Le génocide des Arméniens

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Les Arméniens, minorité chrétienne de l’Empire ottoman, sont victimes d’une élimination planifiée pour des motifs ethniques et religieux en 1915 et 1916. C’est le premier génocide du XXe siècle.

I Une élimination planifiée

1 Les Arméniens dans l’Empire ottoman avant 1914

À la fin du XIXe siècle, l’Empire ottoman compte 2 millions d’Arméniens. Non musulmans, ils ont le statut de « dhimmi » (ils paient un impôt spécifique et portent un code vestimentaire distinctif). Entre 1894 et 1896, les Arméniens sont victimes de massacres (250 000 morts) de la part des autorités ottomanes qui prônent un nationalisme musulman et voient en eux des alliés de l’Empire russe.

Repère
Mot clé

Un pogrom (terme russe) désigne des pillages et des meurtres d’une partie de la population contre une autre.

En 1908, le mouvement Jeune-Turc s’installe au pouvoir à la suite d’une révolution. Inquiet d’une émancipation politique des Arméniens, l’État organise des pogroms, qui font 20 000 à 30 000 victimes à Adana en 1909.

En novembre 1914, l’empire ottoman entre en guerre aux côtés des Empires centraux. Le Comité Union et Progrès (CUP), qui contrôle l’administration et l’armée, y voit la possibilité de construire un nouvel État-nation turc, racialement homogène : les Arméniens deviennent des « ennemis intérieurs ».

2 La planification du génocide

À l’hiver 1914, l’armée ottomane recule face aux Russes et l’empire est envahi après la défaite de Sarikamich (janvier 1915). Les soldats multiplient alors les violences contre les chrétiens.

En février 1915, le CUP ordonne que les Arméniens soient désarmés et affectés à l’arrière dans des bataillons de travail. Le ministre de l’Intérieur, Talaat Pacha, organise l’arrestation des élites arméniennes de Constantinople, les 24 et 25 avril 1915, 600 notables sont déportés puis assassinés. Cette rafle marque le début du génocide.

II Une élimination massive

1 Une déportation en deux temps

Entre avril et septembre 1915, les notables puis les hommes des villes des provinces orientales de l’Empire sont arrêtés au motif d’un prétendu complot contre le gouvernement. Beaucoup sont massacrés à l’abri des regards.

Puis, les militaires et gendarmes réunissent les femmes, les enfants et les personnes âgées pour les déporter, le plus souvent à pied, vers Alep et ensuite vers des camps de détention situés dans le désert de l’actuelle Syrie.

2 Les marches de la mort

Les « marches de la mort » se déroulent dans des conditions épouvantables, sans vivres ni eau. À chaque halte, une partie du convoi est éliminée.

Le gouvernement turc décide de liquider les survivants des marches de la mort, parqués dans les camps de Syrie. En juillet 1916, ils sont envoyés dans les déserts de Mésopotamie, notamment à Deir-ez-Zor où ils meurent de faim.

Repère
Mot clé

Un génocide est l’extermination intentionnelle et programmée de tout ou partie d’un peuple, pour des raisons ethniques ou religieuses.

Une centaine de milliers de femmes ont survécu au génocide, enlevées pour être vendues comme esclaves ou converties de force pour être mariées. La plupart des Arméniens de Constantinople ou de Smyrne n’ont pas été tués, trop en vue des Occidentaux, ni ceux des régions envahies par les troupes russes.

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Origines et réalisation d’un génocide

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Le génocide fait environ 1,5 million de victimes, soit près des deux tiers de la population arménienne de l’Empire ottoman. Il est aujourd’hui commémoré le 24 avril, jour de la première rafle à Constantinople.

Deir-ez-Zor, en Syrie, abritait un lieu de mémoire pour le peuple arménien, sur le site d’un massacre de masse. Il a été dynamité en 2014 par l’État islamique.