Introduction
En sciences économiques et sociales, il faut distinguer le risque en général du risque social. Le premier peut concerner toute incertitude dans la vie (pratiquer un sport extrême, spéculer en Bourse, jouer aux jeux d’argent).
Le second a un sens plus précis : il s’agit d’un événement incertain qui, s’il survient, entraîne une perte de revenu (chômage, retraite, invalidité) ou une hausse des dépenses (maladie, accident, dépendance). C’est ce type de risque qui justifie une prise en charge collective par la protection sociale, car ses effets dépassent l’individu et concernent l’ensemble de la société.
Des expositions inégales aux risques sociaux
Tous les individus ne sont pas exposés de la même manière aux risques sociaux. Les inégalités sociales y jouent un rôle décisif. Par exemple, les ouvriers du bâtiment connaissent un taux d’accidents du travail beaucoup plus élevé que les cadres administratifs. L’Insee souligne également qu’à 35 ans, l’espérance de vie d’un ouvrier est en moyenne 7 ans plus courte que celle d’un cadre.
Le risque de perte d’emploi illustre aussi ces écarts : en 2023, le taux de chômage s’élevait à 18 % pour les 15-24 ans, contre 7,2 % pour l’ensemble de la population active. Les moins diplômés et les travailleurs en contrat précaire sont les plus touchés. Quant à la vieillesse, elle constitue un risque certain mais inégal selon les parcours : les carrières incomplètes et les bas salaires accroissent le risque de pauvreté à la retraite, plus fréquent chez les femmes.
Ces inégalités d’exposition signifient que le risque social n’est pas un simple hasard individuel mais un fait socialement structuré.
À retenir
Les risques sociaux majeurs – maladie, accident, chômage, vieillesse – ne touchent pas tous les individus de la même manière. Leur probabilité et leurs conséquences varient selon l’âge, le diplôme, le genre ou la catégorie sociale.
Attitudes face aux risques sociaux et rôle des institutions
Face aux risques sociaux, les comportements varient. Certains privilégient la sécurité : choix d’un emploi stable, recours à des assurances complémentaires santé, constitution d’une épargne de précaution. D’autres sont contraints d’accepter plus de risques faute d’alternatives, comme accepter un travail précaire ou mal protégé.
Ces attitudes sont aussi façonnées par les institutions et les cultures politiques. Aux États-Unis, on retrouve un modèle libéral : la couverture publique est limitée et beaucoup de citoyens doivent souscrire des assurances privées. En France, héritière d’un modèle bismarckien basé sur les cotisations sociales, la sécurité de l’emploi et la protection maladie sont perçues comme des droits fondamentaux. Dans les pays nordiques, où prévaut une logique universelle financée par l’impôt, la culture de la prévention (santé publique, sécurité routière) est fortement intégrée à la vie quotidienne.
Ainsi, la perception du risque et les stratégies pour y faire face ne se comprennent qu’en relation avec les dispositifs institutionnels et les valeurs collectives.
À retenir
Les attitudes face aux risques sociaux dépendent à la fois des ressources individuelles et du cadre institutionnel. Elles varient selon les pays et leurs modèles de protection.
La gestion collective : prévention, mutualisation et solidarité
Les sociétés ne laissent pas les individus seuls face aux risques sociaux. Elles mettent en place des mécanismes collectifs. La prévention vise à réduire la probabilité du risque : médecine du travail, campagnes de vaccination, normes de sécurité au travail. La mutualisation consiste à partager les conséquences financières : chacun cotise (assurances sociales, impôts) et ceux qui sont frappés reçoivent une aide. On peut l’illustrer simplement : les actifs financent les retraites des retraités ou les bien-portants contribuent aux soins des malades.
Ces principes structurent la protection sociale, qui articule trois logiques complémentaires. La logique d’assurance couvre les individus qui ont cotisé (ex. assurance chômage). La logique d’assistance garantit une aide financée par l’impôt pour les plus démunis (ex. RSA). La logique universelle attribue des prestations à tous sans condition de ressource ou de cotisation (ex. allocations familiales).
À retenir
La gestion collective des risques sociaux repose sur la prévention, la mutualisation et la solidarité. Ces principes fondent la protection sociale et expliquent son rôle central dans la cohésion sociale.
Conclusion
Les risques sociaux – maladie, accident, chômage, vieillesse – ne sont pas de simples aléas individuels : leur répartition est socialement inégale et leurs conséquences dépassent l’échelle personnelle. Les attitudes face à ces risques varient selon les ressources, la culture et les institutions.
C’est pour cela que les sociétés organisent leur prise en charge collective par la protection sociale, fondée sur la prévention, la mutualisation et la solidarité. Comprendre les risques sociaux, c’est donc comprendre pourquoi la protection sociale est un pilier indispensable de la cohésion et de la justice sociale.
