Les voies du développement dans les Suds

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De nombreux pays des Suds sont peu industrialisés. À partir des années 1950, ils s’engagent dans deux voies différentes de développement pour améliorer les conditions de vie de leur population, avec plus ou moins de réussite.

I Le modèle interventionniste autocentré

Jusqu’aux années 1980, les États du Sud interviennent de façon dirigiste dans leur économie pour assurer leur développement. Il s’agit pour eux de protéger leur économie nationale en limitant les importations, de produire eux-mêmes ce qu’ils importaient auparavant, de construire des infrastructures, de promouvoir l’industrie et plus rarement l’agriculture.

Certains États, comme le Sénégal, s’appuient sur des secteurs stratégiques pour développer des industries de consommation, afin de répondre aux besoins de la population (textile), ou de transformation de produits locaux (arachide). Mais le marché local est vite saturé et la construction des usines nécessite des importations massives de machines. Beaucoup de ces industries disparaissent dans les années 1990-2000 à cause de la concurrence internationale.

D’autres pays, comme l’Algérie ou la Chine (dans les années 1950), cherchent à se développer à partir des industries de base (raffinerie du pétrole, sidérurgie). Ce modèle de développement, inspiré de l’URSS pendant la guerre froide, entraîne une baisse des rendements agricoles et nécessite d’importantes importations de denrées alimentaires, aggravant l’endettement.

II Les modèles libéraux

Repère
Mot clé

L’aide publique au développement est une aide financière accordée aux pays en développement par les pays riches.

Dans les années 1980 s’impose l’idée que l’ouverture des marchés est le moteur du développement. De nombreux États d’Amérique latine et d’Afrique privatisent une partie de leurs services publics et ouvrent leur territoire aux investisseurs étrangers. Ces mesures conditionnent l’aide publique au développement et l’aide du Fonds monétaire international (FMI). Cette ouverture a pour conséquence principale le retour aux exportations de matières premières, minières et agricoles, dans le but de financer le décollage industriel. Les États profitent d’une hausse des prix des hydrocarbures et des produits miniers entre 2000 et 2014.

En Asie, le modèle fondé sur les industries légères d’exportation se diffuse à partir des années 1990 à de nombreux pays comme la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam (les Tigres) et les littoraux chinois. L’utilisation d’une main-d’œuvre peu chère et la création de zones franches y favorisent les délocalisations. On parle de « pays ateliers », même si beaucoup d’entre eux ont aujourd’hui dépassé ce stade de développement.

Après 1991, la Russie abandonne le modèle communiste et entame une transition économique pour s’ouvrir au marché mondial. Mais aujourd’hui, le pays vit essentiellement des exportations de ses hydrocarbures, notamment du gaz dont il détient le quart des réserves mondiales. La société russe est très inégalitaire : 1 % de la population russe détient 74,5 % des richesses du pays qui compte plus de 20 millions de pauvres. Il est difficile de classer la Russie au Nord ou au Sud. Membre des BRICS, la Russie est davantage un pays résurgent (qui retrouve sa puissance passée) qu’émergent.

Les inégalités sociales et régionales restent fortes dans les pays émergents comme dans les autres pays en développement. Un développement plus durable et équitable est nécessaire même s’il est difficile à mettre en œuvre.