Des ressources et des environnements sous pression

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Explore comment la croissance fulgurante de la Chine a transformé son environnement et ses ressources. Tu découvriras les défis liés à la surexploitation de l’eau, des sols et du charbon, les conséquences de la pollution, les impacts de l’industrialisation et les politiques de transition énergétique et écologique mises en place. Mots-clés : Chine environnement, pollution Chine, transition énergétique Chine, ressources naturelles, croissance économique Chine, développement durable.

Introduction

Depuis quatre décennies, la Chine connaît une croissance économique fulgurante qui a transformé son territoire et sorti des centaines de millions d’habitants de la pauvreté. Mais cette expansion rapide a exercé une pression intense sur l’environnement et les ressources naturelles. Les fleuves, les sols, l’air et les écosystèmes ont été soumis à une exploitation massive pour alimenter l’urbanisation, l’industrialisation et l’essor énergétique. Aujourd’hui, la Chine est confrontée à un double défi : maintenir sa puissance économique tout en assurant la transition vers un modèle plus durable, capable de préserver ses ressources et la santé de sa population.

La surexploitation des ressources naturelles

L’accès et la gestion de l’eau sont l’un des défis majeurs. Le pays dispose en moyenne de moins de 2 100 m³ d’eau par habitant et par an (donnée FAO 2020), soit bien en dessous de la moyenne mondiale, estimée entre 5 000 et 6 000 m³/habitant/an. Les ressources sont en outre très inégalement réparties : le nord de la Chine concentre 40 % de la population mais seulement 15 % des ressources en eau, ce qui accentue la pression sur les fleuves comme le Huang He (fleuve Jaune). L’agriculture irriguée, l’industrie et la consommation domestique s’y concurrencent fortement.

Les sols sont également fragilisés par l’usage intensif d’engrais et de pesticides, la surexploitation agricole et l’urbanisation rapide, qui grignote les terres arables. L’extension des zones industrielles et des infrastructures réduit encore la surface cultivable, dans un pays qui doit nourrir 1,4 milliard d’habitants.

Sur le plan énergétique, la Chine reste fortement dépendante du charbon, qui représentait environ 56 % de sa consommation d’énergie primaire en 2022. L’extraction minière massive a des conséquences environnementales lourdes : destruction de paysages, pollutions locales, émissions de gaz à effet de serre.

À retenir

Les ressources en eau et en terres sont limitées et inégalement réparties, tandis que la dépendance au charbon accentue la pression environnementale.

Les problèmes environnementaux

La pollution de l’air est l’une des plus visibles : les grandes villes comme Pékin ou Tianjin connaissent régulièrement des niveaux de particules fines supérieurs aux recommandations de l’OMS. Lors de pics hivernaux, la concentration moyenne de PM2,5 à Pékin peut dépasser 150 µg/m³, soit plus de six fois la valeur guide annuelle fixée par l’OMS (15 µg/m³). Cette pollution provient principalement de la combustion du charbon, des émissions industrielles et du trafic routier.

La pollution de l’eau touche de nombreux fleuves et nappes phréatiques, souvent contaminés par des rejets industriels ou agricoles. Certaines régions sont confrontées à une eau impropre à la consommation humaine sans traitement coûteux.

La déforestation historique a réduit les espaces forestiers, mais depuis les années 1990, la Chine connaît une extension nette de sa couverture forestière, passée d’environ 16 % en 1990 à près de 23 % en 2020 selon la FAO. Cette progression résulte de vastes campagnes de reboisement, mais la qualité de ces forêts est parfois critiquée, car elles sont souvent constituées de plantations monospécifiques moins favorables à la biodiversité.

Dans le nord et l’ouest, la désertification progresse, alimentée par la surexploitation agricole et le changement climatique. Des tempêtes de sable venant du désert de Gobi atteignent régulièrement les grandes villes du nord.

À retenir

Pollution atmosphérique et hydrique, dégradation des sols et désertification sont des conséquences directes de l’industrialisation et de l’urbanisation rapides.

Les impacts de la croissance industrielle

L’industrialisation a généré une production massive de biens exportés dans le monde entier, mais au prix d’une consommation énergétique très élevée par unité produite et d’un impact environnemental considérable. Les zones industrielles du littoral concentrent les activités les plus polluantes, tandis que certaines régions intérieures accueillent des industries lourdes, souvent moins réglementées.

La demande mondiale en produits « made in China » a accentué la pression sur les chaînes d’approvisionnement en matières premières, entraînant parfois des tensions avec d’autres pays pour l’accès à certaines ressources stratégiques (minerais, terres rares). Cette intensité productive a aussi contribué à l’augmentation rapide des émissions de CO₂, faisant de la Chine le premier émetteur mondial en volume total dès 2006-2007. Si ses émissions par habitant restent inférieures à celles de certains pays développés, elles dépassent désormais la moyenne mondiale depuis le milieu des années 2010.

À retenir

La puissance industrielle chinoise repose sur un modèle à forte consommation d’énergie et fortement émetteur, dont les impacts dépassent ses frontières.

Les politiques et initiatives pour la transition énergétique et la protection environnementale

Consciente de ces enjeux, la Chine s’est engagée dans une transition énergétique. Elle est aujourd’hui le premier investisseur mondial dans les énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, et développe également l’hydroélectricité et le nucléaire. L’hydroélectricité, bien que renouvelable, entraîne aussi des impacts environnementaux : déplacements de populations, perturbation des écosystèmes aquatiques, modification des flux sédimentaires.

Des objectifs ont été fixés en 2020 pour atteindre un pic d’émissions de CO₂ avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060.

Pour limiter la désertification, la Chine a lancé le programme de protection forestière des Trois-Nord (Three-North Shelter Forest Program), surnommé le Grand Mur vert chinois, un projet de reboisement d’environ 4 500 km dans le nord, le nord-est et le nord-ouest du pays, destiné à freiner l’avancée des déserts. Parallèlement, des lois plus strictes encadrent les rejets industriels et favorisent l’économie circulaire. La Chine investit aussi dans les transports publics électriques et dans les véhicules à énergie propre, avec des villes comme Shenzhen où l’intégralité de la flotte de bus est électrique.

Cependant, la mise en œuvre reste inégale selon les régions, et les impératifs de croissance économique freinent parfois l’application stricte des normes environnementales.

À retenir

La Chine investit massivement dans les énergies renouvelables et des programmes de protection environnementale, mais la transition est freinée par les besoins économiques et les disparités régionales.

Conclusion

La Chine illustre les tensions entre croissance économique rapide et préservation de l’environnement. La surexploitation des ressources, la pollution et la dégradation des écosystèmes montrent les limites d’un modèle intensif centré sur l’industrialisation et le charbon. Les politiques engagées pour la transition énergétique et la restauration des milieux naturels marquent un tournant, mais leur succès dépendra de la capacité à concilier impératifs économiques, justice sociale et protection de l’environnement dans les décennies à venir.