La décolonisation et la crise algérienne

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Dans cette leçon, tu découvriras les étapes clés de la décolonisation française, avec un focus particulier sur la guerre d'Algérie. Tu analyseras les tensions internes et externes liées à la guerre, l'indépendance de l'Algérie et les profondes conséquences pour la société française et algérienne. Comprendre cette période est essentiel pour saisir les relations franco-algériennes contemporaines. Mots-clés : décolonisation, guerre d'Algérie, indépendance, FLN, accords d'Évian, Françafrique.

Introduction

La décolonisation constitue l'un des tournants majeurs du XXe siècle, marquant la fin des empires coloniaux européens et l'émergence de nouveaux États indépendants. Pour la France, ce processus est ponctué de conflits et de tensions, notamment en Algérie. Cette leçon explore les différentes étapes de la décolonisation française, en mettant l'accent sur la crise algérienne, qui a profondément affecté la société française et façonné les relations franco-algériennes contemporaines.

Le contexte de la décolonisation française

Après la Seconde Guerre mondiale, le monde connaît une vague de décolonisation, stimulée par les idéaux de liberté et d'autodétermination promus par les Nations Unies. Comme d'autres puissances coloniales, la France doit faire face aux revendications croissantes d'indépendance de ses colonies. En Indochine, la guerre éclate dès 1946, illustrant le refus de la France de céder ses possessions. Ce conflit se termine par la défaite française à Diên Biên Phu en 1954 et les accords de Genève, qui marquent la fin de la guerre d'Indochine. Ils entraînent l'indépendance de Vietnam, du Laos et du Cambodge. Toutefois, la division du Vietnam est actée dans ces accords, avec une séparation provisoire entre le Nord (communiste) et le Sud (pro-occidental), la réunification devant être réglée par des élections prévues pour 1956, mais jamais organisées.

L'Afrique subsaharienne suit un chemin plus pacifique vers l'indépendance. Entre 1958 et 1960, de nombreux territoires deviennent indépendants, tels que le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Bénin. La France adopte alors une politique pragmatique d'accompagnement des indépendances. Toutefois, à travers ce que l'on a appelé la Françafrique — un terme aujourd'hui péjoratif, désignant une influence informelle et contestée — la France conserve une influence économique, politique et militaire sur de nombreux pays africains, limitant leur autonomie.

Les origines de la crise algérienne

L'Algérie, colonie française depuis 1830, occupe une place particulière dans l'empire colonial. Considérée comme un territoire français, elle est peuplée de nombreux colons européens, les pieds-noirs, ce qui complique les revendications d'indépendance. Les inégalités économiques et sociales entre colons et Algériens musulmans alimentent le mécontentement.

Le 1er novembre 1954, la Toussaint rouge marque le début de la guerre d'indépendance algérienne. Le Front de Libération Nationale (FLN) lance une série d'attentats et d'actions armées, réclamant l'indépendance. Cette date symbolise un tournant majeur, car le FLN cherche à mobiliser un large soutien populaire, sur les plans militaire et politique. La répression française est brutale, intensifiant le conflit. Le gouvernement français considère longtemps ce conflit comme des « événements », refusant de reconnaître officiellement la nature de guerre jusqu'en 1999.

Les phases de la guerre d'Algérie

La guerre d'Algérie se déroule en plusieurs phases distinctes.

De 1954 à 1957, le FLN mène une guerre de guérilla, tandis que la France envoie des renforts militaires pour maintenir l'ordre. Les attentats s'intensifient, notamment lors de la bataille d'Alger en 1957, où le général Massu dirige une répression sévère contre les réseaux indépendantistes, marquée par l'usage massif de la torture par les forces françaises, un aspect désormais reconnu et largement documenté dans les débats historiques et politiques.

De 1958 à 1960, la crise politique en métropole conduit au retour au pouvoir du général de Gaulle. Ce dernier propose une nouvelle approche pour l'Algérie, laissant entrevoir la possibilité d'une solution politique. Toutefois, les affrontements continuent et le FLN intensifie ses attaques.

De 1960 à 1962, des négociations s'engagent entre le gouvernement français et le FLN. Les accords d'Évian, signés en mars 1962, mettent fin à la guerre. Ils prévoient un cessez-le-feu, l'organisation d'un référendum d'autodétermination et la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie, officialisée le 5 juillet 1962.

Les conséquences de la guerre d'Algérie

En Algérie

La guerre d'Algérie a des répercussions profondes sur la société algérienne. L'indépendance marque le début d'une construction d'État difficile, bien loin de la reconstruction nationale traditionnelle, vu l'absence d'infrastructures et de cadres institutionnels. L'Algérie doit reconstruire son économie et gérer d'importantes tensions internes. Le FLN, qui a mené la lutte pour l'indépendance, fait face à des rivalités, notamment entre Ben Bella et Boumédiène. Ces tensions conduisent à un coup d'État en 1965, au cours duquel Boumédiène prend le pouvoir.

L'indépendance est également marquée par des violences internes, notamment contre les harkis, qui avaient combattu aux côtés de l'armée française, et contre les pieds-noirs, contraints à l'exil. Cet exode s'effectue dans des conditions dramatiques, alimentant une mémoire douloureuse des deux côtés.

En France

En France, la guerre d'Algérie provoque une crise politique majeure et accélère la chute de la IVe République. Le pays est profondément divisé entre les partisans de l'Algérie française et ceux qui soutiennent l'indépendance. Le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 marque la transition vers la Cinquième République.

La guerre laisse également des cicatrices sociales. Les pieds-noirs et les harkis, qui doivent s'intégrer en métropole dans des conditions souvent difficiles, suscitent tensions et débats sur la politique d'accueil et de reconnaissance de leur sort.

Conclusion

La décolonisation française et la crise algérienne illustrent la complexité et la violence des processus de décolonisation. En Algérie, la guerre d'indépendance a laissé des traces profondes, tant sur le plan politique que social. Pour la France, ce conflit a révélé les limites de sa politique coloniale et accéléré l'évolution de ses institutions.

Cette période inaugure également une nouvelle forme d'influence française en Afrique, désignée sous le terme de Françafrique, un terme qui, bien qu'il ait d'abord désigné une politique de maintien de relations étroites, est aujourd'hui péjoratif, car il renvoie à une influence informelle et contestée qui a limité l'autonomie politique et économique de nombreux pays africains. Comprendre ces événements est indispensable pour saisir les dynamiques contemporaines entre la France et ses anciennes colonies.