Les relations entre les puissances depuis 1991

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Dans cette leçon, tu vas voir comment la puissance s’est transformée depuis 1991. Après la guerre froide, les États-Unis dominent brièvement, mais de nouvelles puissances comme la Chine ou les BRICS émergent, tandis que des acteurs non étatiques changent la donne mondiale. Mots-clés : puissance mondiale, BRICS, monde multipolaire, États-Unis, Chine, relations internationales.

Introduction

En 1991, l’Union soviétique disparaît, mettant fin à la guerre froide. Les États-Unis deviennent alors la seule superpuissance mondiale. Mais cette domination est vite contestée. De nouveaux États s’affirment, des puissances régionales émergent, et le monde devient multipolaire. En parallèle, des acteurs non étatiques — entreprises, ONG, groupes armés — influencent de plus en plus les relations internationales.

Comprendre l’évolution des puissances depuis 1991, c’est donc analyser un monde plus instable, plus fragmenté et plus complexe, où la puissance ne repose plus seulement sur les États.

Les États-Unis dans les années 1990 : une domination déjà contestée

Commençons par voir comment les États-Unis s’imposent dans l’immédiat après-guerre froide, puis comment leur leadership est remis en question.

Dans les années 1990, les États-Unis dominent tous les domaines : militaire, économique, diplomatique et culturel. Ils défendent un modèle de démocratie libérale et d’économie de marché, imposé à l’échelle mondiale grâce à leur influence dans les grandes institutions internationales (ONU, FMI, OMC).

Ils interviennent militairement en Irak en 1991 (avec l’accord de l’ONU), puis en Yougoslavie en 1999, dans le cadre de l’OTAN mais sans mandat de l’ONU, pour défendre les populations albanaises du Kosovo. Cette intervention sans accord du Conseil de sécurité illustre déjà les limites du multilatéralisme et la volonté des États-Unis d’agir sans contrainte.

Dans les années 2000, cette tendance s’amplifie avec les guerres en Afghanistan (2001) et en Irak (2003). Ces interventions, critiquées à l’échelle mondiale, ainsi que la crise financière de 2008, affaiblissent leur image et leur capacité à imposer un ordre mondial stable.

À retenir

Les États-Unis dominent le monde dans les années 1990, mais leur leadership est rapidement contesté, notamment à cause d’interventions militaires controversées et de l’affaiblissement du cadre multilatéral.

Le monde multipolaire : les BRICS et les nouvelles rivalités

Voyons maintenant comment d’autres puissances s’imposent et remettent en cause la domination occidentale.

La Russie, dirigée par Vladimir Poutine depuis 2000, cherche à réaffirmer sa puissance. Elle intervient militairement en Géorgie (2008), Ukraine (2014 et 2022), soutient militairement le régime syrien, et utilise ses ressources énergétiques comme outil d’influence géopolitique.

La Chine, en forte croissance depuis les années 1990, devient la deuxième puissance économique mondiale. Elle modernise son armée, affirme ses intérêts en mer de Chine méridionale, et développe les Nouvelles routes de la soie pour renforcer son influence commerciale et diplomatique dans le monde entier.

Avec la Chine, la Russie, mais aussi l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, ces puissances forment le groupe des BRICS. Ce regroupement, né dans les années 2000, vise à contester l’ordre mondial dominé par les pays occidentaux. Ces pays sont très différents :

  • Sur le plan politique : la Chine est une dictature communiste, l’Inde et le Brésil sont des démocraties.

  • Sur le plan économique : la Chine est très industrialisée, l’Afrique du Sud et le Brésil dépendent davantage des matières premières.

  • Sur le plan géopolitique : leurs priorités varient : l’Inde se méfie de la Chine, la Russie s’oppose frontalement à l’Occident, le Brésil revendique une position régionale.

Malgré leurs différences, les BRICS demandent plus de voix dans les grandes institutions internationales, comme le Conseil de sécurité de l’ONU ou le FMI. Ils veulent aussi favoriser un monde plus équilibré, sans domination occidentale.

À retenir

Le monde devient multipolaire. Les BRICS contestent l’ordre international, même s’ils sont très différents. Leur action commune remet en cause la suprématie des pays occidentaux.

Coopérations fragiles et nouveaux acteurs de la puissance

Analysons enfin les formes de coopération et les nouveaux types d’acteurs qui influencent les relations internationales depuis 1991.

Face aux grands défis mondiaux — changement climatique, terrorisme, pandémies, cybersécurité, migrations — les États doivent coopérer. Des institutions comme l’ONU, l’OMS, le G20 ou les conférences sur le climat (COP) sont censées organiser ces réponses collectives.

Mais ces coopérations sont souvent bloquées par des rivalités. Par exemple :

  • Le Conseil de sécurité de l’ONU est paralysé par le droit de veto des grandes puissances. En Syrie, les États-Unis et la Russie ont bloqué plusieurs résolutions, empêchant toute action coordonnée.

  • Lors des conférences sur le climat, les pays riches et les pays émergents ont souvent du mal à se mettre d’accord sur les efforts à fournir.

En parallèle, de nouveaux acteurs non étatiques influencent le monde :

  • Les entreprises transnationales, comme Amazon, Apple ou Total, disposent de ressources parfois supérieures à celles de certains États.

  • Les réseaux sociaux, utilisés par des groupes politiques ou des États, permettent de diffuser des informations, mais aussi de la désinformation (exemple : manipulations électorales ou théories complotistes).

  • Les ONG jouent un rôle clé dans les domaines humanitaire et environnemental (Médecins Sans Frontières, Greenpeace).

  • Les groupes terroristes internationaux (Al-Qaïda, Daech) remettent en cause les frontières et la souveraineté des États par des actions violentes.

Cela montre que la puissance aujourd’hui ne se limite plus à la force militaire ou à l’économie. Elle est aussi technologique (maîtrise de l’intelligence artificielle), informationnelle (capacité à contrôler les données et les discours), ou culturelle (influence d’un mode de vie, d’une langue, d’un modèle médiatique).

À retenir

Le monde actuel est marqué par des coopérations limitées et par l’influence croissante d’acteurs non étatiques. La puissance s’exerce désormais aussi par la technologie, l’information et la culture.

Conclusion

Depuis 1991, le monde a quitté la domination exclusive des États-Unis pour devenir multipolaire, avec l’émergence de nouvelles puissances comme les BRICS. Dans le même temps, des acteurs non étatiques — entreprises, ONG, groupes terroristes — ont complexifié les relations internationales. Les grandes puissances doivent coopérer face aux défis mondiaux, mais leurs intérêts contradictoires rendent ces coopérations fragiles. Ce monde instable reste dominé par des rapports de force, désormais plus diversifiés et moins lisibles qu’au temps de la guerre froide.