L’alerte rouge de l’organisme : l’inflammation

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Dans cette leçon, tu comprends comment l’inflammation aiguë agit comme une alerte immunitaire : rougeur, chaleur, gonflement et douleur traduisent la mobilisation des cellules et médiateurs chimiques. Tu découvres aussi comment cette réaction prépare l’immunité adaptative, base de la mémoire immunitaire et de la vaccination. Mots-clés : inflammation, immunité innée, médiateurs chimiques, phagocytose, immunité adaptative, vaccination.

Introduction

Une piqûre d’insecte, une entaille sur la peau ou encore une infection locale suffisent à déclencher un phénomène que nous avons tous déjà observé : la zone devient rouge, chaude, gonflée et parfois douloureuse. Ces signes sont ceux de l’inflammation aiguë, une réaction de défense immédiate de l’organisme face à une agression (infection, blessure, brûlure). Elle constitue un véritable signal d’alerte immunitaire, qui mobilise rapidement les cellules de défense et prépare l’activation de l’immunité adaptative.

Les signes de l’inflammation : un repère historique et scientifique

La réaction inflammatoire aiguë se manifeste par quatre symptômes caractéristiques décrits dès l’Antiquité par Celse, médecin romain du Ier siècle :

  • La rougeur et la chaleur, dues à une dilatation locale des vaisseaux sanguins, qui apportent davantage de sang.

  • Le gonflement (ou œdème), provoqué par une augmentation de la perméabilité des vaisseaux, permettant la sortie de plasma et de leucocytes vers le tissu atteint.

  • La douleur, liée à la stimulation des terminaisons nerveuses par les médiateurs chimiques et par la pression exercée par l’œdème.

Au IIe siècle après J.-C, Galien,médecin et philosophe de l’Antiquité gréco-romaine, ajouta un cinquième signe : la perte de fonction (functio laesa), que l’on observe lorsqu’une articulation enflammée devient difficile à mobiliser.

Enfin, l’inflammation locale peut s’accompagner de manifestations systémiques : les interleukines libérées dans le sang peuvent atteindre l’hypothalamus et déclencher une fièvre, qui freine la multiplication des pathogènes et stimule les défenses immunitaires.

À retenir

Les quatre signes classiques de l’inflammation (rougeur, chaleur, gonflement, douleur), décrits par Celse, et le signe supplémentaire de Galien (perte de fonction) sont des repères cliniques universels. La fièvre illustre une extension systémique de l’inflammation.

Le rôle des médiateurs chimiques et des cellules

L’inflammation est déclenchée par la libération de médiateurs chimiques. Les mastocytes, cellules immunitaires résidant dans les tissus conjonctifs (sous la peau, dans les muqueuses), libèrent de l’histamine. Cette molécule dilate les vaisseaux sanguins et augmente leur perméabilité, favorisant ainsi l’arrivée de leucocytes. Elle intervient normalement dans l’inflammation locale (par exemple après une piqûre d’insecte). Mais dans le cas des réactions allergiques, sa libération est excessive et inappropriée, ce qui entraîne une réponse disproportionnée avec rougeurs, démangeaisons et gonflements exagérés.

Les macrophages et les cellules dendritiques sécrètent des interleukines, qui attirent et activent d’autres leucocytes. Les polynucléaires neutrophiles, premiers phagocytes recrutés depuis le sang, arrivent en grand nombre sur le site de l’infection. Ils phagocytent efficacement les pathogènes mais meurent rapidement après leur action, formant une partie du pus visible dans certaines plaies infectées.

Enfin, certains médiateurs de l’inflammation contribuent à l’activation du système du complément, une cascade de protéines qui circulent dans le sang. Une fois activé, ce système peut détruire directement les microbes en lysant leur membrane ou faciliter leur phagocytose.

À retenir

L’histamine agit dans l’inflammation locale, mais une libération excessive provoque des réactions allergiques. Les neutrophiles sont les premiers phagocytes recrutés et leur mort contribue au pus. L’inflammation active aussi le système du complément, renforçant la destruction des pathogènes et la coopération entre immunité innée et adaptative.

L’articulation avec l’immunité adaptative

L’inflammation ne se limite pas à une réponse locale immédiate : elle prépare la mise en place de l’immunité adaptative. Les cellules dendritiques, après avoir capturé des fragments de pathogènes, migrent vers les ganglions lymphatiques. Là, elles présentent les antigènes aux lymphocytes et déclenchent une réponse spécifique.

  • Les lymphocytes B se différencient en plasmocytes qui produisent des anticorps spécifiques. Ces anticorps neutralisent les agents pathogènes, facilitent leur phagocytose et activent le système du complément.

  • Les lymphocytes T CD8+ cytotoxiques reconnaissent et détruisent les cellules infectées.

  • Les lymphocytes T CD4+ auxiliaires orchestrent la réponse immunitaire : ils stimulent à la fois les B et les T cytotoxiques, assurant une coordination efficace.

À la fin de la réponse, une partie de ces lymphocytes devient des lymphocytes mémoire, capables d’assurer une réaction plus rapide et plus puissante lors d’un nouveau contact avec le même agent pathogène. C’est le principe sur lequel repose la vaccination.

À retenir

L’inflammation prépare l’immunité adaptative. Les B produisent des anticorps qui peuvent activer le complément, les T CD8+ détruisent les cellules infectées, et les T CD4+ coordonnent la réponse. Les lymphocytes mémoire assurent une protection durable, base de la vaccination.

Conclusion

L’inflammation aiguë est une réaction locale rapide et visible, décrite dès l’Antiquité, qui associe rougeur, chaleur, gonflement, douleur et parfois perte de fonction. Elle repose sur la libération de médiateurs chimiques comme l’histamine et les interleukines, qui recrutent les phagocytes et activent le complément. Les neutrophiles constituent les premiers renforts et participent à la formation du pus. Les cellules dendritiques, quant à elles, assurent le relais vers l’immunité adaptative en activant les lymphocytes B et T. Cette coopération entre immunité innée et adaptative illustre l’efficacité du système immunitaire, capable de protéger rapidement mais aussi durablement grâce à la mémoire immunitaire et à la vaccination.