Juin 1940 en France : continuer ou arrêter la guerre

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Revise les événements de juin 1940, entre effondrement militaire, demande d’armistice par Pétain et appel à la résistance lancé par de Gaulle. Tu comprendras les choix cruciaux qui ont divisé la France et posé les bases de l’opposition entre Vichy et la France libre. Mots-clés : armistice 1940, appel du 18 juin, Pétain, de Gaulle, France libre, régime de Vichy.

Introduction

En juin 1940, la France est confrontée à une situation militaire désastreuse. Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en septembre 1939, la guerre à l’Ouest s’intensifie au printemps 1940. L’offensive allemande lancée en mai, fondée sur la stratégie du Blitzkrieg, contourne la ligne Maginot et perce les lignes françaises à Sedan. En quelques semaines, l’armée allemande progresse rapidement, Paris est occupée le 14 juin, et des millions de civils fuient sur les routes. Dans ce contexte de débâcle militaire, le gouvernement français est confronté à une décision capitale : continuer la guerre depuis l’Empire colonial ou demander l’armistice à l’Allemagne.

Le contexte militaire et politique de juin 1940

La percée allemande à Sedan ouvre la voie à un effondrement rapide du front. En moins de six semaines, les armées françaises sont encerclées, désorganisées et incapables d’arrêter l’avancée ennemie. L’occupation de Paris marque un tournant psychologique et politique majeur.

Le gouvernement de Paul Reynaud, président du Conseil, est profondément divisé. Certains ministres et officiers proposent de poursuivre la guerre depuis l’Afrique du Nord, tandis que d’autres, considérant la situation comme irrémédiablement perdue, envisagent un armistice. Le débat cristallise l’opposition entre deux figures : le général de Gaulle, récemment promu sous-secrétaire d’État à la Défense nationale, et le maréchal Pétain, vice-président du Conseil, partisan d’une cessation des combats.

Les arguments en faveur de la poursuite de la guerre

Pour les partisans de la résistance, la guerre ne doit pas cesser :

  • L’Empire colonial français offre des ressources militaires et stratégiques importantes, notamment en Afrique du Nord. S’y replier permettrait de continuer la guerre aux côtés du Royaume-Uni, qui, sous la direction de Winston Churchill, refuse toute négociation avec l’Allemagne.

  • Continuer le combat est perçu comme un impératif moral. Il s’agit de préserver l’honneur de la France, de ne pas abandonner ses engagements envers les Alliés et de préparer, à terme, une reconquête du territoire métropolitain.

  • Le général de Gaulle, opposé à toute forme de reddition, quitte la France pour Londres le 17 juin. Le lendemain, il prononce l’appel du 18 juin 1940 sur les ondes de la BBC. Il y invite les Français à croire que la guerre n’est pas terminée et à poursuivre le combat en s’appuyant sur les forces de l’Empire et sur les Alliés. Cet appel, qui ne constitue pas encore un appel à la Résistance intérieure – embryonnaire à ce stade –, marque le point de départ symbolique de la France libre.

Les arguments en faveur de l’armistice

Pour les partisans de l’armistice, dont le maréchal Pétain, la poursuite du combat ne ferait qu’aggraver une situation déjà désespérée :

  • L’armée française est épuisée et désorganisée, les pertes sont considérables, et la perspective d’une nouvelle offensive victorieuse est jugée illusoire.

  • Prolonger les hostilités risquerait, selon eux, d’entraîner des destructions supplémentaires, d’alourdir le bilan humain et de précipiter l’effondrement total de l’État.

Le 16 juin, Paul Reynaud démissionne. Le président de la République, Albert Lebrun, nomme Pétain président du Conseil. Ce dernier demande immédiatement l’ouverture de négociations. L’armistice est signé le 22 juin 1940 dans la clairière de Rethondes, dans le wagon même où l’Allemagne avait signé l’armistice de 1918, réinstallé pour l’occasion par Hitler afin d’humilier la France.

L’armistice prévoit notamment la division du territoire français en deux zones : une zone occupée au nord et à l’ouest, et une zone libre au sud, administrée depuis Vichy par le gouvernement de Pétain. Le texte impose également la livraison d’armes, la démobilisation quasi complète de l’armée française et des réquisitions au profit de l’Allemagne.

Les conséquences de l’armistice

Les conséquences de cette décision sont multiples et profondes :

  • La France est militairement vaincue, territorialement divisée et placée sous domination allemande. Le gouvernement de Vichy cherche à justifier sa politique en invoquant la nécessité de maintenir une souveraineté partielle, mais s’engage progressivement dans une politique de collaboration, particulièrement affirmée à partir de l’entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler (24 octobre 1940).

  • Sur le plan social, la population française subit des restrictions, des réquisitions, une propagande d’État et une surveillance accrue. L’exode, la désorganisation administrative et les pénuries bouleversent durablement le quotidien des Français.

  • La Résistance intérieure n’émerge pas immédiatement en juin 1940. Elle se structure progressivement à partir de 1941, en réaction au durcissement de l’occupation, à la politique répressive du régime de Vichy et à la montée des espoirs suscités par l’engagement de la France libre et de ses alliés.

Conclusion

Le mois de juin 1940 constitue un tournant dramatique dans l’histoire de la France. Le choix entre continuer ou arrêter la guerre révèle les tensions profondes qui traversent les élites politiques et militaires face à une défaite brutale. L’armistice demandé par Pétain inaugure quatre années de domination étrangère, de soumission politique, mais aussi de résistances multiples.

Face à l’effondrement, une autre voie s’esquisse avec l’appel du 18 juin, qui affirme la volonté de poursuivre la guerre aux côtés des Alliés et de maintenir une voix française dans le conflit. Cette opposition structurante entre l’esprit de résistance et l’esprit de collaboration façonne durablement la mémoire collective française. Elle invite également à réfléchir, avec lucidité, aux dilemmes posés aux dirigeants en temps de crise et aux responsabilités historiques qui en découlent.