Introduction
Quand une plaie cutanée (lésion de la peau) s’infecte ou qu’un virus comme celui de la grippe pénètre dans les voies respiratoires, notre organisme déclenche une véritable bataille pour éliminer l’intrus. Cette défense repose sur une armée de globules blancs « leucocytes », chacun ayant un rôle particulier. Parmi eux, les macrophages jouent un rôle central grâce à la phagocytose, processus par lequel une cellule engloutit et détruit des micro-organismes. Mais ils ne sont pas seuls : d’autres cellules de l’immunité innée et adaptative coopèrent, chacune avec des missions spécifiques, pour éliminer les agents pathogènes et garder une trace de l’infection.
La phagocytose et la réaction inflammatoire
Lorsqu’une bactérie pénètre par une plaie cutanée, les macrophages présents dans les tissus réagissent immédiatement. Ils l’engloutissent par phagocytose et la détruisent grâce à des enzymes digestives. En parallèle, ils libèrent des médiateurs chimiques (comme certaines cytokines) qui alertent et recrutent d’autres leucocytes.
Les polynucléaires neutrophiles, très nombreux dans le sang, rejoignent rapidement la zone infectée. Eux aussi pratiquent la phagocytose et libèrent des molécules antimicrobiennes. Ce sont des cellules très efficaces mais à durée de vie courte.
La réaction inflammatoire est déclenchée et amplifiée par ces médiateurs : l’histamine, produite par les mastocytes, provoque la dilatation et la perméabilité des vaisseaux sanguins ; les cytokines et les chimiokines attirent et activent d’autres leucocytes. Cette réaction se traduit par quatre signes cliniques typiques : rougeur, chaleur, douleur et gonflement.
À retenir
Les macrophages et neutrophiles éliminent directement les agents pathogènes par phagocytose. L’inflammation, déclenchée par l’histamine, les cytokines et les chimiokines, favorise l’arrivée de nombreuses cellules de défense et se manifeste par des signes cliniques visibles.
L’immunité innée et ses autres acteurs
Outre les macrophages et les neutrophiles, d’autres cellules participent à la défense. Les cellules NK (Natural Killer terme dérivé de la langue anglaise qui signifie tueur naturel) détruisent directement les cellules infectées par un virus (comme lors de la grippe) ou les cellules anormales. Elles libèrent des substances qui déclenchent la mort programmée (apoptose) des cellules cibles.
Les cellules dendritiques jouent, quant à elles, un rôle central de messagers : elles capturent des agents pathogènes, les digèrent et conservent des fragments caractéristiques appelés antigènes. Elles migrent ensuite vers les ganglions lymphatiques pour présenter ces antigènes aux lymphocytes, établissant le lien entre immunité innée et immunité adaptative.
À retenir
Les cellules NK détruisent les cellules infectées, tandis que les cellules dendritiques relient l’immunité innée et l’immunité adaptative en présentant les antigènes aux lymphocytes.
Le relais de l’immunité adaptative
L’immunité adaptative prend le relais lorsque l’immunité innée ne suffit pas. Elle se caractérise par une réponse spécifique dirigée contre l’agent infectieux identifié.
Les lymphocytes T auxiliaires (Th) coordonnent la réponse : après activation, ils stimulent à la fois les lymphocytes B et les lymphocytes T cytotoxiques.
Les lymphocytes B se différencient en plasmocytes qui produisent des anticorps spécifiques. Ces anticorps neutralisent les agents pathogènes, facilitent leur phagocytose et activent aussi le système du complément, une cascade de protéines circulantes qui, une fois déclenchée, peut lyser directement les microbes ou renforcer l’action des phagocytes.
Les lymphocytes T cytotoxiques (Tc) reconnaissent les cellules infectées et les détruisent directement.
À l’issue de la réponse, une partie de ces lymphocytes se différencie en lymphocytes mémoire. Ces cellules assurent une mémoire immunitaire, permettant à l’organisme de réagir plus rapidement et plus efficacement lors d’une nouvelle infection par le même agent. Cette mémoire est la base biologique sur laquelle repose la vaccination.
À retenir
L’immunité adaptative repose sur la coopération entre lymphocytes : les T auxiliaires coordonnent la réponse, les B produisent des anticorps capables d’activer le complément, les T cytotoxiques détruisent les cellules infectées, et les lymphocytes mémoire assurent la mémoire immunitaire, principe fondamental de la vaccination.
Éclairage épistémologique : de Metchnikov à Ehrlich et aux techniques modernes
Au XIXe siècle, Élie Metchnikov observa la phagocytose en étudiant des larves d’étoiles de mer et posa les bases de l’immunité innée. À la même époque, Paul Ehrlich élabora la théorie des anticorps, expliquant la spécificité de l’immunité adaptative. Aujourd’hui, les progrès scientifiques permettent de confirmer et d’approfondir leurs découvertes : la microscopie à fluorescence et les immunomarquages permettent de visualiser directement la phagocytose ou la production d’anticorps, tandis que les cultures cellulaires montrent la coopération entre les différents leucocytes.
Ces techniques modernes prolongent et confirment les intuitions des pionniers.
À retenir
Metchnikov a mis en évidence la phagocytose et l’immunité innée, tandis qu’Ehrlich a proposé la théorie des anticorps pour expliquer l’immunité adaptative. Les techniques modernes confirment et précisent ces découvertes.
Conclusion
L’élimination des agents infectieux résulte d’une coopération étroite entre immunité innée et immunité adaptative. La phagocytose par les macrophages et neutrophiles et la réaction inflammatoire permettent de contenir rapidement une infection, comme dans une plaie cutanée. Les cellules NK détruisent les cellules infectées, et les cellules dendritiques transmettent l’alerte aux lymphocytes. L’immunité adaptative prend alors le relais : lymphocytes B producteurs d’anticorps capables d’activer le complément, lymphocytes T cytotoxiques destructeurs de cellules infectées et lymphocytes T auxiliaires qui coordonnent la réponse.
Enfin, les lymphocytes mémoire assurent une protection durable, base de la vaccination. Cette articulation entre défenses rapides et spécifiques illustre la grande efficacité du système immunitaire pour protéger l’organisme contre une large diversité de menaces.
