Le discours rapporté

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Tu vas apprendre à reconnaître les différentes façons dont un texte rapporte la parole ou la pensée d’un personnage. Tu découvriras comment le discours direct donne de la vivacité, comment le discours indirect crée de la distance, comment le discours indirect libre mêle les voix et comment le discours narrativisé résume les échanges. Tu verras aussi comment la concordance des temps garantit la cohérence du passage d’une forme à l’autre. Mots-clés : discours rapporté, discours direct, discours indirect, discours indirect libre, discours narrativisé, concordance des temps

Introduction

Le discours rapporté désigne la manière dont les paroles, les pensées ou les sentiments d’un personnage ou d’un locuteur sont intégrés dans un texte. Il constitue un outil essentiel pour comprendre la voix narrative, la place du narrateur et la façon dont une scène est racontée. En littérature, le discours rapporté n’est jamais neutre : il influence la distance entre le personnage et le lecteur, modifie le rythme, révèle une subjectivité ou au contraire cherche à la masquer. Quels sont les principaux types de discours rapporté et comment les reconnaître ?

Le discours direct : les paroles telles qu’elles sont prononcées

Définition

Le discours direct rapporte fidèlement les paroles d’un personnage. Il est introduit par des verbes de parole (« dire », « répondre », « s’écrier »), et se signale par des guillemets, des deux-points ou des tirets de dialogue.

Effets

Ce mode crée de la vivacité, du réalisme et l’impression que le lecteur assiste directement à la scène.

Exemples :

« Je ne viendrai pas », déclara-t-il.

Léa s’exclama : « C’est impossible ! »

Dans Les Misérables, Victor Hugo utilise abondamment le discours direct pour dynamiser les échanges, en particulier dans les dialogues avec Gavroche.

À retenir

Le discours direct restitue fidèlement les paroles et donne vie à la scène.

Le discours indirect : les paroles transformées par le narrateur

Définition

Le discours indirect reformule les paroles en les intégrant à la syntaxe du narrateur. Les déictiques changent, les pronoms s’adaptent, le verbe introducteur est conservé et les subordonnées sont introduites par « que », « si », « où », etc.

Effets

Le narrateur contrôle davantage le message. Ce mode crée une certaine distance entre le lecteur et les paroles originales.

Exemples :

Il affirma qu’il ne viendrait pas.

Elle demanda si c’était possible.

Dans Madame Bovary, Flaubert utilise le discours indirect pour montrer l’écart entre les illusions d’Emma et la lucidité du narrateur.

À retenir

Le discours indirect reformule les paroles en les intégrant à la voix du narrateur.

Le discours indirect libre : entre narration et parole

Définition

Le discours indirect libre présente les paroles ou pensées d’un personnage sans guillemets et sans verbe introducteur, mais en conservant une coloration subjective propre au personnage.

Effets

Ce mode crée une proximité intime, fluide, sans rompre la continuité narrative.

Exemples :

Il entra. Pourquoi était-elle encore là ?

Allait-il seulement oser parler ?

Dans Le Rouge et le Noir, Stendhal utilise souvent ce procédé pour dévoiler les pensées de Julien sans interrompre le récit.

À retenir

Le discours indirect libre mêle la voix du narrateur et celle du personnage.

Le discours narrativisé : les paroles résumées

Définition

Le discours narrativisé ne rapporte pas les paroles mais les résume. Le narrateur indique simplement qu’un personnage a parlé ou pensé.

Effets

Il accélère le récit, évite les détails inutiles et condense les échanges.

Exemples :

Il lui expliqua la situation.

Ils discutèrent longuement des événements.

À retenir

Le discours narrativisé résume les échanges sans reproduire les paroles.

La concordance des temps : un ajustement indispensable

Dans le discours indirect et le discours indirect libre, les temps verbaux doivent souvent s’adapter au temps du verbe introducteur, selon la règle dite de la concordance des temps. L’objectif est de maintenir une cohérence temporelle dans la reformulation.

Principe général

Si le verbe introducteur est au passé, les temps du discours rapporté basculent également vers le passé.

Exemples :

Discours direct : « Je viendrai demain. »

Discours indirect : Il déclara qu’il viendrait le lendemain.

Autres ajustements fréquents :

Présent → imparfait : « Je suis fatigué » → Il dit qu’il était fatigué.

Passé composé → plus-que-parfait : « J’ai réussi » → Elle expliqua qu’elle avait réussi.

Dans la plupart des textes littéraires, la concordance est respectée afin de préserver la cohérence du récit, même si certains auteurs jouent parfois avec cette règle pour créer un effet d’immédiateté.

À retenir

La concordance des temps assure une transition cohérente du discours direct vers le discours indirect.

Conclusion

Le discours rapporté est un outil fondamental pour analyser la manière dont un auteur fait entendre, filtrer ou interpréter la parole d’un personnage. Les formes directes, indirectes, indirectes libres ou narrativisées modulent la distance, le rythme et la perception subjective du lecteur. La concordance des temps, même présentée de manière simple, complète cette analyse en assurant la cohérence temporelle dans le passage d’une forme à une autre. Reconnaître ces procédés permet de mieux comprendre la voix narrative, la psychologie des personnages et les choix d’écriture propres à chaque œuvre littéraire.