Introduction
Un même temps ou un même mode verbal ne produit pas toujours le même effet. Compare ces phrases :
Je révise au CDI.
Le héros entre, observe la salle et s’assoit.
Dans la première, le verbe situe une action réelle, en cours. Dans la seconde, le présent dynamise un récit au passé. Le verbe a donc plusieurs valeurs temporelles, aspectuelles et modales. Comprendre ces trois plans permet d’écrire plus justement et d’interpréter avec précision ce que tu lis, mais aussi quand tu t’exprimes.
Les valeurs temporelles du verbe
Un temps verbal peut assumer différentes fonctions selon le contexte.
Le présent : actualité, narration, habitude, vérité générale
Le présent d’énonciation ancre dans le moment où l’on parle :
Je t’écris depuis le CDI.
On peut aussi utiliser le présent pour évoquer le passé avec le présent de narration qui rend un récit passé plus vivant :
Elle entre, regarde la salle et s’avance vers le bureau.
Le présent d’habitude traduit une action régulière :
Tous les lundis, il révise après le sport.
Le présent de vérité générale (ou présent gnomique) énonce une propriété valable en tout temps :
Le bois flotte sur l’eau.
Les temps du passé
Le passé simple et le passé composé mettent en avant des actions ponctuelles qui font progresser le récit :
Il ouvrit la porte et disparut dans l’escalier.
Il a ouvert la porte et a disparu dans l'escalier.
L’imparfait installe la durée, la description ou l’habitude :
La pluie battait les vitres et la ville luisait.
Chaque été, nous partions à l’aube.
Le futur : projection et déduction
Le futur simple situe un fait dans l’avenir, souvent présenté comme prévu :
Le cours commencera à 9 h précises.
À retenir
Le présent peut exprimer l’actualité, la narration, l’habitude ou la vérité générale. Les passés simple et composé font avancer l’action, l’imparfait installe le cadre. Le futur projette un fait.
Les valeurs aspectuelles du verbe
L’aspect indique la manière dont l’action se déroule : achevée, en cours, répétée ou progressive.
Accompli / inachevé
Aspect accompli : action terminée.
J’ai fini mon devoir.
Aspect inachevé : action en cours, non achevée.
Je lisais quand il est entré.
Elle est en train de préparer sa présentation.
Le plus-que-parfait combine accompli et antériorité :
Quand le jury entra, nous avions déjà rendu les copies.
Répétitif et progressif
Répétitif ou habituel :
Chaque matin, il prenait le même chemin.
Progressif, avec « être en train de » ou des verbes de phase :
Ils sont en train de discuter de leur sujet.
Elle commence à comprendre la difficulté du texte.
À retenir
L’aspect montre si l’action est achevée, en cours ou répétée. Il oriente notre regard sur le déroulement de l’événement.
Les valeurs modales du verbe
La modalité traduit la position du locuteur face à ce qu’il dit. On l’étudie par mode : indicatif, conditionnel, subjonctif, impératif.
L’indicatif : le réel et ses nuances
L’indicatif présente les faits comme réels ou tenus pour tels, quel que soit le temps utilisé.
Présent (constat) :
Il est absent aujourd’hui.
Imparfait (cadre ou durée) :
Il travaillait en silence.
Passé composé (bilan) :
Elle a terminé son exposé.
Futur simple (projection programmée) :
Le spectacle commencera à 20 h.
Le conditionnel : hypothèse, éventualité, politesse
Le conditionnel place l’action dans le domaine du possible ou de l’incertain.
Hypothèse :
Si tu révisais régulièrement, tu progresserais vite.
Futur dans le passé :
Il annonça qu’il reviendrait le lendemain.
Information non confirmée :
Selon la presse, il démissionnerait.
Politesse ou atténuation :
Je voudrais vous poser une question.
Le subjonctif : souhait, nécessité, doute
Le subjonctif exprime ce qui n’est pas présenté comme réel, mais comme souhaité, nécessaire ou incertain.
Souhait / volonté (principal à l’indicatif, subordonnée au subjonctif) :
Je veux qu’il réussisse.
Nécessité / jugement :
Il faut que tu sois attentif.
Il est important qu’elle ait rendu son devoir.
Doute / éventualité :
Je doute qu’il soit prêt.
Il se peut qu’elle soit en retard.
Formules de souhait :
Pourvu qu’il vienne !
L’impératif : ordre, conseil, interdiction
L’impératif sert à donner un ordre, une consigne ou un conseil.
Ordre / consigne :
Éteignez vos téléphones.
Relisons la consigne.
Interdiction :
Ne parle pas pendant l’épreuve.
L’impératif passé (rare) exprime qu’une action doit être achevée avant un moment fixé :
Ayez rendu votre dossier pour vendredi.
À retenir
Indicatif : mode du réel, avec des temps qui expriment constat, récit, bilan ou projection. Conditionnel : hypothèse, futur dans le passé, information incertaine, politesse. Subjonctif : souhait, nécessité, doute. Impératif : ordre, conseil, interdiction.
Conclusion
Le verbe est un outil essentiel pour exprimer le temps, l’aspect et la modalité. Les valeurs temporelles situent l’action, les valeurs aspectuelles montrent son déroulement, et les valeurs modales traduisent l’attitude du locuteur. Savoir les repérer permet d’écrire de façon plus claire et d’interpréter avec justesse ce que tu lis, mais aussi de nuancer ton expression à l’oral comme à l’écrit.
