Introduction
L’environnement est aujourd’hui au cœur des grands enjeux contemporains. Il désigne non seulement les éléments naturels qui entourent les sociétés humaines, mais aussi les rapports que celles-ci entretiennent avec leurs milieux de vie. Ressource, cadre de vie, menace ou bien commun à préserver : l’environnement est une notion complexe, qui reflète des représentations évolutives et des choix politiques.
Ce concept n’a rien d’évident ou de figé. Il s’est construit historiquement, en lien avec les transformations économiques, sociales, scientifiques et techniques. Comprendre ce qu’est l’environnement implique donc un double regard : une analyse des définitions et des usages du mot, et une lecture historique des grandes étapes de l’évolution des rapports entre sociétés et nature.
Définir l’environnement : un mot récent pour une réalité ancienne
Le mot « environnement » désigne au sens large ce qui entoure un être vivant ou une société. En écologie, il désigne l’ensemble des conditions (climatiques, biologiques, géographiques) qui influencent les organismes. Mais dans le langage courant et politique, il est devenu un terme englobant, qui reflète l’interaction entre les sociétés humaines et leurs milieux.
À partir des années 1960-1970, le terme prend une dimension nouvelle. Il devient un enjeu public avec la montée des préoccupations liées à la pollution, à la perte de biodiversité ou à l’urbanisation. Il tend à remplacer des mots plus anciens comme « nature », « paysage » ou « cadre de vie », car il exprime une relation dynamique, conflictuelle ou coopérative entre les humains et ce qui les entoure.
L’environnement devient un objet d’action publique, à travers des lois, des agences spécialisées ou des conventions internationales. Il donne aussi naissance à des mobilisations sociales : les premiers partis écologistes, comme Les Verts (créés en France en 1984), apparaissent en lien avec ces préoccupations.
À retenir
L’environnement n’est pas une donnée naturelle mais une construction sociale et politique, qui reflète la manière dont les sociétés pensent et organisent leurs relations avec le monde vivant et les ressources.
Un regard historique sur les rapports entre sociétés et milieux
Les sociétés humaines ont toujours transformé leurs environnements. Depuis la Préhistoire, les activités humaines (agriculture, élevage, gestion de l’eau, feux, construction) ont façonné des paysages et modifié les écosystèmes. Certaines sociétés ont mis en place des formes de gestion durables, comme les rizières en terrasses d’Asie du Sud-Est ou l’irrigation collective en Méditerranée, mais ces équilibres étaient souvent instables ou remis en cause.
L’époque moderne, marquée par la mondialisation, l’expansion coloniale et la révolution industrielle, provoque une accélération des transformations : extraction massive des ressources, pollution de l’air et des eaux, déforestation. Le XIXe siècle voit aussi naître les premières réflexions critiques : écrivains, médecins, scientifiques s’alarment de la dégradation des conditions de vie en ville ou des effets sanitaires des usines.
Au XXe siècle, plusieurs jalons témoignent d’une prise de conscience croissante :
1962 : publication de Printemps silencieux de Rachel Carson, contre les pesticides.
1972 : conférence de Stockholm, premier sommet mondial consacré à l’environnement.
1974 : création en France d’un ministère de l’Environnement, sans administration propre à ses débuts, ce qui limite son influence.
Ces étapes marquent le passage d’une sensibilité écologique à une tentative de structuration des politiques environnementales.
À retenir
L’histoire de l’environnement est marquée par une accélération des impacts depuis l’époque moderne, mais aussi par une progressive émergence d’une conscience critique et d’initiatives de préservation.
Une mondialisation des enjeux et une structuration progressive des réponses
À partir des années 1970-1980, les questions environnementales prennent une dimension globale. Plusieurs institutions internationales voient le jour, et les enjeux deviennent transnationaux : climat, pollution, biodiversité.
Un jalon central est le rapport Brundtland (1987), commandé par l’ONU. Il consacre le concept de développement durable, défini comme un développement « qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Ce concept vise à concilier progrès économique, équité sociale et respect de l’environnement.
En 1988 est créé le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), rassemblant des scientifiques du monde entier. Il produit des rapports d’évaluation sur l’état du climat, les scénarios d’évolution, les impacts régionaux et les réponses possibles. Ces travaux servent de base aux COP (Conférences des parties), qui réunissent chaque année les États signataires de la Convention climat adoptée à Rio en 1992.
Le Sommet de la Terre de Rio pose les bases du droit environnemental international. Il consacre les principes de responsabilité commune mais différenciée, de précaution et de participation des citoyens.
En France, le Grenelle de l’environnement (2007-2009) rassemble l’État, les ONG, les entreprises et les syndicats. Il donne lieu à des lois sur les transports, l’énergie ou la biodiversité. La loi Climat et résilience (2021) reprend certaines propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Ces mesures témoignent d’une montée en puissance progressive des politiques environnementales.
À retenir
Depuis les années 1980, les enjeux environnementaux sont abordés à l’échelle mondiale. Des institutions scientifiques, des accords politiques et des lois nationales structurent les réponses, même si les résultats restent souvent en décalage avec l’urgence.
Des conflits d’usage… mais aussi des solutions innovantes
L’environnement est aujourd’hui un objet de tensions croissantes. Les conflits portent sur l’eau, les terres agricoles, les forêts, les ressources minières. Les inégalités environnementales sont marquées : les plus vulnérables sont les premiers touchés par les pollutions ou les catastrophes climatiques.
Mais l’environnement est aussi un champ d’expérimentation. Des solutions émergent : éco-conception (pensée des objets pour limiter leur impact sur l’environnement), recyclage, agroécologie, rénovation énergétique, mobilités douces. L’urbanisme intègre de nouveaux outils comme la trame verte et bleue (réseau d’espaces naturels pour favoriser la biodiversité en ville et à la campagne).
À toutes les échelles, des initiatives sont portées par des collectivités locales, des citoyens, des entreprises responsables ou des coopérations internationales. L’environnement devient aussi un moteur d’innovation, pour concevoir autrement les villes, l’alimentation ou l’énergie.
À retenir
Loin d’être uniquement une source de conflits, l’environnement est aussi un levier de transformation sociale, économique et technique, qui mobilise une grande diversité d’acteurs.
Conclusion
La notion d’environnement est le fruit d’une évolution historique, à la croisée de savoirs scientifiques, de sensibilités culturelles et de choix politiques. Elle traduit la manière dont les sociétés ont pris conscience de leurs impacts sur les milieux, mais aussi de leur capacité à agir.
Des premières alertes aux politiques globales, l’environnement est devenu un enjeu transversal, qui met en jeu la justice sociale, la souveraineté politique, et les modèles économiques. Comprendre cette histoire, c’est se donner les moyens de penser des réponses adaptées, capables de préserver l’avenir tout en intégrant les diversités sociales et territoriales.
