du moi et du surmoi.