La constitution d’empires coloniaux

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Découvre comment, à la fin du XIXᵉ siècle, la France bâtit un empire colonial s’étendant sur l’Afrique, l’Asie et le Pacifique. Tu verras le rôle particulier de l’Algérie, les rivalités avec le Royaume-Uni illustrées par Fachoda, et l’action des militaires et administrateurs pour contrôler ces territoires. Mots-clés : empire colonial français, Algérie, Fachoda, AOF, AEF, expansion coloniale.

Introduction

À la fin du XIXe siècle, la France participe pleinement au mouvement de la Seconde colonisation, ou Nouvel impérialisme, qui voit les puissances européennes se lancer dans une course aux territoires. En quelques décennies, la République se dote d’un empire qui s’étend sur plusieurs continents. Les conquêtes militaires, la mise en place d’administrations coloniales et la rivalité avec d’autres puissances, comme le Royaume-Uni, redessinent la carte du monde et modifient profondément le rôle de la France sur la scène internationale.

Les principales conquêtes et zones d’influence

À partir des années 1880, la France accélère ses acquisitions territoriales. En Afrique, elle étend son contrôle sur l’Afrique occidentale française (AOF) – Sénégal, Soudan français (actuel Mali), Guinée, Côte d’Ivoire, Niger – officiellement organisée en 1895, et sur l’Afrique équatoriale française (AEF) – Congo, Gabon, Oubangui-Chari (actuelle Centrafrique), Tchad – constituée en 1910. À l’est du continent, elle établit son influence à Djibouti (Côte française des Somalis) et à Madagascar, devenu colonie française en 1896 après une campagne militaire.

En Asie, la conquête de la Cochinchine dans les années 1860 est suivie par la constitution de l’Union indochinoise en 1887, regroupant la Cochinchine, le Tonkin, l’Annam, le Cambodge et, à partir de 1893, le Laos. Dans le Pacifique, la France contrôle la Nouvelle-Calédonie (annexée en 1853), Tahiti et d’autres îles de Polynésie française.

Ces territoires, bien que dispersés, forment un empire structuré en grandes fédérations administratives, reliées à la métropole par les routes maritimes.

À retenir

L’empire français s’étend sur plusieurs continents, avec des possessions en Afrique, en Asie et dans le Pacifique, organisées en ensembles administratifs.

Le cas particulier de l’Algérie

L’Algérie occupe une place à part dans l’empire colonial français. Conquise progressivement à partir de 1830, sa prise de contrôle militaire n’est pleinement achevée qu’au début des années 1900, certaines régions comme le Sahara n’étant effectivement intégrées qu’après 1902-1903. Toutefois, des révoltes éclatent encore après cette date. Contrairement aux autres colonies, elle est organisée en trois départements français (Alger, Oran, Constantine), intégrés administrativement à la métropole.

Cependant, cette intégration est inégale : la population européenne (« colons » ou « pieds-noirs ») bénéficie de la citoyenneté française, tandis que la majorité musulmane reste soumise au Code de l’indigénat, instauré en 1881 pour l’Algérie et progressivement étendu à d’autres colonies. Ce dispositif limite fortement les droits politiques et civiques des populations autochtones.

À retenir

L’Algérie est intégrée administrativement à la France, mais la majorité de sa population reste soumise à un statut d’infériorité juridique.

Les rivalités internationales et l’exemple de Fachoda

L’expansion coloniale se déroule dans un climat de rivalités entre puissances. La France et le Royaume-Uni, en particulier, s’affrontent pour le contrôle de zones stratégiques. En Afrique, cela prend la forme de la course au Nil, où les deux pays cherchent à réaliser des projets concurrents : un axe nord-sud pour les Britanniques, du Caire au Cap, et un axe ouest-est pour les Français, reliant l’AOF à la mer Rouge.

En 1898, l’affaire de Fachoda illustre cette rivalité : une mission française partie du Sénégal et dirigée par le commandant Marchand atteint le haut Nil, mais se heurte aux troupes britanniques de Lord Kitchener. Après plusieurs semaines de tensions diplomatiques, la France accepte de se retirer. L’incident montre les limites des ambitions françaises face à la supériorité britannique, tout en ouvrant la voie à un rapprochement ultérieur entre les deux pays.

À retenir

Fachoda symbolise la concurrence coloniale franco-britannique et oppose deux visions stratégiques : l’axe ouest-est français et l’axe nord-sud britannique.

Les acteurs militaires et administratifs

La constitution de l’empire repose sur deux piliers.

  • Les militaires mènent les expéditions de conquête, soumettent les territoires et assurent souvent une occupation permanente. Des figures comme le général Gallieni à Madagascar ou le maréchal Lyautey au Maroc incarnent cette action.

  • Les administrateurs coloniaux organisent les nouvelles possessions, mettent en place les structures fiscales et juridiques, et supervisent les grands travaux. Ports pour le commerce maritime, réseaux de chemins de fer pour relier l’intérieur aux côtes, et lignes de télégraphe pour accélérer les communications sont autant d’outils au service du contrôle colonial et de l’exploitation économique.

Ces acteurs s’appuient sur des intermédiaires locaux – chefs traditionnels, interprètes – et sur le développement des infrastructures pour asseoir durablement l’autorité française.

À retenir

L’expansion coloniale combine action militaire, organisation administrative et mise en place d’infrastructures stratégiques.

Conclusion

À la fin du XIXe siècle, la France possède un empire vaste et diversifié, fruit de campagnes militaires, de négociations diplomatiques et d’un effort administratif soutenu. L’Algérie, intégrée comme territoire départementalisé, illustre la spécificité de certaines possessions. Mais cet empire s’est construit dans un contexte de rivalités internationales, marqué par des tensions comme Fachoda, et repose sur un contrôle militaire, administratif et infrastructurel constant. Héritage de cette période, il façonne durablement l’influence française dans le monde et continue d’alimenter les débats sur le passé colonial.