Sécurité et confidentialité sur le Web

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Cette leçon t’explique comment protéger ta vie privée et ta sécurité sur Internet. Tu apprendras à reconnaître les cookies, à comprendre les risques liés aux données personnelles, aux virus ou à l’hameçonnage, et à adopter les bons réflexes : navigation privée, mots de passe sécurisés, vigilance face aux sites et messages suspects. Mots-clés : sécurité, confidentialité, cookies, RGPD, phishing, HTTPS.

Introduction

Quand tu navigues sur Internet, tu laisses derrière toi ce qu’on appelle une trace numérique. C’est l’ensemble des informations que ton passage sur le Web rend visibles : les sites que tu consultes, les recherches que tu effectues, ta localisation approximative, ou même le type d’appareil que tu utilises. Ces traces sont souvent enregistrées sous forme de cookies, de petits fichiers que les sites déposent sur ton ordinateur pour mémoriser tes préférences (langue, panier d’achat, identifiant de connexion).

Si certains cookies sont utiles pour faciliter ta navigation, d’autres servent à suivre ton activité sur plusieurs sites à la fois. Cela permet de créer un profil numérique, c’est-à-dire une représentation de tes goûts, de tes habitudes et de tes comportements en ligne. Ces profils sont ensuite utilisés par les entreprises pour afficher des publicités ciblées.

Comprendre comment ces traces sont collectées et exploitées est essentiel pour apprendre à protéger ta vie privée et à exercer ton esprit critique dans un monde numérique où chaque clic laisse une empreinte.

Les données personnelles : entre utilité et surveillance

Les données personnelles regroupent toutes les informations permettant de t’identifier : ton nom, ton âge, ton adresse, ton numéro de téléphone, ton adresse IP (le numéro qui identifie ton appareil sur le réseau), ou encore ta localisation. Même des données apparemment anodines, comme les « likes » sur un réseau social, peuvent révéler beaucoup de choses sur toi.

Les grandes plateformes du numérique — moteurs de recherche, réseaux sociaux, applications mobiles — recueillent ces données pour améliorer leurs services, mais aussi pour établir ton profil numérique. Ce processus s’appelle le profilage : il consiste à analyser ton comportement (sites visités, durée de consultation, géolocalisation, centres d’intérêt) pour anticiper tes préférences. Par exemple, après avoir cherché des restaurants à Paris, tu verras peut-être des publicités pour des hôtels ou des guides touristiques dans cette ville.

Ce suivi est souvent renforcé par la géolocalisation, qui permet de savoir où tu te trouves grâce à ton smartphone ou à ton adresse IP. Les applications de navigation, de livraison ou de météo utilisent ces données pour te rendre service, mais elles peuvent aussi les partager avec des entreprises tierces pour des campagnes commerciales.

Pour encadrer cette collecte, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), créée en 1978, et le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), en vigueur depuis 2018, obligent les sites à demander ton consentement avant de collecter ou de partager tes données. Ces institutions défendent ton droit à la vie privée et t’offrent la possibilité de refuser la publicité ciblée.

À retenir

Tes données personnelles (adresse IP, géolocalisation, cookies) permettent de dresser un profil numérique utilisé à des fins publicitaires. La CNIL et le RGPD garantissent ton droit à la protection de la vie privée.

Les programmes malveillants : une menace invisible

Certains dangers sur Internet ne viennent pas de la publicité, mais de programmes créés pour nuire : les malwares (malicious software, « logiciels malveillants »). Ces programmes s’installent à ton insu sur ton appareil, souvent après un téléchargement ou un clic sur un lien piégé.

Les virus peuvent endommager tes fichiers ou ralentir ton ordinateur. Les spywares (logiciels espions) observent ton comportement en ligne pour récupérer des informations. Les ransomwares (logiciels rançonneurs) bloquent tes données et demandent une rançon pour les débloquer. Ces attaques exploitent la curiosité ou l’inattention des utilisateurs.

Un cas célèbre illustre leur gravité : en 2017, le logiciel rançonneur WannaCry a infecté des centaines de milliers d’ordinateurs dans le monde, y compris ceux d’hôpitaux britanniques. Les données des patients ont été chiffrées — c’est-à-dire codées de manière à devenir illisibles — tant que la rançon n’était pas payée.

Pour éviter ces menaces, il est essentiel de maintenir à jour ses logiciels, d’utiliser un antivirus et de ne jamais ouvrir de pièce jointe suspecte.

À retenir

Les malwares (virus, espions, rançonneurs) peuvent détruire, voler ou bloquer des données. La mise à jour des logiciels et la prudence sont les meilleures protections.

L’hameçonnage : la manipulation numérique

L’hameçonnage, ou phishing, repose sur la tromperie. Le pirate envoie un message qui ressemble à un courriel officiel (banque, administration, réseau social) et incite la victime à cliquer sur un lien. Ce lien conduit vers un faux site qui imite parfaitement le vrai, où l’utilisateur saisit ses identifiants ou ses coordonnées bancaires.

Ce type d’arnaque est fréquent sur les réseaux sociaux, où de faux concours ou de fausses alertes de sécurité circulent. Par exemple, un message peut t’annoncer que ton compte va être bloqué si tu ne confirmes pas rapidement ton mot de passe. En réalité, c’est une tentative de vol de données.

Pour se protéger, il faut observer l’adresse du site : un nom de domaine inhabituel ou une légère faute d’orthographe (www.amaz0n.com au lieu de www.amazon.fr) sont des indices évidents. Il faut aussi éviter de cliquer sur des liens provenant d’expéditeurs inconnus.

À retenir

L’hameçonnage vise à te tromper pour te voler des données. Vérifie toujours l’adresse du site et ne clique pas sur un lien suspect.

Paramétrer son navigateur : la première barrière de sécurité

Ton navigateur est la porte d’entrée du Web. Bien paramétré, il te permet de limiter la collecte d’informations et d’améliorer ta confidentialité.

Tu peux effacer régulièrement ton historique pour supprimer les traces de tes recherches et de tes connexions. Il est aussi conseillé de bloquer les cookies tiers, ceux utilisés par les publicitaires pour te suivre d’un site à l’autre. La navigation privée, disponible sur tous les navigateurs, empêche la conservation de l’historique et des cookies à la fermeture.

Certaines extensions de protection, comme Privacy Badger ou uBlock Origin, bloquent les traqueurs invisibles. Tu peux aussi refuser le suivi publicitaire lorsqu’un site te le propose : c’est ton droit, garanti par le RGPD.

Enfin, avant de saisir une information personnelle, vérifie que la page est sécurisée. Une adresse commençant par https:// (le « s » de secure signifie « sécurisé ») et un petit cadenas indiquent que les échanges sont chiffrés. Le chiffrement, c’est une technique qui transforme les données en un code illisible pour qu’elles ne puissent pas être interceptées. Cette protection repose sur le protocole TLS (Transport Layer Security, « sécurité de la couche de transport »).

À retenir

Effacer son historique, bloquer les cookies tiers, utiliser la navigation privée et vérifier le HTTPS sont des gestes simples pour se protéger.

De l’apparition du HTTPS à la société connectée

Le protocole HTTP (HyperText Transfer Protocol, « protocole de transfert hypertexte »), créé au début des années 1990, a permis la création du Web. Mais il n’offrait aucune sécurité : les données circulaient en clair. En 1994, le HTTPS (HyperText Transfer Protocol Secure) a été introduit pour chiffrer les échanges grâce au protocole TLS. Cette innovation a rendu les transactions bancaires et les échanges confidentiels plus sûrs.

La CNIL, fondée en 1978, a été la première autorité au monde à encadrer l’usage des données personnelles. Depuis, les fuites de données massives se sont multipliées : en 2019, une base contenant les informations de plus de 500 millions d’utilisateurs Facebook a été publiée en ligne. Ces incidents montrent que même les grandes plateformes doivent renforcer leur sécurité.

Aujourd’hui, la sécurité numérique est devenue un enjeu de société. Les algorithmes de recommandation utilisés par les réseaux sociaux ou les plateformes vidéo créent des bulles de filtres, c’est-à-dire des environnements où l’utilisateur ne voit plus que des contenus correspondant à ses préférences. Cette personnalisation peut renforcer les biais d’opinion et limiter la diversité des points de vue, posant des questions éthiques majeures sur l’accès à l’information.

À retenir

Depuis les années 1990, le HTTPS protège les échanges sur le Web. Mais les fuites de données et les bulles de filtres rappellent que la sécurité et la neutralité du Web restent des défis majeurs.

Agir de façon responsable : une éthique du numérique

La sécurité et la confidentialité ne dépendent pas seulement de la technologie, mais aussi de nos comportements. Être un internaute responsable, c’est comprendre comment fonctionnent les outils que nous utilisons et réfléchir aux conséquences de nos actes en ligne.

Partager des photos, commenter un post ou activer la géolocalisation, c’est aussi exposer une part de soi. La prudence, le respect des autres et la vérification des sources sont des réflexes essentiels.

Le W3C (World Wide Web Consortium, « consortium mondial du Web »), fondé par Tim Berners-Lee, veille à la normalisation des langages du Web (HTML, CSS, HTTP, HTTPS) et à la création d’un Internet ouvert, sûr et équitable. Il encourage un usage du numérique fondé sur la transparence, la sécurité et la responsabilité individuelle.

À retenir

La sécurité numérique repose autant sur la technologie que sur le comportement humain. Être un citoyen du Web, c’est protéger ses données, respecter celles des autres et exercer son esprit critique.

Conclusion

La sécurité et la confidentialité sur le Web concernent chaque internaute. Tes traces numériques, qu’il s’agisse de cookies, de recherches, ou de géolocalisation, permettent de te connaître et parfois de te cibler.

En comprenant ces mécanismes, en paramétrant ton navigateur, en vérifiant la présence du HTTPS, et en restant vigilant face aux arnaques, tu deviens acteur de ta sécurité. Naviguer en toute conscience, c’est participer à un Web plus sûr, plus éthique et plus respectueux des libertés de chacun.