Introduction
Le tourisme international illustre pleinement la mondialisation contemporaine. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), on comptait près de 1,3 milliard d’arrivées internationales en 2023, un chiffre en forte reprise après la pandémie mais encore légèrement inférieur au record de 2019 (1,5 milliard). Il ne faut pas oublier que le tourisme intérieur reste dominant : plus de 70 % des voyages se font à l’intérieur d’un même pays.
Ce tourisme domestique joue un rôle essentiel dans l’aménagement du territoire, qu’il s’agisse du tourisme rural en France, du développement des parcs naturels américains ou de l’essor des infrastructures internes en Chine, où des millions de citadins découvrent leurs propres paysages. Né au XIXe siècle dans les sociétés industrialisées, le tourisme s’est mondialisé au point de devenir un moteur économique planétaire mais aussi un enjeu écologique et social majeur.
Les foyers historiques et la mondialisation du tourisme
Le tourisme moderne apparaît d’abord en Europe et en Amérique du Nord. Au XIXe siècle, les élites effectuent le Grand Tour, voyage éducatif à travers les capitales européennes. Le développement du chemin de fer, puis de l’automobile, facilite les déplacements et l’émergence des stations balnéaires ou thermales. En 1936, l’instauration des congés payés en France permet aux classes moyennes de voyager. Ce modèle se diffuse dans le reste de l’Europe à partir des années 1950, donnant naissance au tourisme de masse, bientôt encouragé par la prospérité économique et l’expansion du transport aérien.
Les années 1960–1980 marquent une véritable explosion touristique, portée par les grands tours-opérateurs (Club Med, TUI) et par la démocratisation de l’avion. Les destinations méditerranéennes, les États-Unis ou le Japon deviennent des pôles d’attraction mondiaux. La Chine, quant à elle, émerge dans les années 2010 comme le premier marché émetteur de touristes, avec près de 150 millions de voyageurs sortants avant la pandémie, un chiffre en nette reprise depuis 2023.
Aujourd’hui, la carte mondiale du tourisme est véritablement planétaire. Les grands pôles sont l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Asie orientale et le Moyen-Orient, mais aussi l’Amérique latine (Mexique, Brésil) et l’Afrique du Nord (Maroc, Égypte, Tunisie). Les flux Sud–Sud se multiplient : entre Thaïlande et Vietnam, Afrique du Sud et Mozambique, ou Mexique et Cuba, témoignant de la montée des classes moyennes régionales. Les facteurs climatiques structurent les saisons touristiques : les littoraux méditerranéens connaissent un pic estival, les Alpes attirent les sports d’hiver et les pays tropicaux privilégient la saison sèche pour accueillir les visiteurs.
À retenir
D’abord européen et élitiste, le tourisme est devenu un phénomène mondial, influencé par la prospérité, les conditions climatiques et les dynamiques régionales.
Les flux et les acteurs du tourisme international
Les flux touristiques mondiaux suivent une logique hiérarchisée : les pays riches restent les principaux émetteurs, mais les pays émergents envoient et accueillent désormais des millions de visiteurs. Les flux Nord–Sud (tourisme balnéaire, culturel) dominent, mais les flux Sud–Sud gagnent du poids.
Les acteurs du tourisme sont nombreux. Les États investissent dans les infrastructures, assurent la promotion et régulent les entrées. Les collectivités locales développent les équipements et valorisent les sites régionaux. Les entreprises privées jouent un rôle décisif : compagnies aériennes, chaînes hôtelières et plateformes numériques (Airbnb, Booking, TripAdvisor) structurent le marché mondial. Ces plateformes ont révolutionné les pratiques touristiques mais provoquent aussi des tensions économiques : hausse des loyers, pression immobilière dans les centres historiques (Barcelone, Lisbonne) et concurrence directe avec les hôtels traditionnels.
Les ONG environnementales interviennent pour protéger les milieux fragiles, tandis que les organisations internationales (OMT, UNESCO) encadrent les pratiques et soutiennent le patrimoine mondial.
Les États-Unis illustrent la puissance touristique mondiale : à la fois première destination et principal pays émetteur, ils combinent tourisme urbain (New York), naturel (Grand Canyon, Yellowstone) et culturel (Hollywood). À l’inverse, Dubaï incarne un modèle de développement spectaculaire et controversé. La ville s’est imposée comme un hub mondial du tourisme de luxe et d’affaires, mais son « tourisme vert », fondé sur des projets énergétiques innovants, est souvent critiqué comme un greenwashing, c’est-à-dire une communication écologique sans transformation réelle du modèle de croissance.
À retenir
Le tourisme repose sur un système d’acteurs mondialisés : États, collectivités, entreprises et ONG. Les plateformes numériques bouleversent les équilibres économiques et urbains des grandes destinations.
Les effets économiques, sociaux et environnementaux du tourisme
Le tourisme représente environ 10 % du PIB mondial et plus de 300 millions d’emplois selon l’OMT. Dans de nombreux pays du Sud, il constitue une source majeure de revenus et de devises : au Maroc, en Thaïlande ou en République dominicaine, il soutient directement le développement local. Cependant, cette dépendance rend les économies vulnérables aux crises sanitaires, climatiques ou géopolitiques.
Sur le plan social et culturel, le tourisme favorise la rencontre entre les peuples et la valorisation du patrimoine. Mais il entraîne aussi le surtourisme, c’est-à-dire une fréquentation excessive qui dégrade les sites, provoque la hausse des prix du logement et réduit la qualité de vie des habitants. Venise, Barcelone, Bali ou le Machu Picchu en sont des exemples emblématiques. Certaines villes ont réagi : Venise limite désormais les croisières et impose des quotas de visiteurs, tandis que les Baléares ont mis en place des taxes écologiques pour réguler la fréquentation.
Les conséquences environnementales sont considérables. Le tourisme est responsable d’environ 8 à 10 % des émissions mondiales de CO₂, dont 40 % proviennent du transport aérien, soit près de 5 % des émissions globales. L’artificialisation des littoraux, la destruction des récifs coralliens ou la surconsommation d’eau aggravent la pression sur les milieux fragiles. Dans les Alpes, le recul des glaciers menace l’avenir des stations de ski ; dans les zones tropicales, la montée du niveau marin fragilise les îles et les côtes touristiques.
À retenir
Le tourisme stimule les économies mais aggrave les inégalités sociales et les déséquilibres écologiques. Le surtourisme et la pollution imposent de repenser les modèles de développement.
Vers un tourisme durable et maîtrisé
Face à ces défis, un modèle alternatif se développe : le tourisme durable, qui cherche à concilier croissance, respect des cultures locales et protection des écosystèmes. L’écotourisme, forme de tourisme centré sur la nature et l’éducation à l’environnement, en est une composante essentielle.
Des politiques concrètes illustrent cette évolution : Venise restreint l’accès de ses croisières, le Machu Picchu impose des quotas de visiteurs quotidiens, et les Baléares appliquent une taxe écologique pour financer la protection de leurs espaces naturels. Les labels internationaux comme Green Globe encouragent les établissements responsables, tandis que le classement UNESCO du patrimoine mondial incite les États à préserver leurs sites les plus fragiles.
Aux États-Unis, les parcs nationaux promeuvent un tourisme encadré, fondé sur la sensibilisation. En France, la Camargue ou les Écrins expérimentent un écotourisme fondé sur la limitation de la fréquentation et la participation des habitants. Quant à Dubaï, malgré ses initiatives en matière d’énergie solaire, son modèle reste dominé par la consommation énergétique et le transport aérien de masse, loin d’un véritable tourisme durable.
À retenir
Le tourisme durable repose sur des actions concrètes : limitation des flux, taxation écologique, labellisation des pratiques vertueuses et participation des populations locales.
Conclusion
Le tourisme international est devenu une force économique mondiale, mais aussi un enjeu de durabilité planétaire. S’il contribue au développement et à la diffusion des cultures, il accentue les pressions sur les milieux naturels et les territoires. Les grands pôles — Europe méditerranéenne, Amérique du Nord, Asie orientale, Moyen-Orient, mais aussi Amérique latine et Afrique du Nord — concentrent les flux et les retombées économiques.
L’avenir du tourisme dépendra de la capacité des États, des entreprises et des voyageurs à inventer un modèle plus sobre, équitable et respectueux des équilibres environnementaux. Entre ouverture au monde et préservation des territoires, le tourisme sera un test décisif pour la durabilité de la mondialisation.
