La IVe République entre décolonisation, guerre froide et construction européenne

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Dans cette leçon, tu découvriras les grands défis auxquels la France a été confrontée sous la IVᵉ République : la décolonisation, la guerre froide et la construction européenne. Tu comprendras comment ces enjeux ont façonné l’histoire politique du pays, de l'indépendance de l'Algérie à la participation active à la création de l'Union européenne. Mots-clés : IVᵉ République, décolonisation, guerre froide, Algérie, Plan Marshall, construction européenne.

Introduction

La IVe République, qui s'étend de 1946 à 1958, est une période cruciale de l'histoire contemporaine française. Après la Seconde Guerre mondiale, la France doit se réinventer dans un monde en mutation rapide. Elle est confrontée à trois défis majeurs : la décolonisation, la guerre froide et la construction européenne. Ces phénomènes ne transforment pas seulement la France, mais influencent également les relations internationales de cette époque.

La décolonisation : une transition douloureuse

La décolonisation est l'un des défis les plus pressants pour la IVᵉ République. Affaiblie par la guerre, la France doit répondre aux aspirations d'indépendance de ses colonies, notamment en Asie du Sud-Est et en Afrique du Nord.

L'Indochine

La guerre d'Indochine débute en décembre 1946 avec l'attaque de Hanoï par les forces françaises, marquant le début du conflit armé entre la France et les nationalistes vietnamiens dirigés par Hô Chi Minh et le Viet Minh. Dans un contexte colonial complexe, la France tente de rétablir son autorité sur l'ancienne Indochine française.

La défaite française à Diên Biên Phu en 1954 conduit à la signature des accords de Genève. Ces accords mettent fin au conflit et prévoient la division temporaire du Vietnam au niveau du 17ᵉ parallèle, avec la tenue d'élections nationales en 1956 pour réunifier le pays. Toutefois, ces élections ne sont jamais organisées. Le Sud-Vietnam émerge progressivement comme un État distinct, soutenu par les États-Unis, tandis que le Nord-Vietnam est contrôlé par Hô Chi Minh.

L'Algérie

En Algérie, la situation est particulièrement complexe. La guerre d'Algérie commence en novembre 1954 avec l'insurrection du Front de Libération Nationale (FLN). Contrairement à l'Indochine, l'Algérie est considérée comme une partie intégrante du territoire métropolitain, ce qui rend la question de l'indépendance encore plus sensible. La guerre, marquée par des violences et des tortures, divise profondément la société française. Elle se termine officiellement par les accords d'Évian en mars 1962, suivis d'un référendum en juillet 1962 confirmant l'indépendance. Toutefois, la violence persiste après l'indépendance : les harkis, Algériens ayant soutenu l'armée française, sont abandonnés à leur sort et subissent des représailles, tandis que les pieds-noirs sont contraints de quitter l'Algérie. L'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), opposée aux accords, multiplie également les actes de violence.

Guerre froide : la France dans le camp occidental

Dans un monde bipolaire dominé par la rivalité entre les États-Unis et l'URSS, la France, tout en cherchant à préserver son autonomie, s'inscrit dans le camp occidental.

Intégration dans le bloc occidental

La France devient membre de l'OTAN dès sa création en 1949, affirmant son engagement aux côtés des États-Unis pour contenir l'expansion du communisme. Sous la IVe République, cet ancrage occidental est essentiel à la politique étrangère française, même si des débats internes émergent sur l'équilibre entre solidarité atlantique et indépendance nationale.

Plan Marshall

La France bénéficie du Plan Marshall, programme d'aide économique américain lancé en 1948. Cette aide est essentielle à la reconstruction et à la modernisation de l'économie française. Si elle accélère la sortie de crise, elle renforce aussi l'influence des États-Unis sur la politique économique et extérieure française.

La construction européenne : des débuts prometteurs

Parallèlement à son engagement dans le bloc occidental, la France joue un rôle moteur dans la construction européenne, perçue comme un moyen d'assurer la paix et la prospérité sur le continent.

La CECA

En 1951 est fondée la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), regroupant six pays : la France, l'Allemagne de l'Ouest, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Cette coopération sectorielle vise à mutualiser les ressources essentielles à la reconstruction et à prévenir de nouveaux conflits.

Le traité de Rome

La signature du traité de Rome en 1957 conduit à la création de la Communauté économique européenne (CEE) et de l'EURATOM. Ces institutions posent les bases d'un marché commun et d'une intégration économique accrue, amorçant le processus qui mènera ultérieurement à la construction de l'Union européenne.

Conclusion

La IVe République est une période de transition marquée par l'adaptation de la France à un monde en mutation. Les défis de la décolonisation révèlent les tensions internes et les limites du régime parlementaire. Parallèlement, l'engagement de la France dans la guerre froide et sa participation active à la construction européenne témoignent de sa volonté de s'intégrer dans un nouvel ordre international. Toutefois, les faiblesses institutionnelles de la IVᵉ République, en particulier son instabilité gouvernementale et son incapacité à résoudre des crises majeures comme celle de l'Algérie, aboutissent à son effondrement en 1958 et à l'avènement de la Vᵉ République sous l'autorité de Charles de Gaulle. Cette période reste essentielle pour comprendre les dynamiques politiques et sociales qui ont façonné la France contemporaine.