Introduction
La période de l'Occupation en France, de 1940 à 1944, constitue un moment charnière de l'histoire du pays. Face à l’effondrement militaire et à l’occupation allemande, la France est profondément divisée entre collaboration et résistance. Le général de Gaulle incarne le refus de la défaite et la volonté de maintenir la continuité d’une France libre et souveraine. Cette leçon met en lumière les dynamiques complexes de l’Occupation et de la Résistance, en soulignant le rôle déterminant de de Gaulle et l’engagement des mouvements résistants.
Le contexte de l'Occupation allemande
Après la défaite militaire de juin 1940, le maréchal Pétain, nommé président du Conseil, demande l’armistice à l’Allemagne, signé le 22 juin. Ce choix entraîne la division de la France en deux zones : une zone occupée au nord et à l’ouest, contrôlée par l’armée allemande, et une zone libre au sud, dirigée depuis Vichy par le gouvernement de Pétain. Cette zone libre est envahie par les Allemands en novembre 1942 lors de l’opération Anton, en réaction au débarquement allié en Afrique du Nord (opération Torch).
Le régime de Vichy engage dès l’été 1940 une politique de collaboration, d’abord diplomatique et économique, dans l’espoir d’obtenir des conditions plus favorables. À partir de l’entrevue de Montoire (24 octobre 1940), cette collaboration prend une dimension idéologique et policière, avec une coopération plus étroite dans la répression des opposants et dans la mise en œuvre des politiques raciales.
Le premier statut des Juifs, promulgué le 3 octobre 1940 sans contrainte directe de l’occupant, constitue un acte emblématique de cette collaboration. Cette législation antisémite est une initiative spontanée dans un contexte de dépendance et d’anticipation politique, révélant la volonté du régime de s’aligner sur l’idéologie raciale nazie. Elle exclut les Juifs de la fonction publique, de l’armée, de la culture et de l’université. À partir de 1942, la déportation des Juifs vers les camps d’extermination s’intensifie avec la participation active de l’administration française.
Charles de Gaulle et l’appel du 18 juin
Refusant la capitulation, Charles de Gaulle quitte la France pour Londres le 17 juin 1940. Le 18 juin, il prononce, sur les ondes de la BBC, un appel à continuer le combat, s’adressant aux militaires, aux ingénieurs, aux techniciens et aux responsables civils des territoires coloniaux susceptibles de se rallier, notamment en Afrique-Équatoriale française. Cet appel, peu entendu à l’époque, devient plus tard un symbole fondateur. Il marque le début de la France libre, présentée comme la continuité légitime de la République.
De Gaulle œuvre à rallier les colonies (notamment le Tchad, le Cameroun et le Congo) et à constituer une force armée, les Forces françaises libres (FFL), destinées à poursuivre la guerre aux côtés des Alliés. Il s’oppose fermement à l’établissement de l’AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories), projet d’administration alliée en France libérée. Si ce refus contribue à la reconnaissance de l’autorité française, l’abandon du projet AMGOT résulte aussi du contexte politique et militaire global.
Les mouvements de Résistance intérieure
La Résistance intérieure se développe progressivement à partir de 1941, en réaction à la radicalisation de l’occupation et à la politique du régime de Vichy. Elle naît de la volonté de combattre à la fois l’occupant nazi et la collaboration d’État.
Trois grands mouvements émergent :
Combat, dirigé par Henri Frenay, qui privilégie l’action militaire.
Franc-Tireur, axé sur la propagande clandestine.
Libération-Sud, fondé par Emmanuel d’Astier de La Vigerie, à l’orientation plus politique.
Ces mouvements, bien que divers dans leurs orientations, mènent des actions de sabotage, de renseignement, de diffusion de journaux clandestins et participent à l’aide aux persécutés. Leur coordination s’accélère à partir de 1942.
Le Conseil national de la Résistance (CNR) est créé en mai 1943 à l’initiative de de Gaulle et sous l’impulsion de Jean Moulin, envoyé pour unifier la Résistance sous l’autorité de la France libre. Le CNR regroupe les principaux mouvements de résistance, des syndicats et des partis politiques clandestins. Il adopte en mars 1944 un programme politique fixant les bases de la future République : retour à la démocratie parlementaire, rétablissement des libertés, nationalisations, sécurité sociale.
La diversité des résistants est un élément central : communistes, gaullistes, socialistes, chrétiens, francs-tireurs ou citoyens sans appartenance politique se mobilisent. Les femmes, souvent oubliées dans la mémoire officielle, jouent un rôle essentiel : agents de liaison, transport de messages, hébergement de résistants, ou participation directe aux actions clandestines.
Le rôle clé de de Gaulle et la Libération
Depuis Londres, puis Alger, de Gaulle affirme sa volonté de représenter la France combattante et de restaurer l’autorité républicaine. Il obtient progressivement la reconnaissance des Alliés, notamment après la conférence de Téhéran (1943) et lors de la libération du territoire.
À la tête du Comité français de libération nationale (CFLN), de Gaulle prend la direction du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) en 1944. Il entend éviter tout vide de pouvoir et affirme la légitimité d’un État français restauré, face à toute autorité étrangère sur le sol national.
Le débarquement de Normandie le 6 juin 1944, puis celui de Provence le 15 août, amorcent la libération du territoire. Les résistants participent activement aux combats, sabotent les voies de communication et facilitent l’avancée des Alliés. Paris est libérée le 25 août 1944, et de Gaulle y entre solennellement, réaffirmant l’autorité de la République.
Conclusion
La période de l’Occupation et de la Résistance est marquée par des choix décisifs et une mobilisation multiforme face à l’oppression. Charles de Gaulle, en refusant l’armistice et en organisant la France libre, incarne le redressement de la souveraineté nationale.
La Résistance, intérieure comme extérieure, a joué un rôle essentiel dans la libération, mais aussi dans la définition de l’après-guerre. Le programme du CNR, adopté en mars 1944, témoigne de cette volonté de refondation républicaine. Cette période demeure un moment fondateur de l’histoire contemporaine française, porteur de valeurs essentielles : liberté, justice, dignité et engagement collectif.