Les maladies infectieuses

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Dans cette leçon, tu vas comprendre ce que sont les maladies infectieuses, leurs agents responsables (bactéries, virus, champignons, parasites, prions) et leurs modes de transmission. Tu découvriras aussi comment agissent les antibiotiques, pourquoi les résistances se développent et pourquoi la prévention (hygiène, vaccination, bon usage des traitements) est essentielle. Mots-clés : maladies infectieuses, agents pathogènes, antibiotiques, résistance bactérienne, vaccination, prévention.

Introduction

Chaque hiver, les services d’urgence constatent une recrudescence des cas de grippe ou de gastro-entérite virale. Ces épisodes rappellent que les maladies infectieuses demeurent une préoccupation majeure de santé publique, avec des conséquences sanitaires, économiques et sociales considérables.

Elles sont provoquées par des agents pathogènes capables de franchir les barrières de l’organisme, de s’y multiplier et de déclencher divers symptômes. Comprendre leur nature, leurs modes de transmission et les moyens de les combattre permet d’anticiper leur propagation et de limiter l’émergence de résistances aux traitements. Comment les sociétés modernes peuvent-elles continuer à se protéger face à des micro-organismes qui évoluent sans cesse ?

Agents pathogènes : bactéries, virus et autres micro-organismes

Les maladies infectieuses sont dues à différents types d’agents biologiques. Les plus connus sont les bactéries et les virus, mais il faut également mentionner les champignons microscopiques, responsables de mycoses comme celles dues à Candida albicans, les protozoaires tels que Giardia intestinalis, qui provoque des diarrhées infectieuses, ainsi que les vers parasites (helminthes), organismes pluricellulaires métazoaires comme le ténia ou les oxyures. Enfin, les prions sont des protéines anormales qui déclenchent le repliement pathologique des protéines normales du système nerveux central, conduisant à des maladies neurodégénératives comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Les agents infectieux se transmettent selon plusieurs voies. Le contact direct (poignée de main, relation sexuelle) ou indirect (objets contaminés) explique la diffusion de nombreuses infections bactériennes et virales. Les gouttelettes respiratoires, expulsées lors de la toux ou des éternuements, propagent la grippe ou la tuberculose. Les vecteurs vivants comme les moustiques transmettent le paludisme (Plasmodium) ou la dengue (virus à ARN). Enfin, certaines infections se diffusent par voie alimentaire ou hydrique, comme les gastro-entérites.

Les bactéries sont des micro-organismes unicellulaires procaryotes, dépourvus de noyau, dont l’ADN circulaire est regroupé dans un nucléoïde. Elles possèdent une paroi rigide, une membrane plasmique et des ribosomes nécessaires à la synthèse protéique. Elles disposent d’un métabolisme autonome, ce qui les distingue des virus. Leur reproduction rapide par scissiparité favorise la propagation des infections. Leur pouvoir pathogène repose aussi sur des facteurs de virulence : la présence d’une capsule leur permet d’échapper aux défenses immunitaires, et leur mobilité grâce à des flagelles favorise leur diffusion dans les tissus. Certaines provoquent des maladies bénignes comme l’angine bactérienne à streptocoques, tandis que d’autres entraînent des formes graves comme la pneumonie bactérienne (atteinte pulmonaire avec toux, fièvre et gêne respiratoire) ou la septicémie (infection généralisée du sang provoquant fièvre élevée, frissons et atteinte des organes vitaux).

Les virus, quant à eux, ne sont pas des cellules mais des particules infectieuses composées d’un génome (ADN ou ARN), d’une capside protéique et parfois d’une enveloppe lipidique. Leur cycle peut être lytique, aboutissant à la destruction de la cellule infectée, ou lysogénique, où le génome viral s’intègre à celui de l’hôte et peut rester latent. Le virus de l’herpès, à ADN, illustre le cycle lysogénique, tandis que le virus de la grippe, à ARN, suit un cycle lytique. Les virus à ARN, comme celui de la grippe, présentent une forte mutabilité : leur génome change fréquemment, ce qui complique la mise au point de vaccins durables et impose des adaptations régulières.

À retenir

Les agents pathogènes incluent bactéries, virus, champignons, protozoaires, helminthes et prions. Ils se transmettent par contact, gouttelettes, vecteurs ou aliments contaminés. Les bactéries, cellules procaryotes autonomes, disposent de facteurs de virulence comme capsule et mobilité. Les virus, dépourvus de métabolisme, se multiplient selon un cycle lytique ou lysogénique ; leur mutabilité, notamment pour les virus à ARN, complique la prévention vaccinale.

Antibiothérapie et résistance

Découverte et action des antibiotiques

En 1928, Alexander Fleming découvre la pénicilline, première molécule capable de détruire des bactéries en bloquant la construction de leur paroi. Cette découverte marque un tournant décisif : des maladies autrefois fatales, comme la pneumonie bactérienne ou la septicémie, deviennent curables.

Les antibiotiques ciblent des mécanismes spécifiques aux bactéries. Les bêta-lactamines inhibent les transpeptidases, enzymes qui assemblent le peptidoglycane constituant la paroi, ce qui fragilise la bactérie. Les macrolides se fixent sur la sous-unité 50S des ribosomes bactériens, bloquant la traduction et stoppant la production de protéines. Les sulfamides interfèrent avec la synthèse de l’acide folique, molécule essentielle pour les bactéries mais non produite par l’homme, ce qui explique la sélectivité du traitement. Enfin, les antibiotiques diffèrent par leur spectre d’activité : certains, à spectre large, agissent sur un grand nombre de bactéries, mais peuvent perturber le microbiote ; d’autres, à spectre étroit, ciblent un groupe limité, ce qui favorise une prescription raisonnée.

Résistance naturelle et acquise

La résistance peut être naturelle ou intrinsèque. Certaines bactéries, comme Mycoplasma pneumoniae, échappent aux bêta-lactamines car elles n’ont pas de paroi. Elle peut aussi être acquise, lorsque des mutations modifient la cible de l’antibiotique ou lorsqu’un transfert horizontal de gènes permet à une bactérie sensible de devenir résistante. Trois grands mécanismes assurent ce transfert : la conjugaison, échange direct de plasmides via un pilus ; la transformation, où une bactérie incorpore des fragments d’ADN libres issus de bactéries mortes ; et la transduction, réalisée par des bactériophages qui transportent des gènes de résistance.

Les mécanismes moléculaires de résistance

Les bactéries disposent de plusieurs armes. Certaines produisent des β-lactamases, enzymes qui détruisent les bêta-lactamines. D’autres utilisent des pompes d’efflux, protéines de membrane qui expulsent activement l’antibiotique hors de la cellule. Certaines modifient leurs cibles internes, comme les ribosomes ou les protéines de la paroi, de façon à empêcher la fixation du médicament. Les bactéries Gram négatives, quant à elles, peuvent réduire la pénétration des antibiotiques en modifiant leurs porines, petites protéines membranaires formant des canaux de passage. Ces mécanismes, combinés, expliquent l’émergence de souches multirésistantes comme le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM).

À retenir

Les antibiotiques ciblent la paroi, les ribosomes ou le métabolisme bactérien, mais jamais les virus. La résistance, naturelle ou acquise, repose sur mutations et transferts horizontaux (conjugaison, transformation, transduction) et sur des mécanismes comme la destruction de l’antibiotique (β-lactamases), l’expulsion (pompes d’efflux), la modification de la cible ou la diminution de perméabilité membranaire (altération des porines).

Intérêt des campagnes de prévention

Pour préserver l’efficacité des antibiotiques, la prévention est indispensable. Les campagnes insistent sur le fait que ces médicaments sont inefficaces contre les infections virales et qu’ils ne doivent pas être prescrits pour un rhume ou une grippe. Elles rappellent l’importance de respecter les prescriptions médicales pour éviter la survie de bactéries résistantes. Elles encouragent aussi l’adoption de gestes d’hygiène simples comme le lavage des mains et le port du masque en période d’épidémie.

En milieu hospitalier, des mesures spécifiques complètent cette prévention : dépistage systématique des patients porteurs de bactéries multirésistantes, isolement des cas confirmés et mise en place de précautions contact pour éviter la propagation.

La vaccination est un outil complémentaire majeur. Elle protège contre certains virus (grippe, rougeole, poliomyélite) et certaines bactéries (diphtérie, coqueluche, pneumocoque). Elle réduit la circulation des agents pathogènes et contribue à l’immunité de groupe, c’est-à-dire la protection indirecte des individus non vaccinés grâce à la diminution globale de la transmission. L’impact est concret : le vaccin antipneumococcique a permis une baisse significative des cas d’otites et de pneumonies, limitant ainsi le recours aux antibiotiques.

À retenir

La prévention combine usage raisonné des antibiotiques, respect des prescriptions, hygiène, vaccination et mesures hospitalières. La vaccination joue aussi un rôle dans l’immunité de groupe, réduisant la circulation des pathogènes et le recours aux antibiotiques.

Conclusion

Les maladies infectieuses, qu’elles soient d’origine bactérienne, virale, fongique, parasitaire ou liées aux prions, témoignent de la diversité des menaces pour l’organisme. La découverte de la pénicilline a bouleversé la médecine, mais la montée des résistances fragilise aujourd’hui cet acquis.

Associer hygiène, vaccination, mesures hospitalières et usage raisonné des traitements est indispensable pour préserver ces médicaments vitaux. Dans un monde globalisé où les virus à ARN mutables et les bactéries multirésistantes circulent rapidement, la lutte contre l’antibiorésistance est devenue un défi sanitaire, social et politique majeur.