La monarchie absolue de droit divin en France

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Aux XVIe et XVIIe siècles se met en place un régime fondé sur la toute-puissance du monarque. Absolu en principe, le pouvoir royal est en fait contesté par de multiples oppositions, qu’elles soient politiques, sociales ou religieuses.

I Un modèle politique

1 Un modèle théorisé par des juristes…

Dès 1519, dans son ouvrage La Grand’monarchie de France, Claude de Seyssel parle d’une « dignité et autorité royale en son entier ». Sa théorie d’une monarchie absolue reste une référence pour les juristes jusqu’au XVIIIe siècle.

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Les régalia sont les objets symboliques de la royauté comme la couronne, la main de justice ou le sceptre.

Le roi, représentant de Dieu sur Terre, doit exercer un pouvoir sans partage : justicier suprême, il fait la loi et commande à tous ses sujets. La cérémonie du sacre et les régalia symbolisent l’absolutisme royal.

À partir de 1661, Louis XIV met en pratique ce modèle en décidant de gouverner seul : écartant les « Grands » (les membres de la haute noblesse, les princes et les membres de sa famille), il s’entoure d’hommes compétents et de condition plus modeste qui composent ses différents conseils. À partir de 1682, le « Roi-­Soleil » fait du château de Versailles le siège de sa cour et de son gouvernement.

2 ... qui se heurte à divers obstacles

À plusieurs reprises, les Grands se révoltent contre l’absolutisme royal, accusé de réduire leurs prérogatives : la Ligue, dirigée contre Henri III à partir de 1576 ; la Fronde (1648-1653), durant la minorité de Louis XIV.

Les parlementaires, issus de la noblesse de robe, prétendent constituer un rempart contre l’arbitraire royal. Durant le règne de Louis XV, ils font échouer les tentatives de réformes fiscales qui visent les privilégiés.

Les paysans se révoltent régulièrement contre la levée de nouveaux impôts, comme les Croquants dans le Sud-Ouest (1635-1637).

II Le pouvoir royal et la question religieuse

1 Le « Roi Très Chrétien »

La cérémonie du sacre dans la cathédrale de Reims rappelle à tous que le roi est le « lieutenant de Dieu sur Terre » et le défenseur de l’Église.

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Un concordat est un texte signé entre le pape et un État pour préciser la situation de l’Église catholique sur son territoire.

En 1516, le concordat de Bologne, signé entre François Ier et le pape Léon X, renforce le contrôle du roi sur le clergé dont il nomme les responsables (évêques et abbés).

Dès le début du XVIe siècle, le roi de France est ainsi un des rares souverains qui bénéficie d’un tel pouvoir sur l’Église.

2 La question protestante

De 1562 à 1598, l’autorité royale est fragilisée par les guerres de religion qui opposent catholiques et protestants. Ainsi, à partir de 1576, la Ligue, qui rassemble des catholiques intransigeants, cherche à détrôner Henri III jugé trop complaisant envers les protestants. Le roi est assassiné en 1589 par un moine ligueur.

En 1598, l’édit de Nantes signé par Henri IV accorde aux protestants la liberté de conscience, des privilèges militaires et l’égalité civique avec les catholiques. Cependant, au début du XVIIe siècle, Louis XIII mène trois guerres de religion contre des places fortes protestantes (siège de la Rochelle en 1627-1628).

Son successeur, Louis XIV, lutte contre les protestants pour assurer l’unité du royaume et s’affirmer comme défenseur de la foi catholique. Après des décennies de répression militaire, il révoque l’édit de Nantes en 1685 : le culte protestant est désormais interdit dans le royaume et les temples détruits. De nombreux protestants, souvent qualifiés, émigrent ; d’autres résistent, tels les Camisards dans les Cévennes (1702-1704). La persécution se poursuit jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.