Impacts du Web sur nos pratiques

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Cette leçon t’explique comment le Web a transformé nos usages, de la communication à l’éducation. Tu verras l’évolution du Web 1.0 au Web 2.0, le rôle des algorithmes et des réseaux sociaux, les enjeux de fiabilité, de vie privée et de droit à l’oubli, ainsi que l’importance d’un usage éthique et critique du numérique. Mots-clés : Web 2.0, algorithmes, données personnelles, désinformation, éthique numérique, W3C.

Introduction

Le Web a révolutionné nos modes de communication, de création et d’accès à l’information. Conçu en 1989 par Tim Berners-Lee au CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire), il repose sur une idée simple : relier des documents entre eux grâce à des liens hypertextes et les rendre accessibles depuis n’importe quel ordinateur connecté à Internet. Derrière chaque page consultée, un navigateur (le client) envoie une requête à un serveur, qui renvoie le contenu à afficher.

Mais le Web n’a pas toujours eu la forme qu’on lui connaît. On distingue aujourd’hui deux grandes évolutions :

  • le Web 1.0, celui des années 1990, essentiellement statique. Les internautes y lisaient l’information sans pouvoir interagir.

  • le Web 2.0, apparu au début des années 2000, est participatif et interactif : chacun peut désormais publier, commenter et partager des contenus.

Cette évolution a donné naissance à des plateformes comme Wikipedia, YouTube, Instagram ou TikTok, où les utilisateurs produisent eux-mêmes les contenus. Le Web est devenu un espace social, économique et éducatif, mais aussi un terrain de réflexion sur la fiabilité, la sécurité et l’éthique.

Le Web participatif : de l’utilisateur au créateur

Avec le Web 2.0, les internautes ne sont plus de simples spectateurs : ils participent à la construction du Web. Des projets comme Wikipedia (2001) illustrent cette logique collaborative : des millions de personnes rédigent et corrigent des articles librement, à condition de respecter des règles de neutralité.

Dans le même esprit, les logiciels libres comme Linux, Firefox ou LibreOffice permettent à chacun de contribuer à leur amélioration. Ces programmes sont distribués gratuitement, leur code est ouvert et modifiable par tous.

Les réseaux sociauxInstagram, YouTube, TikTok, X (ancien Twitter) — ont amplifié ce phénomène : chacun peut créer une vidéo, une image ou un message et toucher instantanément des milliers de personnes. Ces plateformes reposent sur des algorithmes de recommandation, c’est-à-dire des programmes capables d’analyser les données des utilisateurs (abonnements, temps passé, likes) pour leur proposer des contenus similaires.

Le commerce en ligne, ou e-commerce, a lui aussi bouleversé nos pratiques. Des plateformes comme Amazon ou Vinted facilitent les échanges et permettent à chacun de vendre ou d’acheter facilement.

Enfin, dans le cadre scolaire, les ENT (Espaces Numériques de Travail) jouent un rôle important. Ce sont des plateformes sécurisées, accessibles par authentification, qui hébergent les documents pédagogiques et les échanges entre enseignants, élèves et familles. Ils représentent une utilisation encadrée et responsable du Web dans l’éducation.

À retenir

Le Web 2.0 a rendu les internautes acteurs : ils créent, partagent et interagissent via les réseaux sociaux, les encyclopédies collaboratives ou les ENT. Ces outils reposent sur des technologies ouvertes et sur le modèle client/serveur.

Que se passe-t-il quand je clique sur « Rechercher » ?

Quand tu effectues une recherche, ton navigateur envoie une requête HTTP (HyperText Transfer Protocol, « protocole de transfert hypertexte ») à un serveur. Celui-ci renvoie une page Web, codée en HTML (HyperText Markup Language, « langage de balisage hypertexte »). Le navigateur interprète ce code et affiche la page à l’écran. La présentation est gérée par un autre langage, le CSS (Cascading Style Sheets, « feuilles de style en cascade »).

Ces deux langages — HTML et CSS — sont des standards du Web, normalisés par le W3C (World Wide Web Consortium), l’organisation fondée par Tim Berners-Lee en 1994. Grâce à ces standards, une page s’affiche de la même façon sur différents navigateurs : c’est ce qu’on appelle l’interopérabilité.

Mais lorsque tu fais une recherche sur un moteur comme Google, tu interagis aussi avec un algorithme de classement. Celui-ci trie et hiérarchise les résultats selon de nombreux critères : mots-clés, popularité du site, localisation ou historique de navigation. Ce fonctionnement n’est pas toujours transparent, ce qui soulève des questions de neutralité de l’information.

À retenir

Chaque recherche active une communication entre client et serveur grâce aux protocoles et aux standards du Web. Les algorithmes jouent un rôle clé dans la sélection et la présentation des résultats.

La fiabilité de l’information : un enjeu citoyen

Le Web a multiplié les sources d’information, mais aussi les risques de désinformation. Sur les réseaux sociaux, les informations circulent plus vite qu’elles ne sont vérifiées. Les algorithmes de recommandation amplifient ce phénomène en mettant en avant les contenus qui suscitent des émotions fortes ou de nombreuses réactions, sans se soucier de leur véracité.

Les fake news (fausses nouvelles) se répandent ainsi rapidement, notamment lors d’événements mondiaux. En 2020, par exemple, des rumeurs non vérifiées sur la pandémie de Covid-19 ont circulé massivement sur les réseaux. Pour lutter contre cela, des sites de fact-checking (vérification de faits) comme AFP Factuel ou Les Décodeurs analysent et corrigent les informations erronées.

Les enseignants, à travers les ENT et les cours de SNT, aident les élèves à adopter une démarche critique : vérifier la source, recouper les données, identifier les biais possibles.

À retenir

L’accès libre à la publication a renforcé la désinformation. Il faut apprendre à évaluer les sources et à comprendre comment les algorithmes influencent la visibilité des contenus.

Le droit à l’oubli et la protection des données personnelles

Chaque publication sur le Web laisse une trace numérique. Photos, commentaires, géolocalisations ou historiques de recherche peuvent rester accessibles pendant des années. Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), adopté en 2018, accorde à chaque citoyen européen un droit à l’oubli : il peut demander la suppression d’informations personnelles sur Internet.

Ce droit a été reconnu par la Cour de justice de l’Union européenne en 2014. Par exemple, un particulier peut demander à un moteur de recherche de supprimer un lien menant à un article ancien susceptible de lui nuire.

Mais la question ne se limite pas aux publications : les plateformes collectent aussi nos données de navigation, nos localisations GPS et nos habitudes de consommation. Ces données sont exploitées commercialement, notamment pour la publicité ciblée. Cela montre que la personnalisation de nos contenus repose sur le profilage, c’est-à-dire l’analyse automatique de nos comportements.

À retenir

Le droit à l’oubli permet de contrôler sa trace numérique. Mais la collecte continue de données personnelles par les plateformes reste un enjeu majeur pour la vie privée.

Bulles informationnelles et personnalisation du Web

Lorsque tu navigues sur le Web, les algorithmes de recommandation étudient ton comportement : les pages que tu visites, le temps que tu passes sur une vidéo, les liens sur lesquels tu cliques. Ces données permettent de personnaliser ton expérience : tu vois des contenus qui te plaisent, mais tu vois aussi moins de diversité.

Ce phénomène, appelé bulle informationnelle, enferme progressivement l’utilisateur dans un univers de contenus similaires à ceux qu’il consulte déjà. Par exemple, un internaute qui regarde souvent des vidéos de sport verra surtout des suggestions liées au sport, au détriment d’autres thèmes. Ce mécanisme, étroitement lié au profilage publicitaire, réduit la pluralité des opinions et peut influencer nos choix.

Pour en sortir, il faut varier les sources d’information, consulter différents médias et interroger les recommandations automatiques plutôt que de les suivre sans réflexion.

À retenir

Les bulles informationnelles résultent du profilage et des algorithmes de recommandation. Elles limitent la diversité des points de vue et favorisent le repli sur soi.

Vers un usage éthique, éducatif et ouvert du Web

Le Web reste un outil exceptionnel de communication, d’éducation et de créativité, à condition d’en avoir une utilisation responsable. Dans les établissements scolaires, les ENT offrent un cadre sécurisé pour apprendre à collaborer, publier et partager en respectant la vie privée et les règles du droit numérique.

Le W3C (World Wide Web Consortium), créé par Tim Berners-Lee, veille à ce que le Web repose sur des standards ouverts et une interopérabilité entre les systèmes. Cela signifie que le Web doit rester accessible à tous, sans dépendre d’un logiciel ou d’une entreprise.

Utiliser le Web de manière éthique, c’est adopter de bons réflexes : protéger ses données, respecter le droit d’auteur, citer ses sources, et réfléchir avant de publier. C’est aussi comprendre que chaque action en ligne, même minime, contribue à façonner la société numérique de demain.

À retenir

Le Web repose sur des standards ouverts (HTML, CSS) garantis par le W3C. L’éducation numérique, notamment via les ENT, permet d’apprendre à utiliser le Web de manière sûre, éthique et collaborative.

Conclusion

Le Web a profondément transformé nos pratiques quotidiennes : il a rendu la communication instantanée, la création accessible et la connaissance partagée. Mais cette liberté s’accompagne de responsabilités : apprendre à reconnaître les sources fiables, à comprendre le fonctionnement des algorithmes, à protéger ses données personnelles et à éviter les bulles informationnelles.

Maîtriser le Web, c’est à la fois comprendre sa dimension technique (client/serveur, HTML, CSS, algorithmes) et adopter une attitude critique et éthique. C’est ainsi qu’on devient un citoyen du numérique, capable d’utiliser le Web avec discernement et de contribuer à un Internet plus libre, plus juste et plus ouvert.