Les enjeux des migrations internationales

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Les migrations internationales présentent des enjeux politiques et économiques très élevés, pour les pays de départ comme pour les pays d’accueil.

I Les enjeux politiques

1 Des diasporas anciennes

Repère
Mot clé

Une diaspora désigne les membres d’un peuple dispersé dans le monde, généralement à la suite d’un phénomène historique violent. La plus ancienne diaspora est celle du peuple juif.

De nombreuses communautés dans le monde peuvent être aujourd’hui qualifiées de diasporas : Juifs, Arméniens, Chinois, Indiens. Ces diasporas sont le résultat de migrations parfois millénaires, mais dont les membres ont conservé entre eux et avec leur pays d’origine des liens politiques, culturels et économiques importants.

La diaspora indienne, par exemple, est présente dans tous les pays développés anglophones (migrations qualifiées) et dans les pays du Golfe (migrations peu qualifiées). Leur intégration est parfois remarquable : Satya Nadella, PDG de Microsoft, et Sundar Pinchai, PDG de Google, sont tous deux nés en Inde.

2 Intégration, assimilation, multiculturalisme

Cependant, les pays d’accueil – surtout en Europe – éprouvent aujourd’hui des difficultés à intégrer des migrants dont l’origine apparaît comme très différente. Les questions d’identité nationale, de religion, voire de langue, provoquent de violents débats. Les populations musulmanes, en particulier, sont rejetées par les partis populistes à travers l’Europe entière.

L’assimilation complète, donc l’adoption des codes du pays d’accueil, est aujourd’hui très difficile à mettre en œuvre, tant les différences culturelles, religieuses, linguistiques semblent importantes. Faute souvent de moyens, c’est alors le multiculturalisme qui s’impose : des communautés différentes vivent de façon juxtaposée, sans se fondre, parfois sans se fréquenter.

II Les enjeux économiques

1 Les enjeux pour les pays d’accueil

Les migrations qualifiées (brain drain) représentent un atout important pour les pays d’accueil, souvent les pays développés, qui comptent 85 % des migrants à haute qualification.

Sur le plan démographique, les pays des Nords, dont le vieillissement est de plus en plus fort, ont beaucoup à gagner à l’arrivée de populations jeunes dont les dépenses de santé et de retraite sont donc faibles, mais qui paient impôts et cotisations sociales et qui conservent pour une génération environ la fécondité de leur pays de départ. En France, les immigrés rapportent ainsi 4 milliards d’euros. Le bilan social est donc quasi neutre, mais le bilan démographique est fortement positif.

2 Les enjeux pour les pays de départ

La « fuite des cerveaux » est en revanche un poids pour les pays de départ qui ont investi dans la formation de leur jeunesse pour la voir partir ensuite créer de la richesse ailleurs. Cela concerne tous types de pays, au Nord (médecins roumains) comme au Sud.

En revanche, les pays de départ reçoivent des transferts financiers, les remises, que les migrants envoient à leurs familles restées au pays. En 2017, les remises ont atteint 613 milliards de dollars, dont 466 vers les pays à revenus faibles ou intermédiaires. C’est trois fois plus que l’aide publique au développement !

Zoom

Les remises des migrants vers leur pays d’origine (2017)

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Tous les pays sont concernés par les remises, y compris les pays riches, dont les expatriés ont généralement de hauts revenus (France + 25 milliards de dollars, ou Mds ). Mais les pays pauvres et émergents en bénéficient au premier chef : Inde + 69 Mds , Philippines + 33 Mds , Mexique + 32 Mds .

Pour certains pays pauvres, les remises représentent une part importante de leur PIB : 33 % au Kirghizistan, 30 % à Haïti, 28 % au Népal…