La croissance économique et ses sources

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Dans cette leçon, tu vas comprendre ce qui fait croître une économie : travail, capital, innovation, institutions, mais aussi les ressources naturelles. Tu verras comment la croissance peut être à la fois un levier de développement et un défi pour l’environnement, à condition d’en maîtriser les impacts. Mots-clés : croissance économique, productivité, facteurs de production, innovation, progrès technique, durabilité.

Introduction

Pourquoi certaines économies connaissent-elles un développement rapide tandis que d'autres peinent à décoller ? La croissance économique, mesurée par l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) en volume, joue un rôle central dans l’amélioration des conditions de vie, le financement des services publics ou encore la réduction de la pauvreté. Elle repose sur la mobilisation de ressources productives, mais aussi sur la capacité à en améliorer l’efficacité. Comprendre les sources de la croissance permet ainsi de mieux saisir les leviers sur lesquels les sociétés peuvent agir, tout en tenant compte de leurs limites écologiques et sociales.

Les facteurs de production (travail et capital), la productivité globale des facteurs, le progrès technique, mais aussi la disponibilité des ressources naturelles et les contraintes environnementales sont autant d’éléments qui permettent ou freinent la croissance à long terme. Les débats sur la durabilité des trajectoires économiques modernes les placent aujourd’hui au centre des préoccupations.

Accumulation des facteurs : capital, travail et ressources naturelles

Le travail : plus de population, plus de qualifications

Le facteur travail désigne l’ensemble des ressources humaines engagées dans la production. En France, environ 30 millions de personnes forment la population active. L’augmentation du nombre de travailleurs, via par exemple la hausse du taux d’activité féminin (passé de 60 % à 68 % entre 2000 et 2023), contribue mécaniquement à la croissance.

Mais la qualification joue un rôle crucial. Une main-d’œuvre plus instruite est souvent plus productive. En 2022, 80 % des 25-34 ans en France détenaient au moins un diplôme de niveau bac. Cette évolution renforce les capacités de production des économies développées.

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Depuis 1975, la participation des femmes au marché du travail a fortement progressé (de 54 % à 71 %).
Parallèlement, la part des jeunes de 25-34 ans titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme du supérieur a nettement augmenté.
Ces deux évolutions traduisent l’élévation du niveau d’instruction et son impact sur la croissance de l’emploi féminin.

Le capital : investir pour produire plus

Le capital regroupe les équipements, infrastructures et technologies utilisés pour produire des biens et services. Il s’accumule grâce à l’investissement, qui représentait 23,4 % du PIB en France en 2023. Par exemple, l’achat de robots dans l’industrie permet d’accroître la capacité de production sans nécessairement augmenter le nombre de travailleurs.

Cependant, cette accumulation rencontre des limites. À mesure que l’on ajoute du capital ou du travail, chaque unité supplémentaire devient moins productive : ce sont les rendements décroissants.

Les ressources naturelles : un facteur souvent oublié

Les ressources naturelles (sols, eau, minerais, énergies fossiles, biomasse) constituent également un facteur de production indispensable, bien qu’elles soient rarement incluses dans les modèles traditionnels. L’agriculture dépend de la qualité des sols, l’industrie de l’accès à des minerais ou à l’énergie.

Or, ces ressources sont limitées. L’épuisement des réserves de pétrole ou la raréfaction de certains métaux critiques (comme le lithium ou le cobalt) pose la question de la pérennité des trajectoires de croissance actuelles.

À retenir

L’accumulation du travail, du capital et des ressources naturelles permet d’augmenter la production.

Mais cette accumulation est soumise à des rendements décroissants et à des contraintes écologiques croissantes.

Produire mieux : le rôle de la productivité globale des facteurs (PGF)

Mieux combiner les ressources

La PGF reflète l’efficacité avec laquelle le capital et le travail sont utilisés conjointement. Une augmentation de la PGF signifie que, pour une même quantité de ressources, on parvient à produire davantage. Elle est souvent interprétée comme un effet du progrès technique.

Par exemple, une entreprise qui parvient à automatiser une partie de sa production sans embaucher ni investir massivement voit sa PGF augmenter.

Entre 1950 et 1990, la productivité du travail en France a été multipliée par 4,5, soutenant une forte croissance. Depuis les années 2000, les gains ralentissent, soulevant des inquiétudes quant à la capacité d’innovation des économies avancées.

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Depuis 1950, la production française a été multipliée par huit, tandis que l’efficacité productive (PGF) a été multipliée par trois.
Le rythme de croissance, très fort pendant les Trente Glorieuses, se stabilise à un niveau plus modéré depuis les années 2000.
Cette évolution illustre le passage d’une croissance extensive (accumulation de capital et de travail) à une croissance plus intensive, fondée sur le progrès technique et l’efficacité.

À retenir

La PGF mesure l’efficacité globale de la combinaison productive.

Son amélioration permet de produire davantage sans mobiliser plus de ressources.

L’innovation et le progrès technique : moteur de croissance et facteur de transition

Un processus endogène

Le progrès technique, c’est-à-dire l’ensemble des innovations améliorant la productivité, est souvent vu comme la source principale de la croissance à long terme.

Contrairement à une idée ancienne selon laquelle le progrès technique viendrait de l’extérieur (exogène), il est désormais considéré comme endogène : il résulte de décisions économiques, notamment d’investissements en recherche, en éducation et en infrastructures.

En 2022, la Corée du Sud consacrait 4,8 % de son PIB à la recherche et développement (R&D), contre 2,2 % en France. Ces dépenses permettent de soutenir des innovations :

  • Produits nouveaux : smartphone, vaccins ARN, objets connectés.

  • Procédés de production : impression 3D, automatisation.

  • Organisation du travail : télétravail, plateformes collaboratives.

La destruction créatrice

L’innovation transforme profondément les économies. Pour Joseph Schumpeter, elle s’accompagne d’un phénomène de destruction créatrice : les nouvelles activités remplacent les anciennes. L’essor du numérique a marginalisé des secteurs entiers (presse papier, vidéo-clubs) tout en en faisant émerger d’autres (cloud computing, streaming).

Ce processus stimule la croissance mais peut aussi accentuer les inégalités, provoquer des pertes d’emplois ou déséquilibrer certains territoires.

À retenir

Le progrès technique, moteur de la productivité, est le fruit d’investissements dans le capital humain et la recherche.

Il transforme les économies par un processus de destruction créatrice.

Institutions et limites écologiques : vers une croissance soutenable

Le rôle des institutions

Les droits de propriété, un système juridique fiable, des administrations efficaces et des marchés concurrentiels régulés sont autant de conditions indispensables à la croissance. Ils sécurisent les investissements, favorisent l’innovation et assurent la confiance entre acteurs économiques.

Des études montrent que les pays affichant une gouvernance de qualité (comme la Finlande, le Danemark ou la Nouvelle-Zélande) connaissent en général une croissance plus robuste et plus inclusive.

Les limites écologiques de la croissance

La croissance économique repose en grande partie sur l’exploitation de ressources naturelles et sur des processus productifs générateurs de pollution. Aujourd’hui, les activités humaines sont responsables de près de 37 milliards de tonnes de CO₂ émises chaque année, contribuant au réchauffement climatique.

Les économistes soulignent que cette croissance est insoutenable si elle ne prend pas en compte les limites planétaires :

  • Épuisement des ressources (énergies fossiles, terres agricoles).

  • Pollution de l’air, de l’eau, des sols.

  • Effondrement de la biodiversité.

Certaines innovations peuvent aider à verdir la croissance (voitures électriques, énergies renouvelables), mais elles ne suffisent pas toujours à compenser les effets négatifs. On parle alors de croissance verte, voire de découplage entre croissance du PIB et pression environnementale.

À retenir

Une croissance durable suppose un cadre institutionnel efficace et la prise en compte des limites écologiques.

L’innovation peut contribuer à limiter les impacts environnementaux, mais ne garantit pas à elle seule la soutenabilité.

Conclusion

La croissance économique repose sur une combinaison complexe de facteurs quantitatifs (travail, capital, ressources naturelles) et qualitatifs (productivité, innovation, institutions). À long terme, c’est la capacité des sociétés à innover, à former, mais aussi à préserver leurs ressources et à réduire leur empreinte écologique qui conditionnera la poursuite d’un développement soutenable. La croissance n’est donc pas une mécanique automatique : elle dépend de choix collectifs, économiques, sociaux et politiques.