Les sources de la productivité d'un pays

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Dans cette leçon, tu vas comprendre pourquoi la productivité des entreprises est déterminante pour la compétitivité d’un pays à l’exportation. Tu verras comment l’innovation, l’organisation et le capital humain permettent de produire mieux, d’innover et de conquérir les marchés internationaux. Mots-clés : productivité, compétitivité, exportation, capital humain, innovation, modèle de Melitz.

Introduction

Dans un contexte de mondialisation, la capacité d’un pays à exporter dépend étroitement de la compétitivité de ses entreprises. Celle-ci repose en grande partie sur leur productivité, c’est-à-dire leur aptitude à produire efficacement. Des entreprises productives peuvent offrir des prix plus compétitifs, améliorer la qualité de leurs produits, ou encore innover plus rapidement. À l’échelle nationale, la performance à l’exportation dépend donc de la productivité moyenne des firmes. Comprendre les sources de la productivité permet d’éclairer les différences de compétitivité entre les pays et d’expliquer pourquoi certains dominent certains secteurs d’exportation.

Qu’est-ce que la productivité ? Distinction et lien avec la croissance

La productivité mesure l’efficacité avec laquelle une entreprise, un secteur ou un pays mobilise ses ressources pour produire. Elle peut se mesurer de différentes manières :

  • La productivité du travail, qui rapporte la quantité produite au nombre d’heures travaillées.

  • La productivité globale des facteurs (PGF), qui évalue l’efficacité de la combinaison entre le capital (machines, équipements) et le travail. Autrement dit, elle correspond à ce que l’on produit en plus, non pas en augmentant la quantité de travail ou de capital, mais en utilisant mieux ces deux facteurs.

Au niveau macroéconomique, la PGF est un indicateur résiduel, qui mesure la part de la croissance du produit intérieur brut (PIB) qui ne s’explique pas par l’accumulation du travail ou du capital. Cependant, ses déterminants sont microéconomiques : c’est au niveau des firmes que se décident les choix d’organisation, d’innovation ou de formation qui influencent cette efficacité globale.

La PGF est souvent associée au progrès technique endogène, au sens des modèles de croissance de Romer ou Aghion : le progrès ne vient pas de l’extérieur mais des efforts internes à l’économie (R&D, apprentissage, amélioration des procédés). Cela dit, la PGF capte aussi d’autres éléments : la mauvaise allocation des ressources, les effets de réseau, ou encore la qualité des institutions.

À retenir

La PGF reflète l’efficacité d’ensemble dans l’utilisation du travail et du capital. C’est un indicateur macroéconomique, mais ses ressorts sont microéconomiques : innovation, organisation, qualité de la main-d’œuvre.

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Les ressorts de la productivité des firmes

La productivité d’une entreprise repose sur plusieurs facteurs interdépendants :

  • Le capital humain : une main-d’œuvre qualifiée, expérimentée et bien formée est capable de mieux utiliser les technologies, de réduire les erreurs et de s’adapter plus facilement aux évolutions du marché.

  • L’innovation et le progrès technique : la recherche-développement permet de créer de nouveaux produits, d’automatiser des tâches ou de concevoir des procédés plus efficaces.

  • Les équipements et technologies : l’investissement dans du matériel performant ou dans des outils numériques augmente la productivité des travailleurs.

  • L’organisation du travail : une meilleure gestion des flux de production, une coordination efficace ou une chaîne logistique optimisée permettent de réduire les gaspillages et d’augmenter le rendement.

  • L’environnement économique : infrastructures de qualité, accès au financement, droit du travail stable, fiscalité adaptée… autant de facteurs qui influencent le cadre dans lequel les entreprises évoluent.

Par exemple, dans le secteur automobile allemand, la productivité repose sur un écosystème combinant une main-d’œuvre hautement qualifiée, un fort investissement en R&D (3,1 % du PIB en 2020 selon l’OCDE), et une intégration poussée entre fournisseurs et assembleurs. Cette combinaison permet à l’Allemagne de maintenir une forte présence à l’export dans ce secteur.

À retenir

La productivité résulte d’un ensemble de décisions internes à l’entreprise (formation, innovation, organisation), mais aussi de l’environnement économique et institutionnel.

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Productivité, compétitivité et exportation

La productivité influence directement la compétitivité internationale d’une entreprise ou d’un pays. On distingue généralement :

  • La compétitivité prix : capacité à proposer des produits moins chers, ce qui repose notamment sur une productivité élevée permettant de baisser les coûts unitaires.

  • La compétitivité hors prix : capacité à se distinguer par la qualité, l’image de marque, le design, le service ou l’innovation.

La productivité rend ces deux types de compétitivité compatibles : en produisant efficacement, une entreprise peut maintenir une qualité élevée tout en limitant ses coûts. Cela lui donne un avantage pour s’imposer sur les marchés internationaux.

Les entreprises les plus productives sont aussi les plus aptes à exporter durablement. Le modèle de Melitz (2003) montre que seules les firmes capables de supporter les coûts fixes liés à l’exportation peuvent rester compétitives à l’international. Celles qui n’atteignent pas un seuil de productivité suffisant restent confinées au marché national ou disparaissent.

Enfin, la productivité détermine en partie la nature des produits exportés. Les pays où les firmes sont très productives se spécialisent dans les produits à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire ceux pour lesquels la différence entre le coût de production et le prix de vente est élevée. Cela concerne souvent des biens technologiques ou des services à haute expertise.

À retenir

Une entreprise productive est compétitive sur les prix et la qualité. Elle peut supporter les coûts de l’exportation et se positionner sur des produits à forte valeur ajoutée, renforçant ainsi la performance commerciale de son pays.

Conclusion

La productivité des entreprises est un levier fondamental pour expliquer la capacité d’un pays à exporter. En produisant plus efficacement, les firmes peuvent réduire leurs coûts, innover davantage, se différencier par la qualité, et surmonter les barrières à l’entrée sur les marchés étrangers. La productivité globale des facteurs, bien que mesurée au niveau macroéconomique, reflète des dynamiques internes aux entreprises : progrès technique, organisation, qualité du capital humain. À l’échelle internationale, seuls les acteurs les plus performants peuvent s’imposer durablement à l’export, comme le montre le modèle de Melitz. Renforcer la productivité des firmes est donc un enjeu stratégique pour améliorer la compétitivité globale d’un pays et consolider sa place dans le commerce mondial.