Le contôle de la vie économique française

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Dans un royaume dominé par l’agriculture et peu développé, l’État louis-quatorzien entend jouer un rôle moteur : sous l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert, il entreprend de nombreux aménagements pour le moderniser. Cependant, au XVIIIe siècle, le libéralisme lui conteste ce rôle.

I Des pesanteurs économiques

1 La domination de l’agriculture

Sous l’Ancien Régime, plus de 80 % de la population française vit de l’agriculture. Cette activité est considérée comme le pilier de l’économie nationale. Ainsi, pour Sully, ministre des Finances d’Henri IV, « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ».

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Les droits seigneuriaux sont les redevances, en nature, en argent ou en travail dues par les paysans à leur seigneur en échange de l’utilisation de ses terres.

Cependant, l’agriculture présente de nombreux archaïsmes : la domination de petites exploitations sur lesquelles travaillent des paysans non propriétaires ; le poids des droits seigneuriaux, de la dîme et des impôts ; de faibles rendements ; la domination de cultures de subsistance (blé, orge).

De plus, l’agriculture est une activité vulnérable : en raison des intempéries, les mauvaises récoltes entraînent des crises de subsistance qui touchent les campagnes et les villes en raison de l’augmentation du prix du pain (comme en 1693-1694 ou en 1709).

2 Un territoire peu développé

La richesse du royaume est concentrée dans quelques grandes villes où se développent les activités financières, commerciales et industrielles. Avant Paris, Lyon s’impose comme une métropole d’importance européenne : ses foires attirent des négociants de toute l’Europe tandis que son industrie de la soie prospère.

Les moyens de communication sont limités : jusqu’au milieu du XVIIe siècle, les routes ne constituent pas de véritable réseau ; elles sont mal entretenues et peu sûres. Quant aux canaux, ils sont quasi inexistants.

Les conflits des XVIe et XVIIe siècles constituent un obstacle au développement économique du royaume : de 1562 à 1598, les guerres de religion désorganisent la vie économique ; les guerres menées par Louis XIII et Louis XIV entraînent l’augmentation de la pression fiscale sur les forces vives du pays.

II L’État, modernisateur de l’économie

Du XVIe au milieu du XVIIIe siècle, le mercantilisme domine. Cette théorie économique considère que la richesse d’un État se fonde sur l’accumulation de métaux précieux qui s’y trouvent. À la fin du XVIIe siècle, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des Finances, la met en œuvre en favorisant les exportations tout en protégeant le marché intérieur.

C’est pourquoi il crée des manufactures d’État sévèrement réglementées et protégées par des tarifs douaniers élevés (manufacture des Gobelins).

Colbert fonde également des compagnies de commerce à monopole comme la Compagnie des Indes occidentales ; il fait aménager des ports (Brest, Lorient) et creuser des canaux (canal du Midi).

Enfin, dans le sillage de Richelieu, il favorise la mise en valeur des colonies. Ainsi, dans les Antilles (Saint-Domingue, Martinique, Guadeloupe), se développe l’économie de plantation fondée sur la traite négrière.

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Une enclosure est un mouvement consistant à enclore des champs autrefois ouverts pour favoriser les grandes exploitations individuelles.

À partir de la moitié du XVIIIe siècle, sous l’influence des Lumières, l’État remet en cause le mercantilisme, accusé d’étouffer le développement économique.

L’État recherche l’augmentation des rendements par l’amélioration des semences et les enclosures. Il remet en cause le monopole des compagnies de commerce. Il démantèle le monopole des manufactures en favorisant l’initiative privée (manufacture d’Oberkampf à Jouy-en-Josas).