Les civils, acteurs et victimes de la guerre

icône de pdf
Signaler
Dans cette leçon, tu vas comprendre comment les civils ont été mobilisés pendant la Première Guerre mondiale. Tu verras comment l’économie, la science et surtout les femmes ont pris une place essentielle dans l’effort de guerre, tout en subissant privations, violences et grèves face à la durée du conflit. Mots-clés : civils Première Guerre mondiale, économie de guerre, femmes et guerre, munitionnettes, grèves 1917, privations civiles.

Introduction

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, elle ne mobilise pas seulement les soldats au front. Les civils deviennent eux aussi des acteurs essentiels : ils participent à l’effort économique, industriel et scientifique, tout en subissant privations, deuils et parfois violences directes. Les usines changent leur production, la recherche appliquée est orientée vers les besoins militaires, et les femmes occupent de nouveaux rôles. Mais cette mobilisation totale entraîne aussi tensions sociales et fatigue croissante à mesure que la guerre s’éternise.

La mobilisation économique, industrielle et scientifique

L’économie de guerre — une organisation exceptionnelle de l’économie, entièrement tournée vers la production militaire et encadrée par l’État.— se met en place progressivement à partir de l’automne 1914, puis pleinement en 1915, lorsque l’idée d’une guerre courte disparaît. Le conflit devient un combat d’usure, où la victoire dépend de la capacité à produire armes, munitions et matériel. Les usines métallurgiques, chimiques et textiles se reconvertissent. L’État encadre la production : il organise les approvisionnements, fixe les prix et rationne les matières premières.

La France dépend aussi de nombreuses importations (blé, charbon, matières premières). Leur acheminement est rendu difficile par le blocus allemand, en particulier la guerre sous-marine intensifiée en 1917. La protection des convois par la marine britannique devient indispensable.

La recherche appliquée est mise au service de la guerre : la chimie développe explosifs et gaz de combat, la médecine progresse dans la chirurgie et la transfusion, l’armement bénéficie d’innovations. Marie Curie, par exemple, équipe des unités radiologiques mobiles — les « petites Curies » — qui permettent de soigner plus efficacement les blessés.

À retenir Dès 1915, l’économie et la science sont totalement mobilisées, sous un contrôle étatique renforcé et malgré les difficultés causées par le blocus allemand.

La mobilisation de la main-d’œuvre féminine

L’absence de millions d’hommes mobilisés laisse un vide. Les femmes le comblent dans les usines, les transports, les bureaux et les champs. Elles deviennent ouvrières d’armement — les « munitionnettes » —, conductrices de tramway ou employées de bureau. Dans les campagnes, elles assurent les récoltes.

Cette mobilisation se retrouve dans de nombreux pays. Elle débouche parfois sur des avancées politiques, comme au Royaume-Uni, où certaines femmes obtiennent le droit de vote en 1918 (celles de plus de 30 ans et remplissant des conditions de propriété). En Allemagne, leur place dans la vie publique s’élargit après la guerre. En France, malgré leur rôle essentiel, elles restent exclues du droit de vote.

À retenir Les femmes deviennent indispensables à l’effort de guerre, mais en France leurs droits politiques restent inchangés après 1918.

Les souffrances et privations des civils

Les civils subissent directement les effets du conflit. Dans les régions occupées par l’ennemi (Artois, Picardie, Champagne), ils connaissent réquisitions, travail forcé, déportations vers l’Allemagne et destructions massives. L’Alsace-Lorraine, en revanche, n’est pas occupée mais déjà annexée par l’Empire allemand depuis 1871 : elle vit la guerre sous un contrôle militaire renforcé et une germanisation plus stricte.

Partout, la guerre entraîne pénuries alimentaires, manque de charbon et hausse des prix. Les bombardements rappellent que l’arrière n’est pas à l’abri : en 1918, Paris est frappée par des tirs d’artillerie à longue portée allemande.

À retenir La guerre impose aux civils privations, pertes humaines et violences directes, des réquisitions aux bombardements.

Les mouvements sociaux et les grèves de 1917

À partir de 1917, la lassitude s’installe. Les salaires ne suivent pas l’inflation, les conditions de travail se dégradent et la fatigue grandit. Des grèves éclatent, touchant non seulement les ouvrières d’armement, mais aussi le textile et l’alimentation, dans les grands centres industriels comme Paris et Lyon. Elles interviennent dans un contexte de crise morale et militaire, marqué par les mutineries au front.

Les autorités craignent une contagion révolutionnaire après la révolution russe. Les grèves sont parfois réprimées, mais elles révèlent une mobilisation ouvrière qui continue à s’affirmer après 1918.

À retenir Les grèves de 1917, qui concernent plusieurs secteurs industriels, traduisent une crise sociale et politique liée à l’usure du conflit.

Conclusion

La Première Guerre mondiale bouleverse profondément la vie des civils. Acteurs de l’effort de guerre par leur travail dans l’industrie, l’agriculture et la recherche appliquée, ils subissent aussi privations, deuils et violences. L’engagement des femmes dans de nouveaux métiers représente une étape importante dans la remise en cause des rôles traditionnels, même si leurs droits politiques ne changent pas en France. Enfin, les grèves de 1917 rappellent que la guerre se joue aussi à l’arrière, où la résistance morale et matérielle des populations est mise à rude épreuve.