Introduction
En juillet 1916, la région de la Somme, dans le nord de la France, devient le théâtre de l’une des offensives les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale. Les Alliés veulent percer le front allemand et soulager Verdun, où l’armée française résiste depuis février. Pendant plus de quatre mois, des centaines de milliers de soldats vivent et combattent dans des conditions extrêmes. La bataille de la Somme devient un symbole de l’horreur de la guerre industrielle et de l’expérience quotidienne des combattants dans les tranchées.
Le contexte et les objectifs militaires
La bataille de la Somme s’ouvre le 1er juillet 1916. Prévue initialement comme une offensive conjointe franco-britannique, elle est en grande partie menée par les Britanniques, l’armée française étant lourdement engagée à Verdun. Toutefois, les Français tiennent un rôle important, notamment au sud du dispositif, où leurs attaques obtiennent des succès tactiques plus notables que dans le secteur britannique.
L’objectif est double : percer le front allemand pour accélérer la fin de la guerre et détourner les forces ennemies de Verdun. Après une semaine de bombardements massifs censés détruire les lignes allemandes, l’assaut frontal est lancé. Mais les positions ennemies, solidement fortifiées, résistent. L’avancée se mesure en mètres, au prix de lourdes pertes.
À retenir
L’offensive de la Somme vise à briser le front allemand et à soulager Verdun, avec un engagement britannique majoritaire mais un rôle actif de l’armée française au sud.
Les conditions de vie et de combat dans les tranchées
Les soldats vivent dans un réseau complexe de tranchées creusées dans la boue, souvent inondées par la pluie. Les abris de fortune protègent mal des bombardements. L’humidité favorise les maladies comme le « pied des tranchées », et la promiscuité entraîne la propagation des poux et des rats.
Les combats se font sous un déluge d’artillerie. Les assauts sont lancés à découvert, sous le feu des mitrailleuses. Les soldats subissent aussi des attaques aux gaz toxiques, notamment au chlore et au phosgène, surtout au début de la bataille, bien que ces offensives chimiques soient moins massives qu’en 1915 ou sur certains secteurs du front. Le bruit assourdissant, les cadavres laissés sur le terrain et la peur constante façonnent une expérience de guerre marquée par la violence extrême. Les soldats doivent aussi supporter de longues périodes d’attente, dans une tension nerveuse permanente.
À retenir
La vie dans les tranchées de la Somme est faite d’inconfort, de peur, de violences continues et de dangers multiples, y compris chimiques.
Les pertes humaines et matérielles
La bataille de la Somme dure jusqu’en novembre 1916. Elle fait plus d’un million de victimes (morts, blessés, disparus) parmi les deux camps. La journée du 1ᵉʳ juillet est particulièrement meurtrière pour l’armée britannique, avec près de 60 000 hommes hors de combat (morts, blessés et disparus), dont environ 20 000 morts en une seule journée.
L’artillerie est responsable de la majorité des pertes, écrasant les lignes ennemies mais frappant aussi les assaillants mal protégés. Malgré des gains territoriaux limités (quelques kilomètres au mieux), les moyens engagés sont colossaux : millions d’obus tirés, destructions massives des villages et paysages. Le bilan humain et matériel illustre la nature de la guerre d’usure propre à la guerre de position.
À retenir
La Somme est l’une des batailles les plus meurtrières du conflit, l’artillerie causant l’essentiel des pertes pour des avancées minimes.
Les représentations et témoignages de soldats
La Somme laisse une trace profonde dans la mémoire des combattants. Les lettres et carnets de guerre décrivent la boue, le bruit, la peur et l’absurdité de l’assaut frontal. Le soldat britannique George Coppard écrit ainsi : « Il n’y avait pas un brin d’herbe, pas un arbre, pas un morceau de terre qui n’ait été retourné par les obus. »
Des écrivains et poètes-soldats britanniques comme Wilfred Owen ou Siegfried Sassoon en font des récits poignants, dénonçant la brutalité et l’inhumanité de la guerre. Les photographies et films tournés sur place, bien que souvent encadrés par la censure, montrent l’ampleur des destructions et la détresse des hommes. Ces représentations contribuent à forger l’image de la guerre des tranchées dans la mémoire collective.
À retenir
Témoignages et œuvres littéraires font de la Somme un symbole de la souffrance et du sacrifice des soldats.
Conclusion
La bataille de la Somme incarne l’expérience combattante de la Première Guerre mondiale : une vie précaire dans les tranchées, des assauts meurtriers et un coût humain disproportionné par rapport aux gains obtenus. Par son ampleur et par les témoignages qu’elle a laissés, elle illustre la violence de masse et l’absurdité de la guerre industrielle. Elle reste un repère majeur pour comprendre le vécu des soldats entre 1914 et 1918.
