L’Empire ottoman : de l’essor au déclin

icône de pdf
Signaler
Plonge dans l’histoire de l’Empire ottoman, de son émergence au XIVᵉ siècle jusqu’à son éclatement après 1918. Tu verras comment les conquêtes, l’organisation militaire et le commerce ont fait des Ottomans une grande puissance impériale, avant que les défaites militaires, les crises internes et les ambitions européennes ne précipitent leur déclin. Mots-clés : Empire ottoman, Constantinople, Suleiman le Magnifique, question d’Orient, traité de Lausanne, puissance impériale.

Introduction

Bien avant la chute de Constantinople, les Ottomans se sont progressivement imposés comme une puissance régionale. À l’origine, ils ne sont qu’une petite principauté turque installée en Anatolie au tournant du XIVe siècle. Sous le règne d’Osman Ier (d’où le nom d’« Ottomans ») puis de ses successeurs, ils conquièrent de vastes territoires aux dépens des principautés voisines et de l’Empire byzantin affaibli.

En 1389, la bataille de Kosovo Polje ouvre la voie à la vassalisation de plusieurs principautés balkaniques, consolidant leur présence dans la région, même si leur domination n’est pas encore totale.

En 1453, la prise de Constantinople par Mehmet II constitue un tournant symbolique et stratégique. Les Ottomans ne deviennent pas immédiatement maîtres du Proche-Orient ni de la Méditerranée orientale, mais cette victoire inaugure une dynamique d’expansion qui les conduit, au XVIe siècle, à s’imposer comme une puissance impériale majeure. Pendant plusieurs siècles, ils affrontent les puissances européennes dans une rivalité militaire et commerciale. La bataille de Lépante (1571) ou les sièges de Vienne (1529 et 1683) témoignent de cette lutte pour l’hégémonie régionale.

L’ascension d’une grande puissance impériale

La conquête de Constantinople en 1453 transforme Istanbul en capitale politique, militaire et commerciale. Située au carrefour des routes maritimes et terrestres, elle devient le centre d’un empire en pleine expansion.

Sous le règne de Suleiman le Magnifique (1520-1566), l’Empire connaît son apogée. Son territoire s’étend alors de Budapest au nord jusqu’au Yémen au sud, de l’Algérie à l’ouest jusqu’à la mer Caspienne à l’est. Sa force repose d’abord sur un territoire immense et stratégique, qui lui permet de contrôler des passages-clés comme les détroits turcs et la mer Rouge, véritables portes d’entrée du commerce mondial.

À cela s’ajoute une armée redoutée : les janissaires, infanterie d’élite formée de jeunes garçons chrétiens enrôlés par le système du devchirmé, sont réputés pour leur discipline et leur efficacité, tandis qu’une flotte puissante impose la présence ottomane en Méditerranée. Enfin, le commerce joue un rôle essentiel dans la prospérité de l’Empire : grâce à sa position géographique, il prélève des taxes sur les routes reliant l’Europe et l’Asie et fait d’Istanbul une métropole cosmopolite, animée par les échanges de soieries, d’épices et de produits manufacturés.

Les kanun de Soliman, textes juridiques qui complètent la loi islamique, fixent le cadre administratif et renforcent l’autorité du sultan, montrant que la puissance ottomane est aussi politique et institutionnelle.

À retenir

Au XVIe siècle, l’Empire ottoman s’affirme comme une grande puissance impériale, combinant un territoire stratégique, une armée redoutée et un commerce prospère.

Les facteurs du déclin

Dès le XVIIe siècle, l’Empire connaît un ralentissement qui annonce son déclin.

Sur le plan économique, la découverte des routes maritimes par les Portugais et les Espagnols détourne une partie du commerce mondial hors du contrôle ottoman. Istanbul perd progressivement son rôle central dans les échanges.

Sur le plan militaire, la bataille de Lépante (1571) représente un revers symbolique : bien que la flotte ottomane soit reconstituée, leur domination navale en Méditerranée occidentale recule nettement, ouvrant la voie à l’affirmation espagnole et vénitienne. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les défaites face à l’Autriche et surtout à la Russie, qui progresse vers la mer Noire, affaiblissent encore l’emprise ottomane sur les Balkans.

Les crises internes accentuent cette fragilité : corruption administrative, révoltes provinciales, perte d’efficacité des janissaires devenus indisciplinés.

Au XIXe siècle, les réformes des Tanzimat (1839-1876) visent à moderniser l’État : réorganisation de l’armée selon les modèles prussien et français, refonte de l’administration, développement de l’éducation et proclamation d’une égalité juridique entre musulmans et non musulmans. Mais cette égalité reste souvent plus théorique que réelle : elle suscite des tensions locales et se heurte au poids de la charia et aux résistances des élites provinciales.

Dans le même temps, les puissances européennes accentuent leur influence. La « question d’Orient » devient centrale : il s’agit pour elles de gérer le recul ottoman et de se partager ses territoires balkaniques et proche-orientaux. Au XIXe siècle, le tsar Nicolas Ier popularise l’expression de « malade de l’Europe » pour désigner un empire en déclin, incapable de résister seul aux ambitions des grandes puissances.

À retenir

Le déclin ottoman s’explique par des facteurs économiques, militaires et internes, mais aussi par l’ingérence croissante des puissances européennes, qui transforment la « question d’Orient » en enjeu géopolitique majeur.

L’éclatement de l’Empire au début du XXe siècle

Au XIXe siècle, l’Empire perd progressivement ses provinces européennes : la Grèce obtient son indépendance en 1830, suivie par la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie.

La Première Guerre mondiale accélère l’effondrement. Alliés à l’Allemagne, les Ottomans subissent de lourdes défaites. En 1915, le pouvoir ottoman organise le génocide arménien, qui provoque la mort de plus d’un million de personnes et marque durablement la mémoire collective.

En 1920, le traité de Sèvres prévoit le démantèlement de l’Empire, mais il n’est jamais appliqué. La guerre d’indépendance turque menée par Mustafa Kemal Atatürk renverse la situation.

En 1923, le traité de Lausanne, signé dans la ville de Lausanne en Suisse, remplace Sèvres : il fixe les frontières de la nouvelle République de Turquie et consacre sa reconnaissance internationale. Le reste de l’ancien empire passe sous mandat britannique ou français (Syrie, Liban, Irak, Palestine).

Des gravures du siège de Vienne ou des cartes du partage colonial permettent d’illustrer visuellement ce basculement, tandis que des documents diplomatiques soulignent le rôle des grandes puissances dans l’éclatement de l’Empire.

À retenir

L’Empire s’effondre après la Première Guerre mondiale. Le traité de Lausanne de 1923 fixe la naissance de la Turquie moderne, tandis que les provinces arabes passent sous contrôle européen.

Conclusion

L’Empire ottoman, né au XIVe siècle, a été pendant plusieurs siècles une grande puissance impériale, fondée sur un territoire stratégique, une armée puissante et un commerce florissant. Mais dès le XVIIᵉ siècle, il entre en déclin, affaibli par les transformations économiques mondiales, les défaites militaires et les crises internes.

La « question d’Orient » illustre la recomposition géopolitique que provoque ce recul. Son éclatement après 1918, marqué par le génocide arménien et le traité de Lausanne, montre comment une puissance autrefois redoutée devient vulnérable face aux rivalités internationales et aux recompositions géopolitiques. L’histoire ottomane rappelle que la puissance se construit, se défait et se recompose en fonction des rivalités et des équilibres géopolitiques.