L’installation de la République

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment la Troisième République se consolide dans les années 1880. Tu verras comment les républicains affirment les libertés publiques, imposent l’école gratuite, laïque et obligatoire, diffusent de nouveaux symboles nationaux et organisent de grandes cérémonies pour enraciner le régime. Mots-clés : Troisième République, Jules Ferry, école laïque, libertés publiques, Marianne, consolidation républicaine.

Introduction

Au début des années 1880, la menace d’une restauration monarchique s’est considérablement affaiblie. Certes, une minorité monarchiste reste influente dans certaines régions et au Parlement, mais les républicains sont désormais majoritaires et peuvent engager un vaste programme de consolidation. Leur objectif est clair : donner au régime des bases solides en garantissant les libertés fondamentales, en diffusant les valeurs héritées de 1789 et en ancrant la République dans le quotidien des Français. L’école, les symboles et les grandes cérémonies deviennent alors les piliers de cette politique d’unification nationale.

L’affirmation des libertés fondamentales et un cadre républicain stable

La victoire républicaine aux élections de 1879 ouvre la voie à une série de réformes. Les années 1880 marquent l’adoption de lois qui affermissent les droits collectifs : la liberté de réunion et la liberté de la presse sont reconnues en 1881. La censure régulière qui pesait jusque-là sur les journaux disparaît, même si des restrictions demeurent pour la diffamation ou dans certains contextes, notamment dans la presse coloniale.

Trois ans plus tard, la loi Waldeck-Rousseau autorise la création de syndicats professionnels. Elle constitue une étape importante vers la liberté syndicale, mais n’ouvre pas un nouveau droit de grève : celui-ci avait déjà été partiellement reconnu en 1864 par la dépénalisation du « délit de coalition », et reste strictement encadré.

Dans le même temps, les républicains forgent des symboles destinés à enraciner le régime : en 1880, la Marseillaise devient hymne national, le 14 juillet est institué comme fête nationale et le buste de Marianne s’installe dans les mairies. Sous la présidence de Jules Grévy (1879-1887), le Sénat et la Chambre des députés fonctionnent dans un cadre institutionnel stabilisé, incarnant une République désormais durable.

À retenir

Les lois des années 1880 fixent un socle de libertés et de symboles qui assurent la stabilité de la République, même si certaines réformes restent limitées et encadrées.

Unifier la nation autour des valeurs de 1789

Pour les républicains, l’éducation est l’arme la plus efficace pour consolider le régime. Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, fait voter les lois de 1881-1882 : l’école devient gratuite, laïque et obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans. Elle doit transmettre l’histoire nationale, les principes de liberté et d’égalité, et former des citoyens attachés à la République.

L’école joue aussi un rôle décisif dans la diffusion du français. Dans les régions où l’on parle breton, occitan, basque ou alsacien, l’usage exclusif du français en classe s’impose souvent au prix d’une répression des langues régionales : les élèves surpris à parler leur langue maternelle sont parfois sanctionnés de manière humiliante. Ce processus contribue à l’unité linguistique mais suscite aussi des résistances locales. Les manuels scolaires, les récits patriotiques et les cérémonies civiques mettent en avant les héros et événements fondateurs de la République. L’instituteur, figure centrale de la vie locale, devient le relais direct des valeurs républicaines, aussi bien dans les campagnes que dans les villes.

À retenir

L’école de Jules Ferry est l’outil essentiel de l’unité nationale : elle diffuse les valeurs républicaines et promeut le français, souvent imposé par la répression des langues régionales.

Grandes figures et événements symboliques

La Troisième République ne se contente pas de lois : elle mobilise aussi la mémoire et l’émotion collective. Les funérailles nationales de Victor Hugo en 1885 en sont l’exemple le plus marquant. L’écrivain, perçu comme un défenseur de la liberté et de la justice, est accompagné par une foule immense depuis l’Arc de Triomphe jusqu’au Panthéon, transformé en lieu de mémoire républicain.

D’autres grandes figures, comme Léon Gambetta ou Jules Ferry, symbolisent à leur manière les idéaux républicains. Ces cérémonies et hommages, largement médiatisés, participent à donner au régime une légitimité populaire et à ancrer les valeurs républicaines dans la conscience nationale.

À retenir

Les commémorations et hommages populaires incarnent les idéaux républicains et renforcent l’attachement des citoyens au régime.

Conclusion

Dans les années 1880, la Troisième République parvient à passer d’un régime fragile à un système consolidé. Les libertés publiques, l’école laïque, les symboles républicains et les grandes cérémonies créent un socle commun autour des idéaux de 1789. La République s’installe durablement, même si elle doit encore composer avec ses opposants. Elle s’appuie sur l’éducation et la mémoire civique pour assurer sa légitimité et sa pérennité dans une nation diverse.